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Colloque de JISR : les nouvelles générations face à la révolution numérique

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« JISR France Djazair », fondé au printemps dernier par l’avocat français Jean-Pierre Mignard, se présente comme un « laboratoire d’idées » qui a pour objet de développer les synergies entre ingénieurs, scientifiques, entrepreneurs et juristes des deux pays, dans le domaine des nouvelles technologies. Il a tenu son premier colloque consacré à la « révolution numérique » dans les locaux de l’école MDI Business school, mettant particulièrement en avant le rôle des étudiants et jeunes entrepreneurs dans le déploiement des technologies innovantes. Étaient notamment présents de nombreux membres du club étudiant de l’Ecole nationale Polytechnique d’Alger (le CAP, « club d’activités polyvalentes »).

La séance d’ouverture a d’ailleurs été l’occasion pour l’ambassadeur de France en Algérie, M. Xavier Driencourt, de souligner la nécessité d’adapter le système des visas aux nouvelles réalités de l’économie, évoquant notamment une réflexion sur les visas destinés aux jeunes diplômés qui effectuent des stages de quelques mois dans des entreprises françaises.

Après les mots d’accueil de M. Brahim Benabdeslem, directeur de MDI, Me Mignard a plaidé en faveur d’un « pont » entre les deux pays, pour rapprocher les universités et écoles et faire que les nouvelles générations « ne soient plus face à face mais côte à côte ». Il a situé cette volonté dans un double contexte : celui de l’enjeu du traitement des données numériques et de l’intelligence artificielle, celui du changement climatique qui impose de soutenir le développement de l’Afrique sub-saharienne pour contenir les migrations de masse que connaissent déjà l’Algérie et l’Europe. Me Mignard, fondateur du cabinet d’avocats Lysias, est un soutien influent du nouveau président Emmanuel Macron.

M. Jean-Louis Levet, qui est depuis mai 2013 le haut responsable côté français à la coopération économique entre la France et l’Algérie, a développé le concept de la « co-innovation », terme qu’il préfère au transfert de technologie, qui témoigne selon lui d’une approche dépassée. La co-innovation suppose un travail commun, de même que la co-localisation est la forme de production qui doit se substituer à l’ancienne relation fondée sur le seul import-export.

Une table ronde sur le pilotage de l’innovation a rassemblé le Pr Merouane Debbah (groupe Huawei) et Farid Ghanem, directeur de la recherche chez Brandt (Cevital). Une autre sur la propriété industrielle a permis de confronter les expériences des responsables algérien (Djamel Djedat, directeur des brevets à l’INAPI) et français (Mme Martine Clemente, directrice à l’INPI).

Appel à témoignages de jeunes entrepreneurs

La troisième table ronde a posé avec énergie la question des jeunes entrepreneurs. La Française Adèle Galey a présenté l’initiative qu’elle a lancée avec trois amis de moins de 25 ans, et qui est aujourd’hui soutenue par de grands groupes industriels et financiers partenaires. Se revendiquant de l’entrepreneuriat social, « Ticket for change » se propose d’accompagner les jeunes qui veulent lancer un projet susceptible de résoudre un problème de société. 130 start-ups ont été aidées, avec des réussites dans des applications numériques ayant trait à l’environnement ou à la santé (la consultation de médecin en ligne notamment). Pour illustrer sa démarche de façon originale, elle a appelé les jeunes entrepreneurs algériens à témoigner de leurs succès ou de leurs « galères » sur une plateforme ouverte dans les dix prochains jours.

Le débat qui a suivi avec des jeunes Algériens, notamment Chems-eddine Bezzitouni, initiateur de Algeria World Experiences, qui met en relations des start-ups, a été riche d’enseignements. Personne n’a contesté les efforts importants des pouvoirs publics algériens, notamment via l’ANSEJ, mais le manque d’« accompagnement humain » a été souligné. Les incubateurs de jeunes pousses n’ont pas seulement besoin d’un lieu et d’un financement, ils ont besoin d’un « capital humain ». Les grands groupes privés n’ont pas été épargnés non plus par les critiques : ils n’en font pas assez pour soutenir et lancer de jeunes entreprises qui ne sauraient être vues comme des concurrentes, ont souligné plusieurs participants.

L’économiste Alexandre Kateb a été le dernier intervenant en analysant les causes de la faiblesse de l’Algérie en matière d’innovation. Il a suggéré d’accélérer le développement de l’économie numérique et de l’économie du partage (mais sans aller jusqu’à une ubérisation excessive de la société). Il a suggéré aussi d’abroger la règle du 51/49 dans les secteurs à haute valeur technologique où l’Algérie a besoin de partenaires, afin de faciliter les investissements notamment de la part de la diaspora.

Rappelons par ailleurs que le Bureau Business France auprès de l’Ambassade de France en Algérie organisera du 3 au 5 décembre prochain une nouvelle édition du « Forum algéro-français de l’économie numérique ».

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