Accueilla deuxFerhat Ait Ali, expert financier : «L’économie algérienne a perdu son cap»

Ferhat Ait Ali, expert financier : «L’économie algérienne a perdu son cap»

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« L’économie algérienne a perdu son cap », a indiqué, ce dimanche 16 décembre 2018, l’expert financier M. Ferhat Ait Ali, invité du Forum du journal Liberté.

«Concernant la situation économique actuelle du pays, tout le monde est d’accord, que le problème est d’ordre financier, et  non pas économique, car, le problème économique est latent et date d’assez longtemps, d’une période où on a perdu plus au moins le cap», a-t-il estimé.

Cette situation  de l’économie algérienne, M. Ait Ali l’a renvoyée au années 1980. «Je ne dirai pas que je suis d’accord avec ce qui s’était passé durant les années 60 et 70, mais, cela avait le mérite d’être un cap. Car, il y avait une stratégie de développement, et une vision des choses qui était dirigiste des sens pratiquement social de gauche, et qui avait aussi, pour finalité l’industrialisation à marche forcée du pays, selon le modèle soviétique des années 1920, ou même du modèle de reconstruction allemand des années 30 et 40», a-t-il rappelé.

«A partir des années 1980, on avait perdu le cap, et il est évident que tout navire qui perd le cap, se retrouvera à un moment donné, en panne de carburant, sans avoir atteint aucun port», a illustré l’orateur.

Selon lui «si aujourd’hui, nous en sommes à discuter des aléas du marché pétrolier mondial et de la situation engendrée depuis 2015 par une chute brutale de nos revenus, c’est parce que justement, à un moment donné de notre histoire nous avions un cheminement erratique, qui n’a pas permis de fixer un cap, pour justement, sortir de cette dépendance et se projeter dans l’avenir»

«Aujourd’hui, tout le monde est d’accord pour dire que faire face à la situation financière qu’on qualifie d’économique, il faudrait réformer. Si nous lions la nécessité de réformer notre système à nos capacités financières qui ont diminué à cause de la chute du pétrole, c’est-à-dire nous acceptons quelques parts que, si jamais, il y a une amélioration de nos revenus pétroliers, ou une embellie sur le marché pétrolier, on fera  demi-tour et on reviendra à nos errements passés», a-t-il analysé.

Il a rappelé qu’«en 2013, il y eu des avertissements d’une imminente chute des cours pétroliers, et j’avais averti contre l’’’insoutenabilité’’ du modèle algérien quelle que soit la situation financière du pays. C’est un modèle qui demeure  quelque part tordu »

«En 2008, on avait dit qu’on était pas en crise. Effectivement, nous n’étions pas en crise, parce que, notre modèle ne se conformait pas à la marche mondiale en matière économique. Nous n’étions pas liés à l’ordre du monde. Nous avions des réserves assez conséquentes en Dollars et des dépenses qui n’étaient aussi importantes, donc on pouvait tenir. Le Gouvernement estimait que, si on avait les moyens de tenir 5 ou 6 ans en réserves fiscales et plus de 60 mois en plus de réserves de changes, on était pas touché par la crise». Alors qu’au fond, nous étions beaucoup plus touchés en termes de perspectives que d’autres. Le fait de n’être pas liés au circuit mondial des changes est en soi une forme de crise», a expliqué le conférencier.

Il a poursuivi en disant qu’«aujourd’hui en 2018, le pétrole ne risque pas de revenir de toute façon à ses niveaux du passé, pour des raisons tout à fait objectives. Donc, on ne peut pas lier l’avenir de l’Algérie à des conflits géopolitiques qui feront gagner sporadiquement quelques dollars au pétrole, alors que, l’avenir de cette énergie, à moyen et à court terme n’est pas exactement comme son passé. Cette forme d’énergie pour le monde est une source de production, mais, pour nous c’est une rente qui plombe l’acte de production et qui soumet la société à un modèle consumériste et aussi de passivité qui est économique et politique aussi. Si nous comptons sur cette rente pour maintenir ad vitam aeternam ce modèle qui est vicé au départ, nous n’avons aucune chance de le faire sur les années à venir. Le gouvernement a été pour une fois sage en tablant sur 60 dollars le baril en tant que prix referentiel de  base (Loi de finances 2019)».

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