AccueilLa uneIndustrie automobile : D’une situation d’anarchie à un monopole autorisé

Industrie automobile : D’une situation d’anarchie à un monopole autorisé

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«Il n’y aura pas 50 producteurs de véhicules légers ou lourds (en Algérie), la liste est limitée (…) c’est un marché qui va être rétréci et qui sera monopolisé. Nous comptons sur ceux qui sont sur place pour tenir la balle ».

Cette déclaration pour le moins surprenante avait été faite lors de l’inauguration du Salon de la production nationale qui se déroule à la Safex. S’adressant à des concessionnaires qui voulaient décrocher des autorisations pour démarrer des activités d’assemblage automobile, le chef de l’Exécutif avait rétorqué que «nous n’allons pas laisser refaire l’histoire des minoteries».

En ajoutant «si on a arrêté d’importer 500 000 véhicules/an, soit 6 milliards de dollars, ce n’est pas pour importer 600 000 kits aujourd’hui. Les 500 000 véhicules étaient importés à l’époque où nous avions 174 milliards de dollars (de réserves de change, Ndlr) mais aujourd’hui, à novembre, nous n’en avons que 98 milliards de dollars», a-t-il justifié avant de lancer «dans l’avenir vous serez cinq pour l’automobile et cinq pour les camions».

Ces déclarations sont étonnantes à plus d’un titre et dénote du bricolage dans la gestion de l’économie. Non seulement, c’est un aveu d’échec mais ce qui est encore plus absurde est le fait de rectifier le tir en « légalisant le monopole » avec cette mesure restrictive qui tend à réduire les investisseurs dans l’activité du montage véhicule à une dizaine d’opérateurs. Cela est totalement antinomique avec cette soi-disant ouverture économique prônée en permanence.

La solution au problème que pose cette filière doit se trouver dans le cahier des charges qui doit booster les segments de la sous-traitance et non dans la limitation des dossiers d’investissements. Cela veut dire qu’on cherche à créer des chasses gardées et à faire profiter « certains milieux d’affaires » des réserves de change sans un retour sur investissement.

Pour l’expert financier, Ferhat Ait Ali, les choses sont, on ne peut plus clair, il considère que « ce qu’ a déclaré Ouyahia, est une reconnaissance par sa bouche que toute l’affaire n’est qu’une combine douteuse sinon quel Etat sérieux oserait limiter les investissements dans ce domaine au moment ou au niveau mondial, ils se font rares? Ce qui est bien avec nos autorités, et qu’il suffit d’être un peu patient pour les voir confirmer, vos soupçons au moment où elles pensent avoir réussi le camouflage ».

Le gouvernement précédent  avait décidé de gel de l’activité du montage automobile aux fins d’une réévaluation car le taux d’intégration était factice. Cependant la nouvelle mouture du cahier des charges, n’apporte rien de concret, ce qui laisse penser que «  l’importation déguisée » se poursuivra, seulement, elle profitera à 10 opérateurs seulement.

Pour les observateurs, c’est le flou total, ils ne comprennent pas  les détails de cette mesure. Est-ce qu’il s’agit de maintenir les unités déjà existantes, et porter leur nombre à dix ? Ou au contraire, 10 autres operateurs viendront allonger la liste des opérateurs déjà opérationnels sur le terrain ?

Ils s’interrogent par ailleurs, sur la chronologie qui a caractérisé ce dossier, et ne comprennent pas pourquoi cette mesure n’a pas été prise au départ ? Puisqu’elle est censée limiter les dégâts et, éviter à l’Etat de gaspiller des devises ?

En somme, il s’agit d’un non sens, de vouloir croire à une activité d’assemblage automobile, en prétendant faire de l’intégration, sans l’existence d’un tissu de PME/PMI. Les experts et les spécialistes n’ont pas cessé de le répéter. Ainsi donc, ce secteur qui  suscite beaucoup de passion est passé  d’une situation anarchique, sans doute voulue  à un monopole autorisé.

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