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Marches contre le 5e mandat : les defis à relever

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Les marches pacifiques de millions d’algériens, du 22 février au 1er mars, contre le 5e mandat de Bouteflika , ont suscité , en plus de la surprise, l’intrigue et l’interrogation de l’opinion étrangère . pour la plupart, le spectre de la rupture est plus qu’évident.

Dans son analyse publié ce 1er mars, sur le site « The conversation », le professeur d’économie, et vice président de l’université , paris-Dauphine, El Mouhoub Mouhoud est longuement revenu sur la situation économique en Algérie, soulignant que «La diversification indispensable du système productif a du mal à s’enclencher. La situation s’est aggravée par rapport au début des années 2000. La valeur ajoutée manufacturière par habitant est non seulement la plus faible de la région mais a même chuté depuis les années 1990. Le secteur industriel manufacturier est ainsi passé de 15 % du PIB dans les années 1980 à 10 % en 1996 pour chuter à 5 % en 2015. Ce recul de l’industrie manufacturière se fait au profit des secteurs des mines et carrières, des phosphates et fers, et du BTP et plus généralement des services. La production agricole reste marginale en dépit des subventions étatiques dont le secteur a largement bénéficié ».

les conséquences  de l’économie rentière

Dans ce volet, le professeur, met en exergue, les mefaits d’une économie rentière en expliquant qu’ « En Algérie, la valse des premiers ministres depuis l’été 2016 et le retour à ce poste de M. Ouyahia, ont marqué un choix de procrastination devant les réformes. Les autorités ont mis en place une stratégie nouvelle pour faire face à l’érosion des réserves de changes et à l’épuisement du Fonds de Régulation des Recettes des hydrocarbures depuis 2016 ».

Et d’ajouter « Plusieurs facteurs ont favorisé le choix des financements non conventionnels (la fameuse planche à billets), autorisant le Trésor à se financer auprès de la Banque centrale en relâchant fortement les contraintes : citons la difficulté à renouveler l’opération d’accaparement des bénéfices consolidés de la Banque centrale (1 660 milliards de DA au 1er janvier 2016), les problèmes de mise en œuvre de l’emprunt national obligataire de 2016 et de la mobilisation des fonds en espèces thésaurisés par les entreprises et les ménages ainsi que la volonté de l’Etat de ne pas recourir à l’emprunt extérieur ».

Cependant, le professeur, émet deux alternatives qui se sont présentées en 2017 « Dès 2017, deux scénarios d’évolution pouvaient se dessiner, ouvrant de nouveaux risques mais aussi des opportunités à saisir. Le premier scénario, optimiste, s’appuyait sur une comparaison des conditions macroéconomiques actuelles de l’Algérie par rapport à celles de la première rupture de 1988. Le second scénario, plus pessimiste, mettait en exergue les effets pervers qui pouvaient être anticipés et évités ».

La nécessité d’une réforme profonde de l’État

D’autre part, le Pr mouhoud, entrevoit le dénouement de la situation en plusieurs proposition conditionnées par l’application inévitable de reformes profonde de l’ Etat. et l’engagement d’une lutte sans merci contre la corruption

Il explique que « Personne ne peut réellement prédire ce que ces mouvements de la société civile vont advenir. Il est clair qu’ils s’inscrivent dans un mouvement long de volonté de changement qui ne date pas d’aujourd’hui et qui s’insèrent pleinement dans un contexte régional de revendications démocratiques par les sociétés civiles des pays arabes. Rappelons les leçons du paradoxe de Tocqueville (1856) : c’est bien lorsque les États progressent et se réforment que la perception des inégalités accompagnée du sentiment de mépris et de domination par les pouvoirs autocratiques deviennent insupportables pour les élites impatientes et pour les populations ».

Les défis à relever

Par ailleurs, le professeur  revient sur la nécessite, de relever les défis qui s’imposent « Le premier défi, celui de la diversification de l’économie et de l’employabilité des diplômés, un investissement dans une véritable stratégie en direction des diasporas algériennes en Europe, en Amérique du Nord devrait permettre de mieux bénéficier de la fuite des cerveaux anormalement élevée en Algérie ».

En outre , le Pr Mouhoud, évoque l’épineux problème de la distribution équitable des richesses, notamment de la rente pétrolière «  Des propositions existent pour développer des modalités de transfert des recettes pétrolières à la population, après la correction nécessaire des déséquilibres actuels par exemple : la création d’un véritable fonds de stabilisation, et d’un fonds d’accumulation pour améliorer l’équité intergénérationnelle ; la réorientation d’une partie des recettes vers des entreprises productives grâce au secteur financier intérieur, ou sous la forme de taux réduits de l’impôt, afin d’améliorer la création d’emploi dans le secteur privé formel déficient dans la plupart des pays de la région… »

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