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Pr Preure : «Ce sont des algériens formés par Sonatrach qui produisent le gaz du Qatar qui concurrence l’Algérie»

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Ce sont des algériens formés par la Sonatrach qui font fonctionner les installations pétrolières et gazières du Qatar qui concurrence le gaz algérien, a révélé, ce mercredi 20 février 2019, le professeur Mourad Preure, expert en énergie.

Commentant la stratégie SH 2030 de Sontrach, Pr Preure a estimé que «la ressource humaine est la clé» pour réussir cette stratégie. «Le Qatar est en train de nous pousser hors du marché gazier européen. Il est en train d’augmenter ses capacités de liquéfactions de 70 millions de tonnes/an à 100 millions de tonnes. Ce sont des algériens formés par Sonatrach qui opèrent les installations Qataris», a-t-il révélé lors de son passage ce matin dans l’émission l’«Invité de la Rédaction» de la Chaîne 3.

«La puissance d’une compagnie pétrolière est d’abord dans sa maîtrise de la technologie et de la ressource humaine», a-t-il indiqué, en ajoutant que «j’ai visité l’université écossaise d’Aberdeen sur la mer du nord et j’ai vu comment le développement pétrolier de la mer du nord a entraîné les universités qui étaient autour et qui sont devenues des références mondiales dans l’exploration, de la production offshore et la géologie pétrolière…etc.», a-t-il expliqué.

Rappelons à ce propos que, selon les chiffre communiqués par le PDG de Sonatrach Abdelmoumen Ould Kaddour, quelques 16 000 travailleurs de cette entrepris l’ont déserté ces dernières années, et vont travailler dans d’autres compagnies étrangères qui offrent plus d’avantages. Pour pallier à cette saignée, Ould Kaddour a évoqué la révision des salaires des employés de Sonatrach pour valoriser cette ressource.

Le développement pétrolier et gazier de l’Algérie ne s’est pas accompagné d’un développement de l’université, de la science et de la technologie, ce qui est «une aberration», a déclaré Pr Preure. «Les universités d’Ouargla ou d’Adrar, alors qu’il y a des experts à Hassi Messaoud, qui peuvent y enseigner et faire de la recherche, elles sont complètement absentes», a-t-il souligné.

«Nous avons une expertise mais on en profite pas»

Sur l’objectif d’hisser Sonatrach dans le Top 5 des compagnies pétrolières mondiales que s’est assigné le PDG de cette entreprise dans le cadre de la SH 2030, Pr Preure n’est pas de cette avis. Selon lui, l’objectif qui est atteignable et réaliste, c’est le Top 5 des compagnies nationales mondiales ou le Top 5 parmi les pays producteurs de pétrole. «Maintenant, à quelle échéance, il faut en discuter», a-t-il ajouté. «Il faut toujours dans l’industrie pétrolière, des objectifs visionnaires ou dramatiques. Il faut fixer un objectif comme ça, et travailler pour l’atteindre. Sonatrach doit devenir une référence mondiale», a-t-il expliqué.

Selon lui «personne ne connaît au monde la liquéfaction du gaz naturel mieux que les algériens. Tous les procédés sont opérés en Algérie», en rappelant que la première usine de liquéfaction de gaz naturel au monde a réalisée à Arzew (Oran). «Nous avons une expertise mais on en profite pas», a-t-il regretté.

«Pour revenir à la stratégie de Sonatrach, ce que j’ai toujours dit, c’est que la puissance pétrolière des pays producteurs, aujourd’hui, elle ne réside plus dans le niveau de leurs réserves et de leurs productions, mais, elle réside dans la compétitivité et de la puissance de leurs compagnies pétrolières nationales. La puissance pétrolière de l’Algérie n’est pas dans ses réserves, elle est dans Sonatrach. Tous les pays producteurs sont en train de renforcer leurs compagnies nationales», a analysé l’intervenant.

Selon lui, «nos réserves de gaz sont de 2.7 trillions de M3, et si on les multiplie par 2 ou 3, on aura que 5 ou 6 trillions de M3. Le Qatar en a 77 trillions M3 et les réserves mondiales sont de 200 trillions de M3».

«Notre gisement de croissance sur le plan pétrolier et gazier est dans la compétitivité de notre compagnie nationale qui doit détenir des réserves à l’étranger et des parts de marchés à l’international ainsi qu’un volume opérationnel à ce niveau-là. Et pour cela, elle doit s’articuler avec l’industrie et l’université», a-t-il estimé.

Un baril à 65 Dollars en 2019

Par ailleurs, l’expert en énergie prévoit des prix du baril de pétrole qui vont «fluctuer autour d’un pivot de 65 dollars le baril en 2019 et très probablement ils peuvent atteindre une moyenne de 70 dollars le baril».

Abordant le domaine minier, Pr Preure a indiqué que ce secteur est sous-exploité avec un taux de 40% seulement, en estimant qu’il recèle de grandes capacités.

A propos des réserves de pétrole que certains donnent en voie d’épuisement. Il a précisé, à titre d’exemple, jusque-là, que 15% des réserves de Hassi Messaoud ont été soutirées avec un taux de récupération de 20 à 26%. «Rien qu’en augmentant ces taux de récupération de 3 à 4% nous obtiendront des décennies de pétrole», explique-t-il.

En outre, Pr Preure a met en garde sur le risque de nous retrouver «à court terme» en «situation de précarité énergétique». Car a-t-il expliqué «notre modèle de consommation n’est pas soutenable».

Dans ce cadre, l’orateur a estimé que, la croissance de la demande nationale gazière qui progresse de 8% par an et la multiplication de la consommation des produits pétroliers par 3 depuis 2013.

Sur le plan du renouvelable, l’intervenant a rappelé que, «le pays dispose d’un ensoleillement de 3 650 heures sur 86% du territoire national et d’importantes ressources en silice pour la production des panneaux photovoltaïques et en lithium pour la fabrication des batteries», avant d’appeler à la «construction de partenariats stratégiques avec des leaders technologiques».

Tout en indiquant qu’il n’est pas pour l’augmentation du prix de la consommation de l’énergie en local. Il a estimé que le prix du kilo water chez-nous décourage l’investisseur dans le solaire.

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