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Emmanuel Macron en Algérie : Une visite et des interrogations

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Trop courte pour faire un large tour d’horizon de tous les problèmes qui plombent et empêchent les relations algèro-françaises de s’émanciper des pesanteurs idéologiques léguées par une Histoire commune, la visite qu’effectuera mercredi prochain le jeune président de la République Française Emmanuel Macron, cristallise toute une symbolique que les algériens, tout comme les français ne manqueront pas de décrypter au fil du déroulé des visites protocolaires,  des déclarations politiques communes et, bien entendu, des décisions phares qui seront annoncées.

La visite du tout nouveau chef de l’Etat française qui ne durera que quelques heures, n’aurait pas valeur de visite officielle nous apprennent les médias de l’hexagone. Elle ne serait en réalité qu’une étape parmi celles qu’il vient d’effectuer dans de nombreux pays d’Afrique de l’ouest et s’achèvera, croit-on savoir, au Qatar où il est attendu dans la nuit du 6 décembre 2017.

Mais aussi courte soit elle, la présence de Macron à Alger est de nature à relancer la lourde machine diplomatique grippée par toutes sortes de contentieux et de malentendus, pour certains, remontant aux premières heures de l’indépendance du pays. Jeune chef d’État de moins de 40 ans qui n’a pas vécu la guerre d’Algérie, Macron sera certainement plus à l’aise que ces prédécesseurs, tous marqués par ce douloureux épisode, pour affirmer crument des réalités qui conviendraient aux algériens en attente du repentir français pour enfin dédramatiser les relations à venir.

Sa présence peut également contribuer à donner un bon cap aux relations économiques notamment si ce dernier clarifie la nature des partenariats qui ne porteront désormais plus sur les exportations de marchandises françaises vers l’Algérie, mais sur la production commune des biens les plus sollicités par les algériens. Et il y a, à l’évidence, beaucoup à faire dans ce domaine, la présence d’entreprises françaises en Algérie ne dépassant guère 400 unités.

Tout se jouera sur la qualité du travail des commissions mixtes, mais aussi et surtout, celle des collaborateurs d’Emmanuel Macron qui ont très certainement consacré beaucoup de temps et d’énergie à préparer cette visite dont pourraient tirer bénéfices les deux pays concernés, tant les intérêts communs sont énormes.

Par son acuité, le volet sécuritaire est de nature à occuper l’essentiel des pourparlers. La France est comme on le sait militairement engagé au Mali et plus discrètement au Niger, pays limitrophes avec qui l’Algérie partage quelques 3000 kilomètres de frontières à haut risque d’infiltrations terroristes. La France cherchera très certainement à impliquer davantage l’Algérie dans la lutte anti- terroriste qui se conjugue bien souvent avec la gestion des flux migratoires que craint par-dessus tout l’ex pays colonisateur. La France serait tentée de demander au gouvernement algérien de stopper les flux de migrants partis du Sahel moyennant des avantages qui restent à négocier.

Mais pour le commun des algériens, la crainte est que cette visite serve de tribune à quelques responsables politiques pour présenter les actions économiques, voire même, politiques en termes de concurrence entre l’Algérie et le Maroc, ce dernier ayant bénéficié il est vrai d’attentions plus accrues de la part de la France (usines de montages automobiles d’importance continentale, soutien apporté au Maroc dans le conflit qui l’oppose au Polisario etc.).

Il ne faudrait également pas, et les algériens y seront très sensibles, que l’octroi de gros projets économiques aux entreprises françaises, résultent de malsaines tractations autour de soutiens ou de déclarations complaisantes qui arrangeraient les intérêts d’une classe politique au détriment des autres. Les épisodes Hollande et Ayrault ont en effet été très mal vécus par les algériens qui y ont perçu un certain parti pris, mais aussi et surtout, une ingérence qui ne dit pas son nom, dans les affaires politiques du pays.

C’est dire l’importance de cette visite, dont les actes (et notamment l’audience que lui accordera dans l’après-midi le Président Bouteflika) seront scrutés à la loupe par les observateurs d’ici et là-bas en France où les partis de l’opposition attendent la moindre faute à exploiter.

De certains médias français on apprend que du fait de la maladie du président Bouteflika , c’est au président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, que reviendra l’honneur de l’accueillir à l’aéroport d’Alger. Outre les pourparlers à caractère général qu’il aura avec le premier ministre et le président de la République, il est question qu’Emmanuel Macron effectue un bain de foule au niveau des rues Didouche Mourad et Larbi Ben M’hidi. Les chaînes de télévisions ne manqueront certainement pas de relayer les gestes et propos qu’échangeront à cette occasion les citoyens algériens et le Président de la république Française. Le bain de foule très mouvementé de Jacques Chirac à Bab El Oued en mars 2003 est encore dans la mémoire collective algéroise.

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