AccueilLa uneL’ONS a mis évidence une grave déstructuration de la démographie algérienne

L’ONS a mis évidence une grave déstructuration de la démographie algérienne

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L’Algérie a vécu au lendemain de l’indépendance un « baby boom » semblable à celui qu’elle subit aujourd’hui.

Une très forte hausse de la natalité qu’elle avait réussi à le conjurer à coups de politiques de limitation des naissances qui avaient notamment consisté à convaincre les femmes à réduire leur fécondité au moyen de contraceptifs mis gratuitement à leur disposition dans tous les centres de santé du pays.

Le taux de natalité qui était l’un des plus élevé au monde (3,2%) a pu être ainsi ramené à, à peine 2% au bout d’une dizaine d’année. Cet effort de planification des naissances, couplé à une action massive d’éducation des femmes en âge de procréer s’est, malheureusement, estompé à la fin de la décennie noire, en raison du relâchement du dispositif étatique d’espacement des naissances et de la propagation d’un discours religieux qui lui était franchement hostile.

Le résultat est alarmant et les derniers chiffres de l’Office National des Statistiques (ONS) confirment un retour à des records de natalité, semblables à ceux des premières années de l’indépendance. Il naît en effet depuis ces quatre dernière années consécutives plus d’un millions d’enfants par an  et le taux de croissance démographique, un des forts au monde, n’est pas loin de 3%.

La population algérienne qui s’accroît très vite sous les effets conjugués du « baby boom » et de l’allongement de l’espérance de vie est subitement passée de 32 millions d’habitants au début des années 2000 à 41,3 millions au début de l’année 2017, soit près de 10 millions de personnes de plus en l’espace de seulement 15 années.

C’est l’équivalent de trois fois la population d’Alger qui est ainsi venu s’ajouter à la démographie d’un pays mal préparé à accueillir une telle déferlante de naissances. Mal à l’aise pour dicter des politiques contraceptives fortement critiquées par les lobbys religieux, les autorités ont, par calcul ou par lâcheté, choisi de laisser faire, abandonnant ainsi le terrain idéologique aux islamistes qui ont réussi à mettre une chape de plomb sur cet épineux problème qui mine l’avenir du pays.

Véritable bombe à retardement, le péril démographique n’a jamais été aussi proche de la porte d’un pays rentier qui n’a pas les moyens, ni d’ailleurs la volonté, d’y faire face. La rente pétrolière dont une bonne partie est consommée sur place ne suffit  désormais plus à répondre à la demande sociale de ce trop plein de population et l’économie productive (agriculture, industrie et services) est trop mal en point pour servir de complément à rente d’hydrocarbures en déclin.

Ce nouveau boom des naissances a de surcroît déstructuré l’état des lieux de la démographie algérienne qui se retrouve pour diverses raisons avec beaucoup plus de personnes à assister et de bouches à nourrir, que de bras qui produisent.

Selon l’Office National des Statistiques (ONS) le bond prodigieux du taux de fécondité serait en grande partie à l’origine de l’envolée de la croissance démographique (2,9%) qui tend à redevenir, comme au temps des décennies 60 et 70, l’une des plus fortes au monde.

Ces statistiques n’ont évidemment pas de quoi réjouir puisqu’à ces millions de nouveaux nés que la collectivité doit prendre en charge jusqu’à leur majorité, s’ajoutent, trois millions de retraités, 12 millions de femmes au foyer et environ 5 millions de chômeurs tous écartés de la sphère de production. De ce fait seuls 8 millions d’actifs, dont plus de la moitié est employée dans l’administration publique et les services, font vivre par leur labeur cette population qui croît à un rythme exponentiel.

Cette dangereuse tendance devrait de surcroît s’exacerber dans les prochaines années à en croire cet Office qui prévoit une hausse importante de la population dépendante (enfants, hommes et femmes inactifs, retraités, handicapés) en raison de la poursuite des records de naissances et d’une espérance de vie  de plus en plus longue.

Les systèmes de retraite et de sécurité sociale basés sur le nombre d’actifs cotisants risquent donc de subir de bien fâcheuses conséquences. Le trésor public a du reste déjà commencé à voler à leur secours. A elle seule la Caisse Nationale de Retraite a reçu cette année une aide d’environ 500 milliards de dinars de la part du trésor, selon une récente déclaration de son premier responsable.

