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Revitalisation de la Casbah D’Alger : Plus de 400 personnalités algériennes et étrangères contre la désignation de l’architecte Jean Nouvel

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Plus de 400 personnalités algériennes, françaises, américaines, canadiennes, européennes et arabes ont signé une lettre dans laquelle elles ont exprimé leur mécontentement quant à la désignation de l’architecte français Jean Nouvel pour la revitalisation de la Casbah d’Alger.

Les signataires de la lettre adressée à l’architecte français, ont demandé à ce dernier de se retirer du projet et le remettre aux architectes algériens.

Ils ont écrit dans leur lettre publiée ce jeudi 20 décembre : «Ce lundi 17 décembre, nous sommes beaucoup à avoir été choqués en apprenant qu’une convention tripartite avait été signée entre la Wilaya d’Alger, la région Île-de-France et vos ateliers afin de, nous dit-on, « revitaliser » la Casbah d’Alger, étymologiquement, « revitaliser » implique redonner de la vie, ce qui nous permet de nous demander si la vie, pourtant vibrante, qui caractérise aujourd’hui les rues sinueuses de ce quartier n’est pas digne d’être considérée comme telle».

«La Casbah d’Alger, pour nous, bien avant d’appartenir à l’humanité -celle dont on nous dit qu’elle possède un patrimoine mondial- appartient d’abord à ses habitants, qu’ils possèdent un titre de propriété ou non, ensuite aux Algériens dont la lutte révolutionnaire contre le colonialisme français a régulièrement pris appui sur sa capitale et en particulier, sa Casbah, et enfin aux militants anticoloniaux de l’Afrique, du Sud Global, mais aussi du Nord, tant la Casbah par son urbanisme et son architecture incarne un symbole puissant des luttes de ceux et celles qui ne peuvent mettre à profit que leur passion et leur environnement face aux forces asymétriques que leur opposent les armées et polices coloniales», ont-ils expliqué.

Tout en rappelant que les ont détruit trois fois la Casbah d’Alger à partir de 1830, et que la partie basse de cette ville classée au patrimoine mondial de l’humanité, a été remplacée par une place (Place des Martyrs actuellement), et qu’elle n’a plus accès à la mer. Les signataires de la lettre ont précisé que «plus tard, les autorités coloniales y construiront des immeubles haussmanniens, reprenant les tactiques urbanistes contre-insurrectionnelles déjà appliquées à Paris et Marseille. À la fin des années 1930, lorsque les autorités coloniales ont fait « la guerre aux taudis » et ont ainsi détruit le quartier de la Marine. Entre 1956 et 1957,  c’est toujours au sein de la Casbah que la fameuse « bataille d’Alger » trouve son paroxysme. Dans la nuit du 10 août 1956, des terroristes français y placent une bombe à rue de Thèbes qui détruit plusieurs immeubles et tue 80 habitants. Le 8 octobre 1957, ce sont les parachutistes français qui, après avoir étouffé ce quartier de la ville pendant un an, dynamitent la maison où se sont réfugiés les derniers survivants du FLN à Alger : Hassiba Ben Bouali, Zohra Drif, Ali Ammar dit Ali la Pointe, Petit Omar et Yacef Saâdi ».

Les auteurs de la lettre ont estimé que, toute modification de la Casbah «qui ne viendrait pas directement de ses habitants» doit faire preuve d’une connaissance et d’un respect sans faille de son passé et de son présent, « bien au-delà des instructions que la Wilaya d’Alger puisse elle-même fournir ou comprendre».

«Des projets qui n’auraient pas à cœur de servir en premier lieu ses habitants ainsi que le legs historique, politique et culturel de cette ville dans la ville, et qui leur préféreraient des ambitions touristiques ou financières ne sont pas dignes de ce lieu de vie et d’Histoire. L’annonce de projets culturels notamment, alors que de nombreuses habitations ne sont pas étanches et que l’évacuation d’eau du quartier constitue aujourd’hui l’un des problèmes majeurs du quartier, nous semble par exemple particulièrement problématique et là encore, déconnectée des préoccupations quotidiennes des habitants », ont-ils écrit.

En conclusion, les personnalités signataires ont conseillé à l’architecte français de ne pas accepter d’être complice «d’une quatrième vague de transformation brutale française de la Casbah».  Avant de suggérer à ce que le projet en question soit remis aux architectes algériens, et de dénoncer le budget faramineux pour financer l’étude de Jean Nouvel.

A noter que, la lettre a été signée par des artistes, des architectes, des urbanistes, des chercheurs, des enseignants universitaires, des historiens, des photographes, des journalistes, des sociologues, des designers, des avocats, des étudiants et des militants anticoloniaux.

Rappelons que, une convention tripartite a été signée, dimanche dernier à Alger, par la wilaya d’Alger, la région d’Ile-de-France et les ateliers de Jean-Nouvel en vue de revitaliser la vieille Casbah au plan patrimonial, urbanistique, culturel et touristique.

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