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L’EDITO : Quand réduction d’importations, rime avec pénurie et inflation

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Alors que des centaines d’entreprises et commerces, mettent la clé sous le paillasson, suite à la suppression de 900 produits à l’importation, on nous annonce que « Prés de 12 000 PME ont relancé leurs activité après l’interdiction d’importation de 900 produits. Cette dynamique peut permettre de réduire la facture d’importation de 3,5 milliards de dollars ».

Certes, c’est un fait indéniable, qui montre les impacts positifs de cette mesure, et qui conforte le premier constat des dix premiers mois de cette application, estimé à une économie de 1,5 milliards de dollars.

Or,  la vox populi, et les experts, ne l’entendent pas de cette oreille, et estiment que ces résultats sont inconséquent,  ne suffisent pas, et demeurent dérisoires devant l’ampleur et la gravité de la situation. Ils tiennent depuis l’annonce et l’entrée en vigueur de cette mesure, des propos complètement opposés, aux discours officiels édulcorés, par un flot incessant d’annonces, et de constats, occultant tous les avis, études et rapports, sur la situation économique de l’Algérie.

S’exprimant sur le sujet, au quotidien « Liberté » l’expert financier Ferhat Ait Ali, a considéré que «les produits proposés à la suspension ont représenté durant les dix premiers mois de l’année près de 1 milliard et demi de dollars,  ce sont 300 milliards de dinars qui ont disparu à l’intérieur ».

Par ailleurs, sur le terrain, il ne s’agit nullement d’interpréter, de croire, ou de douter d’une annonce, car le message est on ne peut plus clair. L’image des grands quartiers commerçants, tel qu’El Hamiz, la ruelle des grossistes du quartier « Jolie vue » de Kouba, ou dans les grandes surfaces, est frappante. On ne peut plus dire, que le client est roi, ni qu’il jouit de l’embarras du choix, pour la simple raison que, la majorité des produits importés commencent à se faire rare, le mot « rupture de stock » est sur toutes les lèvres, « c’est fini les produits d’importations, on a plus de quoi satisfaire nos clients, qui ne se contentent pas des produits locaux » s’exclame , Hicham un grossiste de Kouba, et d’ajouter « cela fait des années que nous exerçons ce métier, on en sait rien faire d’autre, et du jour au lendemain, on nous coupe nos approvisionnement,  de quoi allons nous vivre maintenant ».

De leurs coté, les unités de production souffrent énormément de cette mesure, qui touche, les intrants ou des composant de leurs matières premières, et impacte le rendement de leurs productions. Alors comment peut-on parler d’encourager la production nationale, quand celle-ci est privée de ses éléments vitaux ?

Dans ce sillage, parmi les exemples les plus révélateurs de l’ambigüité  de cette décision, est sans conteste celui de la filière des boissons, qui s’est vu du jour au lendemain privée d’importer le composant le plus important de sa production, en l’occurrence, les aromes naturels. Cette dernière se trouve, à en croire le président de l’association Le président de l’Association des producteurs algériens de Boissons (APAB),  Ali Hamani, en face d’une menace grandissante « Cette décision constitue, d’après lui, une menace sur cette filière. La rupture d’arômes et autres produits qui rentent la fabrication de boissons provoquera  la fermeture d’usines  et constitue  une menace sur des  milliers de poste d’emploi ».

Si l’une des plus importante filières de l’agroalimentaire, qui compte 20 000 emplois directs et 60 000 indirects, risque de disparaitre en quelques mois, suite à l’interdiction d’importation de ses composants de production,  et ce grâce ou à cause, d’une stratégie axée sur la protection de la production nationale, qu’adviendra t il des autres secteurs de production, dont l’impact est plus conséquent sur l’économie nationale ?

Devant ce mur de fumée, d’aucun n’est sans savoir que  les producteurs nationaux ne pourront faire face aux pénuries des produits, qui commencent déjà à se faire sentir et  les observateurs de la scène économique, n’ont pas manqué de relever une certitude douloureuse ; cette décision ne fera que grossir la liste des spéculateurs, des trabendistes, et par conséquent, elle fera le bonheur,  des réseaux informels, qui continueront d’imposer leurs lois aux consommateurs.

Dans leurs réactions, les experts, n’ont pas arrêté de le répéter, que cette stratégie qui associe simultanément, la suppression d’importation de 900 produits, et la suppression du système des licences  d’importation annoncé pour 2018, par le ministre du Commerce, a déjà fait de sérieux dégâts, et continuera à en faire de plus graves.

En somme, l’application de cette mesure, en plus des conséquences suscitées, ouvrira grandes les portes de la corruption, de la bureaucratie et constituera  forcement par l’effet, des pénuries, et de l’inflation, l’aubaine des marchés parallèles, notamment celui de la devise, et finira par enrailler toute la machine de la relance économique, que le gouvernement peine à mettre en place.

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