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Pénuries, spéculations et vie chère en perspective : Faut-il craindre le syndrome vénézuélien ?

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Les tragiques manifestations populaires au Venezuela ont eu pour origine l’arrêt subit d’importation d’un millier de produits listés par le gouvernement de Nicolas Maduro, subitement pris dans la tourmente du déclin des recettes d’hydrocarbures qui finançaient, aussi bien, le train de vie d’un Etat très dépensier que, celui d’une population qui vivait nettement au dessus de ses moyens.

N’ayant pas, comme les algériens, eu la chance de disposer d’un fond de régulation des recettes pour retarder le choc d’un aussi subit déclin des finances publiques, les autorités politiques vénézuéliennes ont dû rapidement riposter par des mesures d’austérités draconiennes qui n’ont pas tardé à ébranler la population, subitement exposée aux affres des pénuries, de la dévaluation monétaire et de l’hyper inflation.

Le même scénario est en passe de se produire en Algérie où l’économie et le social fonctionnent selon le même principe de la dépendance aux recettes d’hydrocarbures. Le Fond de régulation des recettes créé au début des années 2000 par l’ancien ministre des finances, le professeur Abdelatif Benachnhou, à l’effet de retarder le choc durant une période aussi longue que possible, n’a malheureusement tenu qu’environ deux années.

Il est aujourd’hui totalement épuisé et même si les prix du baril ont progressé au cours de ces deux derniers mois ils ne peuvent à leurs niveaux actuels influer positivement ni sur les réserves de change en continuel déclin ni sur une éventuelle reconstitution du fond de régulation qui exige un prix minimum de 100 dollars par baril de pétrole.

Bien que différée de quelques années pour les raisons que nous avions évoquées plus haut, la crise économique qui affecte le Venezuela atteint aujourd’hui  l’Algérie. Les régimes sociopolitiques qui président aux destinées des deux pays étant de même nature (autoritaires, populistes, bureaucratiques et rentiers), les réactions face à la crise financière seront forcément les mêmes.

Des réactions basées sur une austérité généralement mal partagée et l’interdiction brutale d’un large éventail de produits importés auxquels les consommateurs s’étaient habitués. Avant même que les décisions gouvernementales soient mises en application les magasins de Caracas et, sans doute, ceux des autres villes du Venezuela s’étaient rapidement vidées de ces produits qui avaient aussi tôt pris le chemin du marché parallèle. Il n’en fallait pas plus pour allumer le front social qui avait durant plusieurs semaines embrasé le pays, causant de nombreuses pertes humaines et d’énormes dégâts matériels.

C’est cette démarche que semble avoir pris le gouvernement algérien, qui vient de suspendre « temporairement » l’importation de 850 produits de diverses natures, tout particulièrement prisés par les classes moyennes, sans prendre le soin de vérifier l’état de la disponibilité des produits locaux susceptibles de leur être substitués. Et tout le problème est là.

L’industrie algérienne n’étant globalement pas en mesure de satisfaire la demande, aussi bien, en quantité qu’en qualité, c’est vers une situation de pénurie et de spéculation qui généralement l’accompagne, semblable à celle que les algériens avaient subi à la fin des années 80, que le pays s’achemine inéluctablement, avec tout le lot de dérapages sociaux consubstantiel à ce genre de situation.

Les signes précurseurs de l’embrasement social sont déjà largement perceptibles à travers les nombreux mouvements et appels à la grève, les émeutes quasi quotidiennes généralement réprimées par les forces de l’ordre qui ont reçu pour consigne de maintenir à tous pris l’ordre,  jusqu’au prochain scrutin présidentiel.

Mais il est clair que le maintien de l’ordre a ses limites qui risquent d’être débordées dés lors que les étales subitement vides des magasins renverront l’image détestable d’un pays concrètement en faillite parce que mal géré par ses dirigeants et ruiné par la corruption.

Des étals des magasins vont en effet disparaître, du jour au lendemain,  pas moins de 550 produits alimentaires, parmi lesquels nous citeront pêlemêle, le  les viandes, les poissons, les conserves, les chocolats, les fromages, les pâtes alimentaires, les produits d’assaisonnement, les fruits et légumes etc.

A ces 550 produits que les algériens n’auront plus la possibilité d’acheter dans leur pays, il faut ajouter toute la panoplie des produits électriques, électroniques et électroménagers (téléphones portables, frigos, cuisinières, micro-ondes importés) disparaitront également des étales de nos magasins. La production locale bien qu’en nette amélioration sur le plan qualitatif ne sera, à l’évidence, pas en mesure de satisfaire une demande en constante augmentation. D’où les pénuries et les inévitables spéculations qui ne manqueront pas d’affecter ces produits. Les matériaux de construction ne sont pas en reste avec l’interdiction d’importer pratiquement tous les produits de revêtement fabriqués en Algérie (faïences, dalles de sol etc.) ainsi que de nombreux produits destinés aux corps d’état secondaires.  

Toutes ces interdictions d’importer des produits qui seraient fabriqués localement auraient été évidemment les biens venus si le gouvernement avait pris la peine de prendre d’abord la mesure de la production industrielle algérienne qui pèche, aussi bien, par ses insuffisances quantitatives, que par ses performances qualitatives.

Les consommateurs algériens en quête des meilleurs rapports qualité-prix, continueront comme il est à craindre, à priser les produits importés quitte à se les procurer sur le marché informel à qui profitera sans doute le plus, cette vague sans précédent d’interdictions d’importations.

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