AccueilLa uneLa "Harga" , effet de société, ou conséquence économique?

La « Harga » , effet de société, ou conséquence économique?

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Dans un nuage dense d’incertitude, de recul d’atouts économiques, et sous les effets d’une année écoulée qui aura rempli toutes ses promesses de stress, l’année 2019 s’ouvre, et avec elle s’ouvre de nouvelles plaies. Elles sont formelles, elles se matérialisent, par le recul des principaux indicateurs macro économiques, et annoncent une année extrêmement difficile pour les algériens. L’explosion démographique, le recul des prix du pétrole, l’effondrement du pouvoir d’achat, la fuite des capitaux, la corruption, la bureaucratie, et la « hagra », ont fini par avoir raison des plus tenaces volontés de redresser le pays.

Dans ce combat douloureux, entre la survie et l’exode, le citoyen lambda, le « zawali », s’approprie la situation à sa juste mesure, et devant l’immoralité de l’acte, des incessants appels à la sagesse, à la patience, il demeure sourd.

« J’ai décidé de partir de ce bled, même si la Harga comporte de gros risque, je n’ai plus les moyens de réfléchir à une autre solution. Je suis père de famille, diplômé, sans emploi et sans logement, cela fait trop longtemps que ça dure »nous confie, Brahim blotti derrière sa table de cigarettes.

pour sa part, Said fraichement arrivé en France, à Paris en plein mouvement de contestation des gilets jaunes, nous explique par téléphone, que malgré une situation stable en Algérie, il a préféré embarquer femme et enfants, pour s’installer à Paris « après avoir réuni une somme d’argent pour affronter les premiers mois, je n’ai pas hésité à partir avec toute la famille. En Algérie, j’étais fonctionnaire, j’avais un salaire correcte, mais en dehors du travail il n’y’a aucune vie, en Algérie, sauf pour les fortunés, Ici je suis livreur de Pizza, je travaille dur, mais on a ou sortir, ou s’amuser, on vit ».

Pour d’autres, l’aventure a été fatale, les corps rejetés par la mer sur les rivages font l’émoi de la population, et le malheur des familles pratiquement chaque semaine, à  l’image des 20 haragas de Mostaganem qui font l’ouverture de tous les JT des chaines de télévision récemment.

Le plus grave, est que plus ce fléau s’amplifie, plus il attire de nouveaux candidats. Les raisons sont connues de tous. La mal vie, le chômage, la détérioration continue du niveau de vie, absence de perspectives d’avenir pour les jeunes, et surtout une rupture de confiance entre le citoyen et l’Etat, et une relance économique  timide et floue.

Et pour cause, devant le discours officiel, qui a tenté, tant bien que mal, de rassurer durant toute l’année qui vient de s’écouler, brandissant l’atout du maintien de la politique sociale, de la reconduite des subventions, et l’ouverture de grandes niches de création de richesses et d’emploi, tel que l’exploitation de l’acier, du phosphate, les ponts de l’exportation en cour de lancement, et  l’industrie automobile qui offre des centaines de milliers d’emplois,  les embarcations de la mort continuent, inlassablement, leurs traversées du désespoir.

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