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Les enjeux politiques du prochain scrutin laissent peu de place à l’Économie

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L’économie algérienne vit au gré des échéances électorales qui relèguent  les réformes indispensables aux tous derniers rangs des priorités gouvernementales. Le phénomène est récurent pour les rendez vous électoraux sans exception, mais c’est à l’approche du scrutin présidentiel que cette baisse d’intérêt pour l’économie est particulièrement perceptible à travers notamment l’abandon de toute actions susceptibles de produire du mécontentement populaire.

A une année de l’échéance électorale les questions politiques et sociales ont, en effet, tendance à prendre le pas sur toutes autres considérations, quitte à sacrifier l’intérêt supérieur de la Nation qui se trouve pourtant dans ces réformes à promouvoir pour améliorer le sort des algériens. Les enjeux et intriques politiques éclipsent malheureusement les préoccupations économiques, à l’approche de chacune de ces élections et, encore davantage, celle du scrutin présidentiel.

S’il est vrai que la stabilité politique et sociale n’a pas de prix, on se demande tout de même si le statu quo paralysant généré par l’inertie  gouvernementale et les intrigues politiques n’est pas de nature à accroitre encore davantage les dysfonctionnements qui exacerbent le mal être social. On constate en effet, que les grandes instances de décisions en matière économique (Conseil des Ministres, Conseil national de l’Investissement, Conseil des Participations de l’Etat) ne se réunissent pratiquement plus depuis quelques mois et  n’ont de ce fait pris aucune initiative au profit d’une économie dont pratiquement tous les voyants sont en rouge (dinar à la dérive, réserves de change en déclin, production d’hydrocarbures en baisse, exportations hors hydrocarbures insignifiantes, démographie galopante etc.).

Cette absence de gouvernance en matière économique a bloqué la mise en œuvre des changements systémiques prévus condamnant l’Algérie à rester un pays rentier et bureaucratique qui fait fuir les investisseurs et décourage les producteurs. Dans une telle ambiance de stagnation économique il n’y a évidemment de place que pour les importateurs et le commerce informel. Les investissements structurants et notamment les investissements directs étrangers (IDE) ont en effet considérablement baissé et l’absence de réformes structurelles a assombri encore davantage un climat des affaires délétère que fuyaient déjà, aussi bien, les hommes d’affaires algériens, qu’étrangers. Cette période pré électorale couplée à la maladie invalidante du chef de l’Etat a, à l’évidence, généré un très préjudiciable immobilisme qui pousse les porteurs de projets économiques à annuler ou différer leur mise en œuvre.

Elle est également propice à la fuite des capitaux oisifs qui vont chercher des placements ailleurs qu’en Algérie pour lesquels ils étaient initialement destinés. Mais on ne peut reprocher à un homme d’affaires de placer son argent là il y a de la stabilité, de la visibilité économique et, bien entendu, l’assurance de réaliser des profits. Tout ce que le pays n’est pas en mesure d’offrir, notamment en cette période pré électorale porteuse de tous les périls que redoutent les investisseurs.

Le Conseil national de l’Investissement (pour les investissements privés) et le Conseil des participations de l’Etat (pour les investissements publics) dans les quels siègent des membres du gouvernement, n’ayant guère brillés par le nombre et la régularité de leurs réunions, ont également entraîné d’importants retards dans le démarrage des projets requérant  leur accord.  Bon nombre d’entre eux, et notamment les promoteurs privés, seront contraints d’abandonner leurs projets de fait de cette trop longue attente qui a chamboulé tous les termes de leurs business plan.

L’Algérie devra évidemment en subir les conséquences en termes de croissance économique  et d’offre d’emplois, au moment où elle en a cruellement besoin. Faute d’investissements nouveaux et de production additionnelle, la voie est en effet automatiquement ouverte à l’inflation et aux pénuries, dont on commence déjà à ressentir les effets dopants sur les prix des marchandises et services. Le chômage est également reparti à la hausse, selon les tout récents chiffres de l’Office National des Statistiques.

Les autorités algériennes étant plus que jamais polarisées sur le scrutin présidentiel d’avril 2019, il y a vraiment peu de chances pour que les préoccupations économiques reprennent le dessus. Bien au contraire, le désintérêt pour les processus de réformes a de bonnes chances de s’accentuer encore davantage durant cette période en raison de l’existence d’une rente pétrolière, certes en déclin, mais encore substantielle et d’une providentielle planche à billets permettant de solvabiliser le trésor public et de maintenir la stabilité à coups de transferts sociaux.

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