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Lutte contre le marché parallèle : les nouvelles recettes du gouverneur de la Banque d’Algérie

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La Banque d’Algérie tente de nouvelles initiatives visant à intégrer dans les circuits bancaires officiels, les 3000 milliards de dinars thésaurisés ou en circulation dans les sphères informelles. Il s’agit de tracer cette énorme masse d’argent dont on ignore exactement l’origine mais dont on sait quelle cause de très graves préjudices au pays.

Un préjudice qui se mesure en termes de manque à gagner fiscal et de préjudices financier et moral causés aux citoyens contraints de côtoyer et de subir chaque jour, ces légions de commerçants en constante qui ont sombré dans l’illégalité.  Outre sa directive tout récemment transmise aux banques commerciales les incitant à mettre en place des produits financiers incitatifs susceptibles d’encourager les dépôts bancaires et l’épargne citoyenne, le Gouverneur de la Banque d’Algérie s’apprête à émettre une directive complémentaire visant à lutter contre le blanchiment d’argent et autres dérives collatérales du marché noir.  Ce n’est pas la première fois qu’un haut de l’autorité monétaire adresse à l’opinion publique ce genre de recettes, avec la conviction qu’elles seront infaillibles. Tous les Gouverneurs sans exception l’avaient avant lui. Les résultats ont été décevants, comme on peut hélas le constater, l’informel ne s’étant jamais mieux porté qu’aujourd’hui au point de constituer une réelle menace sur la souveraineté et la sécurité du pays.

Si l’idée d’affaiblir au maximum l’informel en le harcelant sans cesse avec les moyens juridiques disponibles est louable en soit, ce n’est malheureusement pas avec ce genre d’initiatives qui s’attaquent aux effets et non pas à la cause, que ce fléau qui gangrène l’économie et la société algérienne en général pourra être éradiqué ou, au minimum, réduit à la portion congrue.

Les véritables causes de l’informel sont pourtant aujourd’hui connues et inventoriées à faveur de nombreuses études et recensements qui ont déterminé    que ce fléau est en grande partie dû au régime d’autorisation préalable auquel sont obligatoirement tous ceux qui souhaitent créer une affaire aussi petite soit elle. Ils doivent pour ce faire accomplir une trentaine de formalités administratives et dépenser d’importantes sommes d’argent pour parvenir à leurs fins. Bon nombre de créateurs d’entreprises redoutent ces formalités et préfèrent les éviter en activant dans l’informel qui leur permettra d’amasser d’importants bénéfices avant de se faire épingler. Le risque, disent-ils, mérite d’être tenté et les faits semblent leur donner raison. En mettant fin à ce régime d’autorisation préalable et en instaurant à sa place une simple régime déclaratif, comme cela se fait dans pratiquement tous les pays du monde, les créateurs d’entreprises ne se sentiront plus obligés de passer par les méandres de la bureaucratie pour avoir droit à une existence légale. Une simple déclaration d’existence les obligeant à s’acquitter de leurs impôts et taxes suffit. Des impôts et taxes qu’il est important de revoir à la baisse car ils constituent du fait de leur caractère élevé, une des autres causes de l’option pour le commerce informel. Il est en effet important de savoir qu’en Algérie, les prélèvements obligatoires peuvent dans certains cas atteindre  40% du chiffre d’affaires déclaré, voire même, le dépasser notamment s’il y a bénéfice.

Les enquêtes sur l’informel ont par ailleurs mis en évidence l’absence de titres de propriété dans la plupart des locaux abritant des fonds de commerce. Les commerçants se contentent généralement d’un bail de location certes notarié, mais dont la légalité pourrait être contestée. Les contentieux signalés sont du reste nombreux. Ces locaux ne disposent pas d’actes de propriétés généralement à cause des défaillances des administrations concernées (Domaines, services de l’Urbanisme, OPGI etc.) qui tardent à accomplir les formalités nécessaires à l’obtention d’un acte de propriété définitif. En attendant les locaux sont vendus ou loués de manière informelle et ceux qui les exploitent à des fins commerciales souvent contraints à s’inscrire dans cette même logique.

Le plus grave aujourd’hui est que l’informel qui prospère plus que jamais a trouvé jonction avec le terrorisme international et les milieux islamistes les plus rétrogrades et dangereux (Wahabisme, salafisme, takfirisme ). Des milieux qui, de surcroît, disposent d’énormes moyens financiers que mettent à leur disposition des organisations proches des mouvances wahabite et salafiste, notamment. Toute la stratégie de ces organisations religieuses liées au marché informel consiste à empêcher la bancarisation de l’argent provenant des circuits informels, car le passage par les banques peut compromettre l’opacité recherchée. Les détenteurs de capitaux d’origine douteuses pourraient être ainsi identifiés et leurs réseaux mis à mal par les services de lutte contre le blanchiment et la propagande islamiste qui va généralement avec.

C’est du reste pour toutes ces raisons, que les riches salafistes évitent, en brandissant de bien douteuse professions de foi, de mettre les masses de capitaux qu’ils ont généralement brassées dans le commerce informel, dans les banques algériennes. Cela serait trop dangereux pour eux. La solution réside alors dans le change au marché parallèle de la devise qui leur permet de bancariser leurs avoirs dans les banques étrangères. Une pratique certes ruineuse pour le pays, mais qui leur permet de s’inscrire dans la mouvance islamiste internationale qui leur ouvrira pas mal de débouchés commerciaux à travers le monde musulman et d’y propager, avec le concours de saoudiens, qataris, turcs et autres hommes d’affaires de même obédience, la « dâawa »(prosélitisme) ou l’aide directe au terrorisme islamiste. De nombreuse nouvelles mosquées auraient été construites et financées par des « barons » de l’informel avec ou sans aides de l’internationale islamiste dans l’objectif d’en prendre contrôle et d’y répandre l’idéologie salafiste, avait affirmé, tout récemment, le Président du Conseil Islamique. Des maisons de Dieu réalisées avec de l’argent mal acquis seraient, selon cette même source, la dernière trouvaille de cette mouvance qui n’a d’islamique que le nom !!

Pour toutes ces raisons objectives jamais solutionnées, le marché informel et toutes les dérives y afférentes, ont toutes les chances de perdurer encore longtemps.  Les mêmes causes auront en effet tendance à produire les mêmes effets et ce ne sont certainement pas ces nouvelles recettes que recommande la Banque d’Algérie qui pourront y remédier. Pour venir à bout de ce phénomène qu’on a laissé naître et prendre l’ampleur démesurée qui est la sienne aujourd’hui, il faudrait que le gouvernement algérien s’implique dans cette lutte à la fois économique et sociétale, avec une volonté politique sans faille. Une action qu’aucun gouvernement n’osera entreprendre ne serait-ce que du fait que ce secteur offre présentement prés de 2 millions d’emplois et, environ, 15% des revenus des ménages.

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