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Messahel charge le Maroc, à propos du trafic de drogue: « On sait qui fait quoi !»

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Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a affirmé vendredi qu’en matière de trafic de drogue  « on sait qui fait quoi », soulignant que l’Algérien n’en est pas un producteur. Allusion faite au royaume alaouite  avec lequel les relations sont de plus en plus tendues ces derniers temps et notamment après la salve tirée par le Premier ministre Ahmed Ouyahia qui a déclaré sans ambages et ce qui lui valu un lynchage en bon et due forme pour son discours cru «que notre pays est sous des flots de hachisch et de cocaïne».

Cependant, c’est le ministre des affaires étrangères, qui est le plus virulent et plus direct. Il n’en est pas à sa première sortie puisqu’il a ouvert le bal, il y a quelques mois, en affirmant ouvertement et sans prendre de gants que « le Maroc fait dans le blanchiment d’argent du haschich et la Royal Air Maroc transporte autre chose que des passagers».

Et c’est au cours d’ un entretien à RFI qu’il a décoché d’autres flèches en chargeant le voisin de l’Ouest d’être à l’origine de ce trafic qui va au-delà d’un commerce illégal transfrontalier, puisqu’il finance d’autres fléaux, sources  d’instabilité dans la région.

En effet, lors de cette interview, diffusée à partir d’Addis-Abeba où  M. Messahel se trouve depuis quelques jours pour présider la délégation algérienne aux travaux du Conseil exécutif de l`UA, préparatoires au sommet de l’UA dans sa 30ème session ordinaire, prévue dimanche et lundi, le chef de la diplomatie algérienne a répliqué, à une question sur une  « coupure du dialogue entre l’Algérie et le Maroc dans la lutte contre le trafic de drogue » en estimant que « le dialogue entre les deux pays s’inscrit dans le cadre de la volonté politique des uns et des autres » signifiant que  « l’Algérie n’est pas un pays producteur de hachich, de drogue ou autre chose ».

Le chef de la diplomatie a été, on peut plus clair sur cette question en soulignant que  « nous faisons en sorte que chacun essaie, par les moyens qu’il a, de lutter contre ce phénomène pour la stabilité de la région. Donc il va falloir que chacun fasse l’effort de son côté, sans qu’il n’y ait de grandes polémiques. On sait qui fait quoi et on sait qui est derrière quoi. Donc, ça, tout le monde le sait », a-t-il signifié, faisant référence aux « rapports des Nations unies qui sont très, très clairs sur les trafics dans le monde ».

Le ministre des Affaires étrangères a rappelé, dans ce contexte, que lors de la conférence à Alger du Forum global de lutte contre le terrorisme, coprésidé par l’Algérie et le Canada, l’accent était mis sur le lien qu’il y a entre le crime organisé et la lutte antiterroriste.

« Aujourd’hui, le problème se pose qu’au niveau du Sahel, il n’y a pas d’autre source que les grands trafics. Donc il y a la drogue, il y a le trafic humain », a-t-il dénoncé, préconisant une coordination des efforts dans « le cadre des mécanismes au sein de l’Union africaine et de l’organisation sous-régionale à laquelle nous appartenons pour lutter contre ce phénomène ».

Sur le volet de la lutte contre la corruption en Afrique, le ministre a fait remarquer que « les enjeux pour ce continent se présentent en termes de comment l’Afrique peut récupérer son argent qui est placé un peu partout ? », en  estimant que les montants faramineux dus à l’évasion fiscale et le transfert illicite de capitaux, se chiffrent « en milliards de dollars ».

Le ministre préconise « d’aller peut-être au-delà, pour que les législations, au niveau de chaque pays, soient en adéquation avec cette volonté de lutter contre le phénomène de la corruption, à travers «  l’adaptation des cadres juridiques de chaque pays avec ses droits, pour qu’on puisse réellement combattre ce phénomène ».

« Nous avons notre propre doctrine en matière de paix et de sécurité »

S’agissant du G5 Sahel, un cadre de coopération régionale dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le fléau migratoire, soutenu par la France et quelques pays européens, qui regroupent cinq Etats du Sahel, à savoir la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, dans lequel le gouvernement ne s’y est pas impliqué, Messahel défend la position de l’Algérie, en mettant l’accent sur le principe de non ingérence dans les affaires des Etats.

Arguant que « ce n’est pas parce que nous n’avons pas de troupes. Notre armée a une vocation de défense nationale. C’est constitutionnel, c’est historique, c’est culturel », a-t-il soutenu, en ajoutant que «  les enfants de l’Algérie défendent leur pays ».

« Vous savez, a-t-il expliqué, nous avons notre propre doctrine en matière de paix et de sécurité. Surtout qu’il s’agit de notre région. Nous avons toujours privilégié l’effort national pour faire face à l’événement. Et cela, c’est partant du vécu, de l’expérience que nous avons vécue », rappelant la tragédie nationale que « nous n’avons compté sur personne pour nous en sortir, après une décennie noire et après 200 000 morts ».

Pour le ministre « compter sur soi est un facteur extrêmement important. On ne peut pas faire face au terrorisme et, par expérience, s’il n’y a pas une véritable mobilisation à l’interne » en soutenant que « ce dont a besoin le Mali, et ce que nous faisons pour le Mali, nous le faisons pour le Niger –, il ne faut pas le perdre de vue  mais on  ne va pas dans d’autres théâtres » a-t-il fait comprendre

En faisant valoir les actions concrètes consenties dans ce sens « notre devoir de soutien ou d’aide aux pays qui sont confrontés à ce genre de situation, là, on le fait par devoir, mais on le fait parfois dans la grande discrétion » en ajoutant que « l’Algérie a beaucoup investi dans la formation d’unités spéciales de lutte contre le terrorisme en territoire saharien.

En détaillant ces aides, « nous le faisons par les équipements en termes logistiques. Depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui, il y a plus de 65.000 cadres africains qui ont été formés chez nous. Nous le faisons pour le Mali, nous le faisons pour le Niger, nous le faisons pour d’autres pays de la sous-région » a-t-il conclu.

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