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La course à la succession d’Angela Merkel s’ouvre en Allemagne

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La compétition pour remplacer Angela Merkel à la tête de son parti conservateur et peut-être ensuite de l’Allemagne s’ouvre mardi après l’annonce choc du retrait progressif du pouvoir de la chancelière.

Tirant les conséquences d’une douloureuse débâcle électorale en Hesse, Angela Merkel, 64 ans, a fait savoir lundi qu’elle mettrait un terme à sa carrière politique dans trois ans, après son quatrième mandat. « Il est temps d’ouvrir un nouveau chapitre », a-t-elle martelé, soulignant s’être toujours donné pour objectif de quitter la scène politique « dans la dignité ».

La cheffe du gouvernement, aux manettes de la première économie en Europe depuis 13 ans, franchira un premier pas décisif vers la sortie dans un peu plus d’un mois quand elle passera la main à la tête de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) qu’elle préside depuis dix-huit ans.

Trois candidats se sont d’ores et déjà déclarés en interne pour lui succéder comme président(e) de la CDU, un poste considéré comme un marche-pied vers la chancellerie. Parmi eux figurent la secrétaire générale du parti, Annegret Kramp-Karrenbauer, et le ministre de la Santé, Jens Spahn. D’autres pourraient leur emboîter le pas, comme le dirigeant de la puissante région de Rhénanie du Nord-Westphalie, Armin Laschet, qui n’exclut pas de se lancer dans la course.

La chancelière a insisté sur le fait qu’elle n’avait pas de favori pour sa succession. Le nouveau dirigeant sera élu par un millier de délégués réunis en congrès les 7 et 8 décembre à Hambourg.

Annegret Kramp-Karrenbauer, dite « AKK », tient la corde, selon les médias et fait figure de dauphine adoubée par Angela Merkel qui l’avait proposée au poste de secrétaire générale en février. Les deux femmes partagent une ligne politique plutôt centriste. Partisan à l’inverse d’un coup de barre à droite, l’ambitieux Jens Spahn, 38 ans, est considéré comme le « chef de l’opposition interne » ou la « star contestée de la CDU ». Il n’a cessé de contester la chancelière notamment sur les questions d’immigration depuis sa décision historique d’accueillir un million de migrants en 2015 et 2016. Mais il pourrait encore manquer d’expérience aux yeux de certains cadres de la CDU.

Une ancienne étoile montante du parti, Friedrich Merz, a également décidé de tenter sa chance bien qu’il ait quitté la scène politique de longue date en raison de sa rivalité ancestrale avec Angela Merkel. Amis comme rivaux politiques ont salué la décision d’Angela Merkel tant les Allemands semblent lassés de son style de gouvernement basé sur la recherche permanente du compromis, voire la non prise de décision. Parviendra-t-elle vraiment à tenir encore trois ans compte-tenu de son affaiblissement politique qui risque désormais d’aller croissant ? D’autant que son successeur à la CDU va devoir se démarquer de Mme Merkel s’il veut avoir des chances de conquérir la chancellerie. « Quand Angela Merkel va renoncer à la présidence de la CDU en décembre, son mandat de chancelière ne va plus durer longtemps », prédit un éditorialiste du Spiegel. « C’est la fin d’une ère ».

Le président de la chambre des députés et vétéran de la politique allemande, Wolfgang Schaüble, ne semble plus la soutenir que du bout des lèvres : « nous ferons ce que nous pourrons pour éviter l’impression d’un canard boiteux », a-t-il dit à la chaîne de télévision Deutsche Welle.

Angela Merkel apparaît désormais d’autant plus comme une chancelière en sursis qu’elle doit en plus compter avec les difficultés de son partenaire social-démocrate. Le SPD enchaîne aussi les scrutins calamiteux et pourrait être tenté à tout moment par une cure d’opposition. « Le SPD demeure dans une crise existentielle qui pourrait facilement déboucher sur la décision de quitter le gouvernement l’an prochain », estime même un analyste de la banque ING-Diba, Carsten Brzeski. « La pression sera d’autant plus forte que la CDU met le cap à droite avec une nouvelle direction », renchérit Charles Lichfield, analyste d’Eurasiagroup.

Afp

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