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« CARE » planche sur l’épineuse question de la sous-traitance industrielle

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Le think tank « CARE » a organisée le mercredi 18 juillet 2018 à l’hôtel Sofitel d’Alger une intéressante rencontre sur la sous-traitance industrielle animée par le président de la Bourse Algérienne de Sous-traitance et de Partenariat (BASTP), monsieur Kamel Agsous en l’occurrence.

Fin connaisseur du secteur public marchand, cet ex dirigeant d’un important groupe public industriel a, chiffres à l’appui, mis en évidence les larges possibilités que le marché algérien peut offrir aux produits de la sous-traitance, pour peu que l’essor de l’industrie nationale booste la demande intérieure. A eux seuls les groupes industriels publics peuvent en effet absorber une quantité considérable de produits de la sous-traitance et même, en susciter d’autres dans la mesure où ces donneurs de commandes réalisent de bons taux de croissance. Fort malheureusement l’histoire de l’économie algérienne indique on en peut plus clairement qu’en dépit du très fort potentiel d’absorption de produits de l’industrie de la sous-traitance, cette dernière n’a jamais brillé par ses performances productives. Elle n’a, dans les meilleurs cas, participé qu’à hauteur 8 à 10% de la demande nationale, les produits d’importation ayant fournie même au temps du socialisme triomphant, l’essentiel des pièces de rechanges, des accessoires, des emballages et autres produits sollicités par les unités de production locales. Le tissu des entreprises de sous-traitance reste maigre et les sociétés qui le composent ne dépassent guère un millier de petites et moyennes entreprises et de startups de créations récentes. Des pays comme la France et l’Italie en ont des dizaines de milliers qui, non seulement, alimentent les fabriques locales, mais exportent également une part importante de leurs produits. Tout un faisceau de déterminations seraient à l’origine de la grave crise de la sous-traitance qui coûterait au pays, bon an mal, entre 3 et 4 milliards de dollars en importations de pièces de rechange, d’organes et divers accessoires commandés par diverses unités industrielles.

Pour expliquer cette faible démographie des entreprises de sous-traitance, le conférencier a tout particulièrement mis l’accent sur la concurrence étrangère qui a laminent celles qui existent, le climat des affaires délétère qui n’encourage guère à investir dans ce domaine et, plus encore, l’instabilité juridique causée par les lois de finances annuelles et complémentaires qui brouillent constamment la vision économique et décourage toute velléité de prise de risque.  Peu d’entreprises s’aventurent de ce fait sur ce terrain rendu dangereux par une législation versatile couplée à une mauvaise gouvernance de l’économie.

Beaucoup de questions ont surgi à l’occasion du débat. On citera entre autre la non application de la Loi sur la Monnaie et le Crédit (LMC)qui exige aux importateurs de se lancer après deux années d’activité dans la fabrication locale des produits qu’ils importent. Quelques entreprises l’ont fait et obtenus de bons résultats en matière de développement de la sous-traitance (entreprises de médicaments, de l’agroalimentaire, d’électronique, d’automobiles etc.) mais des centaines d’autres sociétés de négoce continuent à enfreindre cette loi. Il faut obliger tous les importateurs concernés à créer des unités de production locales autour desquelles des sous-traitants pourraient naître et s’organiser pour les servir, s’indigne à juste titre un intervenant.

Faut-il toujours compter sur l’Etat et le secteur public économique pour assurer un minimum de commandes aux sous-traitants? L’État et ses entreprises étant financièrement mal en point, un intervenant a recommandé de laisser libre cours aux entreprises privées plus entreprenantes et plus à l’écoute des subtilités du marché. Mais les grandes sociétés privées capables d’assurer cette commande ne sont malheureusement pas nombreuses et certaines sont, depuis l’avènement de la crise économique, en pleine détresse financière. Seules quelques rares sociétés de sous-traitance industrielle ont de surcroît bénéficié d’une mise à niveau de leur management et de leurs procès de production. Elles sont de ce fait très vulnérables à la concurrence étrangère.

Faut-il que les entreprises algériennes augmentent au maximum leurs taux d’intégration pour assurer la disponibilité des produits et échapper aux sous-traitants étrangers? Cette importante question posée par au minimum deux participants n’a malheureusement pas eu une réponse tranchée, tant les aléas (situation du marché, coûts de production, qualité etc.) du reste évoqués par le conférencier, sont nombreux qui estime que seules les entreprises peuvent en décider au gré de leurs préoccupations, de leurs capacités financières et des réalités du marché.

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