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Hocine Bouraba, président de l’ONTA : « les choses vont très mal dans le secteur du transport privé »

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Dans cet entretien, le président de l’ONTA, M Hocine Bouraba nous révèle, que son organisation a envoyé récemment des écrits au ministre des transports et au premier Ministre soulevant les préoccupations des transporteurs privés surtout avec l’annonce d’une nouvelle hausse des prix du carburant dès 2018, et demandant des audiences avec les responsables. Il annonce également que les transporteurs privés veulent entamer des mouvements de protestations.

Algérie-Eco : Les transporteurs privés de voyageurs montent une nouvelle fois en créneau. La raison cette fois-ci c’est l’information faisant état de la hausse des prix du carburant en 2018, c’est-à-dire pour la troisième année consécutive. Cette hausse sera de l’ordre de trois dinars le litre, affirment diverses sources, justifiant la mesure par des «impératifs de lutte contre la contrebande ». Comment votre fédération réagit à ce sujet ?

Hocine Bouraba : Je ne vous cache pas, les choses vont très mal dans le secteur du transport privé. Les transporteurs privés veulent à tout prix aller vers une grève nationale car ils ont trop attendu pour voir les engagements de la tutelle se préciser sur le terrain. Ils sont perdants sur toutes les lignes. Souvenez vous de la grève qui a été déclenchée par les transporteurs privés de voyageurs de la wilaya d’Alger début juillet, une grève pour protester contre la mise en service de nouveaux bus de l’Etablissement de transport urbain et suburbain d`Alger (ETUSA).

C’était aussi l’occasion aussi pour eux de relancer l’idée de l’augmentation des prix du ticket. La suspension de la grève est venue suite à une réunion tenue entre les représentants des transporteurs et le directeur des transports de la wilaya d’Alger.  Ce dernier s’est engagé à régler le problème au plus tard dans quatre jours. Mais depuis, le problème persiste encore.

Aussi, les organisations syndicales y compris l’ONTA ont calmé les esprits et nous avons demandé aux transporteurs de patienter encore puisque les portes du dialogue étaient ouvertes, mais nous ne savons pas aujourd’hui si elles le sont toujours. Les transporteurs avaient même menacé de reprendre leur mouvement de grève juste après le Bac. L’appel a été lancé par les directeurs régionaux et directeurs de wilayas du syndicat qui m’ont annoncé que les transporteurs veulent reprendre leur mouvement de grève. Le transporteur privé est très affectés par ces hausses et les charges qui pèsent sur lui.

Donc avec l’annonce de la hausse du carburant dès 2018, le gouvernement ne nous laisse pas le choix que d’aller vers des mouvements de protestations pour arracher nos revendications.

Qu’avez-vous prévu au sein de l’ONTA à ce propos ?

Face à une telle situation, nous avons envoyé un écrit au nouveau ministre des transports et un autre au Premier ministre, soulevant tous ces problèmes et demandons une audience. Nous avons décidé aussi d’attendre la fin de septembre, s’il n’ya pas de réponses de leur part, nous allons envoyer une deuxième fois un écrit au ministre des transports, et si d’ici fin octobre rien ne se fait, c’est là que nous déciderons des actions de protestation à mener, car notre patience a des limites. Cela fait plus de deux ans que nous courrons à droite et à gauche pour préserver les droits des transporteurs privés.

Il y a eu en 2016 une réunion avec l’ex ministre des transports,  qui s’est engagé, suite à une réunion regroupant cinq syndicats des transports dont l’ONTA, à régler la situation en réussissant à convaincre les transporteurs de ne pas augmenter les prix et c’est ce qui s’est produit. Une autre réunion s’est tenue en janvier dernier lors de la deuxième augmentation des prix des carburants où nous avons convenu de maintenir les tarifs, mais à condition que l’Etat tienne ses promesses, à savoir le gel de l’octroi des lignes privées du transport terrestre collectif de voyageurs, urbain et inter- wilayas.

Notre plate forme de revendication contenait 11 points. Les plus important concernent l’octroi des allégements fiscaux, et l’effacement des pénalités ainsi que de donner un échéancier à long terme aux transporteurs afin de payer leurs impôts. Il faut savoir que 70% des transporteurs n’ont pas payé leurs impôts, d’où la nécessité d’appliquer des mesures de facilitation.

Il y a aussi la baisse des tarifications des gares routières, permettre aux transporteurs d’afficher la publicité sur leur bus. Sans oublier pour le renouvellement du parc national de transport, nous avons appelé l’Etat à appliquer l’exonération de la TVA et des taxes douanières lors de l’achat de bus, mais aussi un délai de pas moins de 10 ans pour le remboursement des crédits.

Malheureusement, aucune de ces revendications n’a été satisfaite jusqu’à présent.

Les organisations syndicales des transporteurs privés regrettent d’être marginalisées. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce point ?

Cette marginalisation, les organisations syndicales l’ont senti lors de l’organisation d’un séminaire sur la sécurité routière, tenu en fin juillet dernier. Ce qui les a marqués, c’est que toutes les associations du secteur ont été conviées à cet événement pour participer, sauf les organisations syndicales. Pourtant, le ministère des transports sait bien que la présence du partenaire social est importante. Mais aussi le transport privé à son poids dans l’économie nationale sachant qu’il transporte 12 millions de personnes par jour sur le territoire national, c’est très important. Le privé représente  95% dans le transport et le public 5%.

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