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Dans l’attente d’une hypothétique remontée des prix du pétrole, plus de 1600 milliards de dinars seront imprimés :  Le pari risqué de la planche à billets

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La planche à billets va tourner à fond les tous prochains mois pour colmater les brèches d’un budget qui s’est à nouveau creusé sous l’effet d’un nouveau choc pétrolier et d’un État qui continue à dépenser sans compter pour préserver la paix sociale à quelques mois d’un rendez vous électoral très périlleux.

Aux 4000 milliards de dinars déjà mis en circulation en septembre dernier, il faudra ajouter cette année environ 1200 milliards pour faire face à la demande sociale qui explose sous l’effet d’une démographie galopante et de la nécessité de maintenir sous perfusion des entreprises et des institutions publiques budgétivores (CNAS, CNR, EPE, Fond National d’Investissement notamment).

L’institut d’émission monétaire de la Banque d’Algérie livrera au trésor public pas moins de 1600 milliards de dinars au total. Une somme colossale  qui représentera pas moins de 30% du PIB de l’année 2017 lorsqu’elle sera entièrement consommée à la fin de l’année en cours comme prévu!!

De quoi déstabiliser les fragiles équilibres macroéconomiques qui ont pu se maintenir en grande partie grâce à la manne pétrolière et à la rigueur de la politique monétaire menée par la Banque d’Algérie avant qu’un décret  amendant la loi relative à la monnaie et au crédit n’autorise le recours au financement non conventionnel.

C’est un véritable « tonneau des Danaïde » qu’il faudra, sans aucune chance d’y parvenir, remplir tant les besoins de financements sont nombreux, couteux et en constante évolution. La Caisse Nationale des Retraites à elle seule aura besoin de quelques 600 milliards de dinars en sus des 500 milliards qui lui furent déjà attribués dans le courant de l’année 2018.

Le Trésor public qui avait déjà reçu 1500  milliards de dinars en 2018 aura, lui aussi, besoin d’une rallonge d’au minimum 3500 milliards pour éponger les dettes abyssales de certaines grandes sociétés nationales (Sonatrach et Sonélgaz notamment), éponger une part non négligeable de la dette intérieure et renflouer d’au minimum 730 milliards de dinars les capitaux du Fond National d’Investissement auquel l’Etat souhaite accorder les moyens de sa mission de fer de lance des investissements structurants.

Le gouvernement algérien a basé sa décision de recourir à la planche à billet sur le pari extrêmement risqué d’une très probable remontée des prix du pétrole dés l’entame de l’année 2019. Un pari malheureusement perdu d’avance puisque les cours des hydrocarbures ont au contraire baissé de 20% durant ces 6 derniers mois et tout porte à croire que leur remontée est improbable dans les prochains mois.

En jouant le sort de l’Algérie à la « roulette russe », le gouvernement a ouvert la voie à un regain d’inflation et à la dérive du dinar. L’inflation est fortement ressentie par les algériens qui se rendent sur les marchés où les prix ont littéralement flambé, tandis que les dévaluations successives du dinar hantent, aussi bien, les importateurs, que les voyageurs en quête de devises.

Le gouvernement a également compté un peu trop naïvement sur une hausse des exportations hors d’hydrocarbures qui n’a malheureusement pas eu lieu tant les obstacles bureaucratiques sont nombreux et le système bancaire algérien inadapté à ce genre d’activité. Seuls 1,5 milliards de dollars ont, de ce fait, été encaissés en 2017 au titre des exportations de produits agricoles, minerais et quelques produits de la pétrochimie. Rien de bien consistant pour freiner l’érosion de nos réserves de change et conforter la valeur internationale du dinar.

Sous réserve d’un retournement spectaculaire de la conjoncture pétrolière que rien ne présage, tout porte à croire que les effets induits par le financement non conventionnel et la poursuite des dépenses improductives (transferts sociaux, subventions, train de vie de l’Etat etc.) vont se poursuivre, voire même, s’exacerber durant les toutes prochaines années. Les réserves de change qui fondent, les recettes d’hydrocarbures en constant déclin et la modicité des exportations hors hydrocarbures confortent malheureusement les prévisions pessimistes émises par de nombreux experts.

N’ayant pas les moyens d’agir, les algériens fondent leurs espoirs sur la qualité du prochain gouvernement issu du prochain scrutin présidentiel. Au regard des réserves de change qui ne représenteront qu’une année d’importation, du dinar qui aura perdu une part importante de sa valeur, de l’inflation qui repart dangereusement à la hausse et une population qui augmente de 1,5 millions d’habitants chaque année,  le prochain gouvernement n’aura d’autre choix que d’agir.

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