Elle ne parvient désormais à payer ses trois millions de retraités qu’avec l’appoint de l’argent des contribuables.

Ce constat alarmant de l’ONS n’a pas suscité l’inquiétude du gouvernement et du parlement. Compte tenu de l’acuité du problème et son impact sur l’avenir de la Nation, ils auraient pourtant dû plancher sur cet épineux problème, immédiatement après la publication de ces chiffres par la très officielle institution qu’est l’ONS, pour s’entendre sur les mesures multiformes à mettre œuvre en vue de rétablir les équilibres démographiques rompus.

Ces statistiques alarmantes ont malheureusement été accueillies dans l’indifférence quasi générale par nos gouvernants et l’ensemble de la classe politique, tous braqués sur le prochain scrutin présidentiel.

Le boum des naissances a effectivement de quoi inquiéter car l’économie algérienne tourne, pour des raisons structurelles, à un rythme insuffisant avec un faible taux de croissance économique d’à peine 3% qui avoisine celui de la croissance démographique (2,9%).

Ces trop fortes cohortes de nouveaux nés compliquent la situation économique et sociale d’un pays déjà gravement empêtré dans d’inextricables problèmes de chômage, de logements, d’insuffisance de places pédagogiques, de santé publique, de désertifications industrielles et agricoles. Cette subite fièvre démographique qui se produit au moment où les recettes d’hydrocarbures sont en net déclin, a donc de quoi inquiéter.

Si ce déclin venait, comme il est sérieusement à craindre, à perdurer les quelques rattrapages réalisés ces dix dernières années à la faveur de l’aisance financière (infrastructures routières et logements notamment) seront dépassés en très peu de temps eu égard à la très forte demande sociale que vont générer le « baby boom » avec son millions de nouveaux nés par an et le « papy boom » avec  ses 100 à 150.000 nouveaux retraités qui émargent à la CNR chaque année.

C’est pourquoi les économistes considèrent à juste raison que l’économie algérienne évoluera dans une échéance proche dans un contexte de plus en plus contraint. L’Etat qui tient à garder, sans doute pour des raisons historiques, son rôle de promoteur exclusif du développement et de soutien aux populations pauvres, devra pour ce faire assurer, à la fois, le « pain quotidien » à une population en constante augmentation et la prise en charge d’une demande sociale qui explose.

Faute d’une rente pétrolière à la mesure des dépenses générées par ce surcroît de population assistée, il est dans la logique des choses que les déséquilibres sociaux s’amplifient tout au long des prochaines années.

Il faut en effet savoir qu’en 2025 la population algérienne dépassera allégrement 5O millions d’habitants auxquels il faudrait garantir l’emploi, le logement, la santé et la formation. Pour ce qui est de l’emploi, il faudrait à titre d’exemple créer environ 550.000 nouveaux postes par an pour seulement maintenir le taux de chômage actuel de 11%. Quant à l’habitat, le maintien du taux d’occupation par logement (5,5%) requiert une livraison annuelle de pas moins de 450.000 logements.

Une  performance que l’Algérie n’a jamais pu atteindre même avec la contribution de sociétés étrangères. Pour ce qui est enfin de l’éducation-formation, le nombre d’écoles, de collèges, Lycées, universités, centres de formation professionnelle nouveaux à construire est tout simplement hors de portée d’un pays qui n’en a plus les moyens.

Même constat pour la Santé qui devra uniquement pour se maintenir au niveau de satisfaction actuel, mettre en place au minimum 45.OOO lits d’hospitalisation supplémentaires, réaliser un millier de centre de santé et former des milliers de médecins et paramédicaux.

Il faut ajouter à cette demande sociale incompressible, l’alimentation qu’il faudra importer massivement, si nos performances productives continuent à stagner à leur niveau actuel. Nos ressources financières dépendant en grande partie de déterminants exogènes (prix du pétrole, coût de la devise, spéculations boursières etc.) sur lesquels l’Algérie n’a aucune emprise il est à craindre que le coût des importations soit hors de portée des moyens disponibles.

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