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Michel Bisac, P-dg et Fondateur de la société Les Pages Maghreb : « Il faut réserver la règle 51/49 aux grandes entreprises »

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Dans cet entretien, M. Michel Bisac, P-dg et Fondateur de la société Les Pages Maghreb, est revenu sur les activités de son entreprise en Algérie et les difficultés de s’installer et d’investir dans le pays.

Algérie-Eco : Quels sont les services que propose notre société ?

Michel Bisac : Les Pages Maghreb est une société de droit algérien créé en mars 2006. On a démarré en 2006 avec essentiellement l’annuaire papier, puisque à l’époque l’internet n’était pas encore très visible ici en Algérie. Et puis, avec la montée du web et notamment l’arrivée de la 4G, nous avons décliné nos services également sur internet. Nous avons donc aujourd’hui l’annuaire qui est décliné sur internet et en application mobile.

Ce qui fait le métier de base de notre société, ce sont les bases de données. Et comme il n’y a pas de bases de données en Algérie, on essaie d’exploiter au maximum toutes nos bases de données, c’est pourquoi  on s’est tourné vers la relation client afin d’aider les entreprises à se mettre en relation avec d’autres entreprises. Cela a entrainé la création d’un call center de 120 positions qui est spécialisé uniquement sur l’Algérie. Nous ne faisons pas d’offshore et nous travaillons seulement avec les entreprises algériennes.

Depuis l’année dernière, on a rajouté les études de marché, parce que beaucoup d’entreprises veulent connaitre la concurrence, savoir ce qui se passe sur le marché et comment accéder au marché algérien. Nous travaillons donc soit directement par des enquêtes au téléphone, soit par des enquêtes sur le terrain pour poser des questions aux consommateurs afin d’avoir un compte rendu directement aux entreprises. On a adjoint ce département à nos équipes, nous faisons de la prise de rendez-vous, ainsi que des enquêtes de satisfaction. On commence à être connu dans ce domaine, parce qu’on est sérieux et très réactif. Nous allons sortir au 1er trimestre de l’année 2018 le dictionnaire algérien du médicament, basé uniquement sur des médicaments fabriqués et commercialisés en Algérie.

Notre plus grand client est Renault Algérie qui, il a y 4 ou 5 ans, avait plus de 200 numéros de téléphone où ils étaient joignable. Aujourd’hui Renault Algérie a un numéro unique qui aboutit ici sur notre plateforme à partir de laquelle nous faisons du commercial, du service après-vente, des enquêtes et des réclamations. Mais nous avons aussi d’autres clients qui exècrent dans d’autres secteurs, comme les assurances, les banques, l’immobilier pour des opérations de vente et l’industrie agroalimentaire.

Quelles sont parts de marché et le chiffre d’affaires de l’entreprise ?

On a quasiment 100% de parts de marché, et dans les annuaires on est presque tout seul. Dans le domaine des calls center, on n’est pas très nombreux à s’être spécialisé sur l’Algérie, parce que nous avons beaucoup de calls center qui font de l’offshore et pas du client algérien. Mais nous privilégions le marché local. En 2016, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 250 millions de DA. En 2017, le marché était plus difficile que les précédentes années, mais on est en progression. Nous travaillons beaucoup avec les entreprises privées et très peu avec les entreprises publiques. La difficulté aujourd’hui est de se faire payer, parce que les entreprises sont en difficulté financière. Les délais de paiement sont un peu plus longs, de l’ordre de 4 mois environ.

Quels sont vos projets à l’avenir ? Est-ce que vous prévoyez de recruter du personnel ?

L’objectif est de continuer à nous développer dans notre domaine. On n’a pas de projets, puisqu’on a la chance d’être sur un marché qui est assez vierge dans lequel on a peu de concurrence. On a mis une barrière à l’entrée qui est très forte, parce qu’une autre entreprise qui voudrait s’installer, devra lutter contre 12 ans d’expérience. Et j’ai 14 personnes qui travaillent sur la base de données. Je sais que les grands groupes algériens ont l’habitude de se diversifier dans différents domaines, on n’a pas les moyens, car on est une petite PME qui se spécialise dans son métier. Notre souhait est de traverser la crise sans beaucoup de casse, de pouvoir garder l’emploi  et d’assurer la pérennité de l’entreprise. Nous avons un très faible taux de turnover dans l’entreprise, mais nos employés s’y plaisent très bien. Mais recruter beaucoup de personnel compte tenu le contexte économique, est un peu difficile.

Pensez-vous que le business de l’externalisation, notamment les calls center, ait un avenir en Algérie ?

Je pense que l’avenir est là. Toutes les entreprises qui avaient des calls center intégrés, aujourd’hui, elles les externalisent, parce qu’elles ont du mal à les gérer. Quand une entreprise intègre un call center, il devient une partie de l’entreprise et elle perd en efficacité. Nos clients sont extrêmement exigeants, ils nous obligent à avoir un suivi et ils nous font auditer par d’autres calls center. Nous sommes condamnés à l’excellence, ce qui n’est pas le cas des calls center en interne. Ce modèle a de l’avenir, parce qu’on obtient de meilleurs résultats quand on paie pour un service.

Quelles sont les principales difficultés auxquelles vous êtes confrontés dans ce métier en Algérie ?

La première difficulté est la disponibilité de l’information. Si vous vous adressez par exemple au CNRC pour récolter des informations, vous vous rendez compte que les entreprises ont déposé leurs informations à la création, mais souvent, c’est l’adresse des membres de la famille. Les gens n’ont pas la culture de prévenir l’annuaire pour dire, je change de numéro de téléphone. C’est à nous donc d’aller chercher l’information. Une autre difficulté, c’est la crise de liquidité que nous connaissons aujourd’hui, les banques n’aident pas les entreprises notamment les PME en leur donnant des possibilités de financement.

Pour une entreprise étrangère qui souhaite s’installer en Algérie, c’est compliqué car il faut prévoit un an de fonds de roulement. Avec la règle 49/51, vous avez moins d’entreprises étrangères qui se sont installées en Algérie. C’est plus facile pour une grande entreprise où l’Etat est actionnaire de traiter directement avec les autres entreprises et l’Etat. Mais pour une PME qui amène de l’argent, du savoir-faire et éventuellement du transfert pour monter son usine, elle est obligée de trouver un partenaire, va prendre 51% du capital de la société en amenant peut-être de l’argent, parfois pas, ou peu de savoir-faire. Il faut réserver les 51/49 aux grandes entreprises. Il faut beaucoup de persévérance et même de résilience pour pouvoir s’installer en Algérie.

L’Algérie a beaucoup à apprendre du savoir-faire des autres pays européens, parce qu’aujourd’hui l’ère des marchands est finie, on ne peut plus importer de marchandises pour la revente en l’état, et l’Algérie a intérêt à attirer des investisseurs étrangers. Autre difficulté pour nous c’est la valeur du dinar, notamment pour le transfert des dividendes. Quand on transfert par exemple 10.000 euros de dividendes, c’est l’équivalent de 1,4 millions de DA.

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