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Malek Serrai, consultant : « Pour la privatisation des entreprises publiques, l’Etat doit miser sur les capacités managériales »

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Dans cet entretien, le consultant et expert en économie, M Mbarek Malek Serrai réagit aux dernières informations faisant état de la volonté du gouvernement de relancer le processus de privatisation des entreprises publiques. Selon lui, le Gouvernement devrait tenir compte de la précédente opération qui a été, pour lui, un fiasco.  L’Etat doit, selon lui, miser sur les capacités managériales concernant les repreneurs de sociétés publiques, et garantir une formation pour les travailleurs de ces entreprises.

Algérie-Eco : le Gouvernement compte relancer, selon certaines sources, l’opération de privatisation des entreprises publiques par le biais de l’ouverture du capital. Selon ces sources, la priorité sera donnée, aux entreprises privées nationales. Vous qui étiez, par le passée, opposé à la privatisation des entreprises nationales, quel commentaire faites-vous à ce sujet?

Mbarek Malek Serrai : Nous avons eu dans le passé, il y a 10 à 20, de mauvais résultats concernant la privatisation des entreprises publiques. C’est pour cela que j’étais parmi les dizaines de spécialistes et experts du domaine à avoir critiqué cette opération telle qu’elle a été menée à l’époque. Le gouvernement avait essayé donc la privatisation des entreprises nationales au profit de capitaux nationaux ou étrangers et nul ne peut nier que dans la majorité des cas, c’était un fiasco.

De milliers d’ouvriers ont été mis en chômage. Certaines entreprises ont été détournées de leur vocation, nous avons fait des enquêtes auprès de certaines entreprises qui ont été privatisées à Alger, Annaba et Oran, la plus part étaient minée par le foncier, c’est-à-dire il y avait des litiges dans ce domaine. On a constaté que de nombreuses sociétés ont été achetées par des privés à des prix très bas juste pour avoir le terrain. Donc on aimerait bien éviter les erreurs du passé.

Quelles ont été les autres anomalies que vous aviez relevées à l’époque ?

Il y avait le manque de transparence, la bureaucratie au niveau des SGP et les pressions de corruption. J’ai estimé qu’il était nécessaire d’observer une trêve de réflexion supplémentaire à même de permettre de niveler tous les problèmes liés aux textes, aux fonciers industriels, aux dettes cumulées par les entreprises déficitaires ainsi que la situation des milliers de travailleurs en suspens, menacés par les compressions, donc le chômage. Pour moi, il s’agissait tout d’abord d’apporter des clarifications sur les privatisations, élément structurant de la stratégie industrielle.

Sur ce point, j’ai toujours demandé une nouvelle nomenclature de la nouvelle industrie algérienne, en proposant notamment un nouveau listing des secteurs à développer destinés en particulier, aux opérateurs économiques à l’affût de la moindre information concernant la politique de réindustrialisassions. Sauf que, la bureaucratie était  un mal terrible qui pénalisait plus qu’il ne résout les contraintes liées à la privatisation.

S’y ajoutaient, les pressions de corruption minant ce processus. J’avais relevé aussi que le rôle de l’IGF dans ce cas, n’apporte qu’un plus moral et cela ne suffit pas puisqu’il est question d’un travail pédagogique d’ordre économique et financier.

Que faut-il donc éviter pour la relance de cette opération afin de ne pas tomber dans les mêmes erreurs du passé ?

Le Gouvernement qui compte donc relancer l’opération de privatisation des entreprises publiques devrait tenir compte de cette mauvaise expérience qui n’était même pas rentable.

Donc il ne faut mettre les gens dehors, exiger une formation aux travailleurs qui sont maintenus pour être plus rentable car on sait que la vision du privé est plus développée que celle du public.

Il faut arrêter de ramener des cousins et des cousines pour remplacer ces ouvriers. Pour la privatisation des entreprises publiques, l’Etat doit miser sur les capacités managériales concernant les acheteurs de sociétés publiques. Si non nous allons vers une catastrophe. Il faut donc exiger ce point dans le cahier des charges et garantir la formation.

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