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Smain LALMAS : l’industrie de montage de véhicules en Algérie doit être complètement revue

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La facture des importations des véhicules en CKD a connue une hausse de prés de 100% durant le premier semestre de cette année, allant à contre courant de la volonté du gouvernement. Selon Smain Lalmas, expert et Président d’Algérie Conseil Export, l’industrie automobile en Algérie est partie sur des fausses bases de ce fait, il urgent de changer de stratégie si nous voulons atteindre les objectifs souhaités .

Algérie Eco : La facture des importations des kits de véhicules a connu une hausse importante durant le 1ere semestres de cette année. A quoi est due cette tendance selon vous ?

Smain LALMAS : L’explosion de la facture d’importation des kits de pièces destinés à l’industrie de montage des véhicules en Algérie, était prévisible, j’en ai parlé lors de plusieurs émissions télévisées, il y a plus de 03 ans, c’était prévisible pour la simple raison de l’absence, notamment,  d’un tissu national de sous traitants, pouvant alimenter cette industrie de montage.

A rappeler que cette option de montage de véhicules a été adoptée pour justement, réduire la facture d’importation des véhicules finis, qui a dépassé tous les records,  d’où l’instauration de la licence d’importation pour réguler cette activité. Mais nous avons constaté, que ce changement de cap n’a pas soulagé cette facture, pire encore, elle est passée de 897 millions de dollars en 2016 à 1.8 milliards de dollars en 2017, et on s’attend à terminer l’exercice 2018 avec plus de 3 milliards de dollars, sachant qu’au 1er trimestre de cette année, le chiffre est de 1.5 milliard de dollars, soit une augmentation de plus de 100% par rapport à 2017.

L’équation est simple, avec l’augmentation des marques ou usines de montage, les quantités de véhicules montés seront plus importantes, cela, donc nécessitera plus d’importation de Kits en l’absence d’industrie d’intégration conséquente.

Le gouvernement table sur une baisse importante de la facture des importations mais au même temps, il ouvre la voie à une importation qualifié de « déguisée ». Comment expliquez-vous cette solution ?

Effectivement, il s’agit d’importation déguisée, tout le monde, connait, notamment les plus avisés, les pratiques des grandes entreprises internationales pour contourner les restrictions, les interdictions à l’importation et pour bénéficier des avantages fiscaux et parafiscaux accordés par certains états. Le cas de l’Algérie est significatif, la mise en place de la licence d’importation de véhicules, a poussé les différentes marques à chercher l’alternative pour  préserver et défendre leurs parts de marché. Pour cela, la parade était tout faite, profiter des avantages accordés par le gouvernement Algérien aux marques installées sur son sol pour le montage de ses véhicules. Une approche beaucoup plus intéressante pour les marques étrangères, surtout les premières installées, qui se trouvaient en situation de monopole vu l’absence de véhicules sur le marché, et qui dit monopole avec forte demande, dit des prix très élevés, le citoyen, n’ayant pas le choix, se trouve obligé d’acheter des véhicules montés en Algérie, pourtant,  dispensés de toutes les taxes, beaucoup plus chers que ceux importés, quelques mois avant, avec toutes  taxes comprises.

Dans ce cas là, pourquoi continuer et persister dans l’erreur, ne dit-on pas que, « se tromper est humain, persister est diabolique ». Sans oublier au passage, les déclarations de certains responsables Algériens, signifiant que certaines marques d’automobiles, surfacturés les prix des kits importés, destinés au montage, ce qui fait que les bénéfices étaient encaissées à la source. Pourtant, aucune réaction des autorités compétentes pour le vérifier. Je pense sérieusement que l’industrie de montage de véhicules en Algérie a besoin d’être complètement revue.

Comment voyez-vous l’avenir de l’industrie automobile en Algérie si on continue avec cette démarche ?

C’est simple, si on continue avec cette démarche, il va falloir attendre 150 ans pour parler d’industrie d’automobile proprement dite en Algérie, aujourd’hui, nous faisons du simple montage avec un taux d’intégration insignifiant, alors que sur le cahier des charges, il est fait obligation d’un taux de 15% d’intégration dés la 3éme année d’existence de l’unité, et dépasser les 40% à la 5éme année, mais malheureusement, on  est loin de ces taux, pour la simple raison de l’absence des équipementiers qui devaient accompagner les différentes marques, mais aussi la faible production en terme de quantités de véhicules montés, qui n’encourage pas à investir dans le domaine de la sous-traitance. Il faut savoir que les pays qui ont réussi dans la mise en place d’un tissu de sous traitants riche et varié, sont des pays au million de véhicules montés annuellement, avec des quantités importantes destinées à l’exportation, pouvant ainsi financer l’importation de leurs intrants.

Finalement, l’Algérie a-t-elle intérêt d’aller vers l’industrie de montage automobile, ou plutôt opter pour un autre choix plus réfléchi,  qui prendrait en considération, les avantages compétitifs dont elle dispose.

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