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Le Sénégal veut faire décoller son économie avec un nouvel aéroport

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Le Sénégal inaugure jeudi un nouvel aéroport international, un projet d’infrastructure ultramoderne porté depuis dix ans par deux présidents successifs, dont le pays souhaite faire une plaque tournante en Afrique et un moteur de son développement économique.

Situé à Diass, à 47 km au sud-est de Dakar, l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), du nom du premier député africain élu au Parlement français (1872-1934), remplace dès jeudi l’aéroport international Léopold-Sédar-Senghor (AILSS), en proche banlieue de la capitale.

L’AILSS, baptisé en hommage au père de l’indépendance et premier président sénégalais, principal aérodrome du pays depuis plus de 70 ans dont les vols passent au-dessus de quartiers très peuplés, sera reconverti en aéroport militaire à partir de vendredi.

Malgré d’ultimes incertitudes concernant notamment l’accueil des compagnies aériennes, l’AIBD sera inauguré à 12H00 GMT par le président Macky Sall, 10 ans après la pose de la première pierre par son prédécesseur Abdoulaye Wade, avec un important retard sur le plan initial.

Ces derniers jours, les compagnies aériennes, qui n’ont pu effectuer les contrôles des indispensables cuves à kérosène qu’en début de semaine, ont fini par informer leurs passagers voyageant à partir du 7 décembre du changement d’aéroport.

« Cet aéroport sera déterminant pour la promotion de la destination Sénégal » et aura des « effets d’entraînement sur les autres secteurs de l’économie », en particulier grâce à la proximité du projet de ville nouvelle de Diamnadio, à une dizaine de kilomètres, a affirmé mardi devant l’Assemblée nationale le Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne.

Le pays veut se doter ainsi d’une « plaque tournante et un point préférentiel d’escale technique en Afrique, pour les trafics aériens d’Afrique, d’Europe et des Amériques », selon un communiqué du gouvernement.

La position géographique du Sénégal, « équidistante de l’Europe occidentale, de l’Amérique du Nord, de l’Amérique du Sud et de toute l’Afrique australe, lui offre un très grand avantage comparatif dans le courant des échanges internationaux et en fait un hub naturel », souligne le gouvernement.

Le président Sall a fait du développement des infrastructures un pilier de son Plan Sénégal émergent (PSE).

Mais cet investissement s’est avéré bien plus cher et long que prévu.

Estimée en 2007 à moins de 200 milliards de francs CFA (305 millions d’euros), la construction aura finalement coûté plus du double: 424 milliards de francs CFA (645 MEUR), selon la ministre des Transports aériens, Maïmouna Ndoye Seck.

Le chantier a également connu de nombreux aléas, qui expliquent sa durée « énorme », selon le directeur de l’AIBD, Abdoulaye Mbodj.

Le géant saoudien du BTP BinLaden Group, premier maître d’oeuvre, a été remplacé en 2016, après un conflit avec l’Etat sénégalais, par deux sociétés turques, Summa et Limak.

Ces entreprises turques détiennent par ailleurs à elles deux 66% du capital de la société ayant obtenu la gestion pour 25 ans de l’aéroport, l’Etat sénégalais conservant une minorité de blocage de 34%.

Implanté sur un espace de 4.500 hectares dont seulement 2.500 sont utilisés, l’AIBD dispose d’une aérogare à deux niveaux ainsi que d’une mezzanine permettant une séparation complète entre les flux arrivée, départ et transit, et de six passerelles télescopiques pour accéder directement aux avions.

Cet agencement lui permet d’accueillir d’emblée trois millions de passagers par an, contre deux millions pour son prédécesseur, avec une capacité projetée de 10 millions dans les prochaines années.

Sa piste et ses « équipements de dernière génération » peuvent accueillir tous les types d’avions, y compris les très gros Airbus A380, selon son directeur technique, Alassane Ndiaye.

A partir de l’AIBD, les touristes pourront facilement, grâce à l’autoroute, se rendre dans les stations balnéaires réputées de la « Petite-Côte », au sud-ouest de Dakar, comme Saly et Popenguine.

En revanche, en sortir ou y accéder depuis la capitale risque de se révéler nettement plus compliqué, et plus cher. Risque de bouchons, tarifs élevés des taxis (une vingtaine d’euros minimum), système de navettes de bus pas encore rodé: les Dakarois craignent des débuts difficiles.

Reste que pour réellement s’affirmer comme « hub » africain, le Sénégal devra se doter d’une compagnie aérienne nationale.

Née officiellement après la faillite de Sénégal Airlines en avril 2016, Air Sénégal, ne devrait pas obtenir ses licences internationales, indispensables au démarrage de ses activités commerciales, avant début 2018.

Symboliquement, les deux ATR 72-600 récemment acquis par la nouvelle compagnie doivent participer au défilé aérien prévu pour l’inauguration.

Ecofin

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