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Tewfik Hasni, expert dans le domaine de l’énergie : « Le potentiel solaire de l’Algérie est capable de satisfaire les besoins énergétiques de toute l’Europe »

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Dans cet entretien, l’expert dans le domaine de l’énergie, M.Hasni donne son avis sur la dernière décision de l’Algérie de renforcer ses relations énergétiques avec l’Europe. MHasni estime qu’un accord d’association devrait être basé sur des relations équilibrées et le potentiel solaire de l’Algérie est capable de satisfaire les besoins énergétiques de toute l’Europe.

Algérie-Eco : L’Algérie et l’Union européenne ont décidé de renforcer leur partenariat dans le domaine de l’énergie. Quel commentaire faites-vous à ce sujet?

M.Hasni : L’UE a toujours proposé de développer les relations dans le domaine de l’Energie. La réponse de l’Algérie a toujours été positive. Les marchés qui étaient ouverts se limitaient au gaz. La concurrence sur ce marché est devenue forte, les discounts offerts par la Russie avaient poussé l’UE a rejeter les contrats long terme qui étaient à la base des décisions d’investissements capitalistiques dans l’énergie. La concurrence du Qatar avec le GNL a fini par nous écarter des principaux marchés. Le Président Trump a aggravé la situation enfonçant la main à certains pays européens comme la Pologne pour acheter le gaz de schiste liquéfié  un prix de8 $/MMBTU. Il a voulu faire de même avec l’Allemagne afin qu’elle abandonne son  méga- projet de pipe de GAZ. Il est difficile de trouver un accord après cela. Pour vendre son gaz, l’Algérie devrait abandonner la rente. La solution existe, c’est le marché de l’électricité. Le gaz exporté sert en grande partie à la génération électrique. Nos réserves de gaz au vue de la consommation interne ne peuvent pas suivre les besoins gaziers européens. Un accord d’association devrait être basé sur des relations équilibrées. Le potentiel solaire de l’Algérie est capable de satisfaire les besoins énergétiques de toute l’Europe. Le mix énergétique de demain sera à majorité électrique. L’Algérie a pris des engagements à  la COP 21 de réduire jusqu’à 27% ses gaz à effet de serre. Pour cela, Il faut que le financement des projets en interne soit financé. En ce qui concerne l’export, il n’est pas possible de l’envisager si le marché européen de l’électricité ne  nous est pas accessible. Pour cela l’UE doit formaliser la proposition des 5+5 à Rome, en finançant les interconnexions électriques en courant continu entre l’Algérie et l’UE.

Les PME algériennes peuvent participer à la mise en place d’une filière industrielle spécifique au secteur des énergies renouvelables. Êtes-vous de cet avis, et comment?

Il faut être réaliste, les PME  doivent s’orienter vers les services créateurs d‘emplois. L’investissement dans les filières industrielles nécessite des moyens financiers importants en devises fortes. Il n’est plus possible de recourir à la planche à billets dans ce cas.

Certains spécialistes se disent favorables à la mise en place de petites centrales d’énergie solaire avec de faibles productions. Qu’en pensez-vous?

Je ne connais les spécialistes que vous citez. Je ne commenterais d’ailleurs aucune autre personne. Je vous dirais seulement, que chaque pays a ses spécificités. Ainsi en Europe ils ne peuvent développer que l’éolien ou le photovoltaïque. Les consommateurs européens sont uniformément répartis sur le territoire.

L’Algérie voit 90% de la consommation regroupée sur la bande côtière alors que sa principale ressource énergétique se trouve à plus de 1000 KM au Sud. L’Europe et pour certains pays seulement, peut distribuer sa production dans la mesure où elle investit dans un SMART GRID pour gérer toute cette production et cette consommation. L’Algérie n’a même pas un réseau de transport d’électricité suffisant pour les énormes besoins du futur. Il faut beaucoup d’argent pour cela et des devises fortes. Nous n’avons même pas engagé notre programme ENNR.

Sur un autre sujet, celui du marché pétrolier, on assiste ces derniers jours à une hausse du prix du baril atteignant les 80 dollars, un commentaire sur ce sujet?

Vous voyez que le centre d’intérêts des algériens reste orienté vers le prix du brut. Vous avez noté que le prix du brut avait clôturé la semaine à un niveau de 78$.

On constate que plusieurs membres de l’OPEP ne respectent pas leur quota. La Russie a dépassé l’Arabie Saoudite en niveau de production. Le Président Trump avait menacé en cas de maintien des prix trop hauts lorsqu’on avait touché les 75$. La géopolitique fait que les prix ont atteints des niveaux élevés. Au passage les « hedgesfunds » se sont sucrés. Le niveau de production à partir du pétrole de schiste a atteints un niveau tel que les pipes s’avèrent saturés. Sur le court terme l’offre va être supérieure à  la demande. Il ne faut pas oublier que le transport consomme à 98 du pétrole. La transition énergétique va faire basculer à moyen terme les usages pétroliers au profit de l’électricité. La crise économique révèle les limites du modèle actuel. La dette américaine va finir par achever ce système à court terme. Les besoins énergétiques devront, de même, baisser.

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