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Benkhalfa: « Les partenariats public-privé avec des investisseurs d’Europe ou du Golfe sont le levain de la croissance de demain »

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Dans cet entretien l’expert financier Abderrahmane Benkhalfa réagit aux derniers rapports des institutions financières internationales comme la Banque Mondiale et Oxford Business group qui ont revu à la hausse leurs prévisions concernant la croissance économique de l’Algérie.

M.Benkhalfa parle de deux raisons qui ont poussé ces institutions à revoir leurs prévisions. D’abord parce qu’elles avaient tablé leurs prévisions sur l’hypothèse d’un prix faible du baril de pétrole. Les prix sont actuellement en nette augmentation, loin de ceux de l’été 2017. Elles ont aussi tablé sur les dépenses budgétaires moins fortes.

Algérie-Eco : Après avoir prévue une baisse de la croissance de l’économie en Algérie, la Banque mondiale (BM) a revu ses prévisions à la hausse pour 2018 et 2019. La BM prévoit «la croissance du PIB de l’Algérie qui devrait s’établir à 3,6% en 2018», contre 1% prévu dans sa dernière édition de juin 2017, soit une hausse de 2,6 points. Pourquoi ce changement à votre avis ?

Abderrahmane Benkhalfa : Il y a aussi d’autres institutions financières qui ont revu leurs prévisions concernant l’économie algérienne pour l’année 2018 comme Oxford Business group qui dit que les perspectives économiques restent “positives” pour l’Algérie en 2018 malgré les défis liés notamment à la chute des recettes de l’Etat provoquée par le déclin du cours du pétrole depuis 2014. Et ce pour deux raisons.

D’abord parce qu’elles avaient tablé leurs prévisions sur l’hypothèse d’un prix faible du baril de pétrole. Les prix sont actuellement en nette augmentation, loin de ceux de l’été 2017. Elles ont aussi tablé sur les dépenses budgétaires moins fortes. Il faut savoir que plus le budget augmente plus les dépenses publiques augmentent. Et la croissance et toujours influencées par les dépenses publiques.  

La Banque Mondiale estime également qu’en Algérie, les nouvelles dépenses publiques d’investissement, liés au budget 2018 et l’orientation budgétaire plus expansionniste que prévu, devraient doper la croissance à court terme. Qu’en pensez-vous ?

Il y a une conjoncture qui fait que la tendance du recul de la croissance économique en Algérie est écartée. Les efforts nationaux doivent se concentrer plus sur le développement structurel qui est un challenge à venir. Car actuellement, il y a le secteur de l’agriculture qui commence à se développer, mais aussi celui de l’industrie qui décolle, reste le secteur des services qui est en décalage par rapport à ce qui ce qui se fait ailleurs.

Il ne faut pas oublier que ce sont les services qui valorisent le développement économique d’un pays. Et dans ce secteur, il y a deux filières importantes qu’il faut revoir en Algérie. C’est la distribution, c’est-à-dire qu’il faut revoir l’organisation et la régularisation des marchés de gros, car la concurrence n’existe pas. Un marché de gros déstabilisé peut freiner le développement économique d’un pays.  Aussi, il faut la modernisation du secteur bancaire et financier.     

Quelles sont actuellement les priorités nationales à votre avis ?

A mon avis, les priorités nationales ne sont plus dans la poursuite d’un investissement public à fonds perdus à partir de ressources budgétaires qui ne sont plus au niveau souhaité mais dans le changement du mode de fonctionnement et de financement de l’économie. Nous avons besoin de revoir le fonctionnement de notre économie et le développement du partenariat étranger, ou public-privé et d’entamer les réformes structurelles.

Je l’ai toujours dit, les partenariats public-privé avec des investisseurs d’Europe ou du Golfe sont le levain de la croissance de demain car ils nous permettront de substituer aux importations des productions nationales, avant de passer aux exportations de nos produits agricoles et industriels.

Il faut aussi de donner la priorité à l’investissement économique en apportant le maximum de flexibilité aux règles régissant celui-ci y compris les IDE, de cesser toute spécificité des méthodes de gouvernance publique notamment celles applicables actuellement aux entreprises et banques publiques. Sans oublier le ciblage du système de subvention car il est temps de réintroduire la valeur en révisant le système des subventions généralisées et le tarif des services publics.

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