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AIFA Paris – Rachats d’entreprises : pièges et bonnes pratiques en Afrique francophone

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Savoir approcher les patrons africains, connaître les mécanismes des entreprises et les rouages de leur marché, identifier les réglementations incontournables : ce sont là quelques-uns des conseils recensés par les participants à une table ronde sur les fusions et acquisitions (F&A) en Afrique francophone, organisée à Paris par le groupe Leaders League.


Quand on veut s’implanter sur un nouveau marché, quel meilleur moyen que de reprendre ou racheter une entreprise pour gagner du temps ? Certes, mais encore faut-il éviter les mille et une embûches et autres chausse-trapes qui peuvent guetter les investisseurs. C’est en substance ce qu’ont expliqué les participants à une table ronde sur les fusions et acquisitions (F&A) en Afrique francophone, organisée par le groupe Leaders League (éditeur du magazine Décideurs) dans le cadre de l’Africa Investments (AIFA Paris), un événement qui a réuni quelque 400 dirigeants du secteur public et privé, jeudi 23 novembre, à Paris. 

« En Afrique, les vraies pépites sont des entreprises familiales », a observé Roland Portella, président de CADE (Coordination pour l’Afrique de demain). Et selon lui, les « opportunités sont nombreuses », notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation ou des technologies de l’information et de la communication (TIC), avec des entreprises « très innovantes » mais en « manque de leviers pour grandir ». Autrement dit, en manque de capitaux pour se développer, situation qui, en principe, ouvre un boulevard pour les opérations de F&A. Outre les TIC, le secteur de l’énergie continue d’offrir également de bonnes occasions aux investisseurs, ainsi que les télécoms, l’agroalimentaire et les banques.

Les bonnes pratiques 

Le premier piège à éviter réside pourtant dans l’approche même des dirigeants de ces entreprises. « Il faut savoir leur parler, a affirmé Julien Famy, associé senior chez Environnemental Resources Management (ERM), un cabinet de conseil en environnement, santé, sécurité et risques. Il faut leur parler capital humain, croissance de l’activité, développement de l’entreprise, création de valeur », a-t-il insisté. Et convaincre « la cible » que l’investisseur s’installe sur la durée, qu’il n’est pas là « pour faire un coup ». 

« Il faut qu’il y ait une permanence des capitaux, a confirmé Khaled Igue, président du Club 2030 Afrique. Les gens ne comprennent pas que des investisseurs viennent et s’en aillent au bout de cinq ou six ans ». Une des solutions serait donc, selon Khaled Igue, de « s’installer dans le pays » où l’on veut se développer, en « créant une filiale », en passant « des partenariats », avant de proposer de racheter une entreprise : « Il faut prendre le temps de chercher ».

Le piège des « coûts cachés »

Pour Sylvie Vassanaix-Paxton, associée à DWA, cabinet d’avocats d’affaires, il est d’ailleurs primordial « d’avoir une bonne connaissance locale, comprendre les mécanismes et les fonctionnements de l’entreprise, en connaître les paramètres vraiment essentiels, et notamment le respect des réglementations ». 

En clair, ce qui est « déterminant pour l’activité » de l’entreprise ciblée : connaître tant les réglementations indispensables à respecter que celles qui sont « contournables », mais aussi avec qui négocier et qui rémunérer, etc. Une entreprise rachetée qui ignorerait ou changerait un de ces paramètres pourrait, par exemple, se retrouver sans commandes du jour au lendemain. 

Ces éventuels « coûts cachés », selon le jargon des avocats, il vaut mieux les identifier et évaluer avant toute F&A. Et pour cela il faut être sur place, a insisté Sylvie Vassanaix-Paxton, car « faire un deal en restant dans son bureau [ailleurs que dans le pays visé, ndlr], c’est une gageure, un rêve qui n’existe pas ».

Un  marché à 600 milliards de dollars

Reste que, si le marché des F&A se développe rapidement en Afrique (+ 50 % en 2016 par rapport à 2015), ces opérations de financement n’ont représenté que 40 milliards de dollars l’année dernière, à comparer aux 3 600 milliards de dollars au niveau mondial, a détaillé Karim Zine Eddine, directeur de Recherche chez Paris Europlace. 

« L’essentiel des opérations se font en Afrique du sud et dans des pays émergents et dynamiques comme le Zimbabwe, l’Égypte, le Maroc ou le Nigeria », a tempéré Julien Famy. 

« Les holdings sont en Afrique du sud, a pointé pour sa part Sylvie Vassanaix-Paxton. Les opérations de F&A n’atteignent que par ricochet l’Afrique francophone où peu de holdings sont basés ». 

Karim Zine Eddine assure cependant recevoir beaucoup de demandes de conseils de la part d’Africains « pour savoir comment financer les projets de développement » des entreprises. La Cnuced a évalué ces besoins de financement à 600 milliards de dollars sur les vingt prochaines années.

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