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Faire de l’urbanisation de l’Afrique une opportunité

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Plus d’un milliard d’Africains vivront en ville dans vingt ans, selon les prévisions des experts des Nations Unies. Une projection qui justifie à elle seule que les Rencontres économiques organisées le 19 septembre à Paris par l’Institut du monde arabe (IMA) aient consacré une table ronde à l’urbanisation exponentielle des villes du Continent. Un défi urbanistique, mais aussi un phénomène générateur de nombreuses opportunités.

« Nous sommes condamnés à l’urbanisation, nous n’avons pas le choix [mais] il faut retourner l’urbanisation en opportunités » pour faire face à ces défis que sont l’assainissement, l’adduction d’eau, la fourniture d’électricité, la collecte et le traitement des déchets, a souligné d’emblée Mansour Cama, qui préside la Société sénégalaise d’investissement et la Confédération nationale des employeurs du Sénégal. Et d’ajouter : « Tous les États responsables prennent aujourd’hui en compte cette explosion urbaine », mais comme « les villes et surtout les zones périurbaines grandissent à une vitesse exponentielle, nous courons derrière »… en termes de satisfaction de besoins.

Président de Veolia Africa et Middle East, Patrice Fonlladosa a renchéri en soulignant que si « cette explosion démographique dans un temps extrêmement court est une grande nouveauté sur le continent africain », elle constitue également « une formidable opportunité pour nos entreprises d’exercer dans le domaine de l’environnement ». Et de donner en exemple le Niger, l’un des pays les plus pauvres d’Afrique, où Veolia est présent et gère la distribution de l’eau depuis cinq ans, en expliquant que « 65 % de la consommation d’eau sont gérés directement » et réglés par téléphone (smartphone). Dans certains secteurs comme la téléphonie mobile, l’Afrique est paradoxalement en pointe depuis longtemps, accomplissant ainsi de réels sauts technologiques – les fameux « leapfrogs ».

« Cela va révolutionner le secteur de l’énergie »

Il en va de même dans le domaine de l’énergie. Président-fondateur de GreenYellow, spécialisée dans l’équipement de panneaux solaires, Otmane Hajji assure et se réjouit que « 20 % à 25 % de l’énergie sera solaire en 2050 ».

« Avec l’irruption du solaire, la lumière pointe un peu partout en Afrique, souligne d’ailleurs le patron de Veolia, grâce à des startups et de petits opérateurs qui développent des capacités de stockage ». Et ces nouvelles pratiques signent peut-être la mort des grands circuits de distribution : « Cela va révolutionner le secteur énergétique. Cela ne marche plus d’avoir une organisation centralisée pour livrer l’eau et l’électricité aux populations », se félicite Anthony Mallows, responsable du développement de Masdar City, cluster de technologies innovantes à Abu Dhabi, aux Emirats Arabes Unis.

« Les infrastructures ont besoin de partenariats public-privé »

Reste cependant que « ce n’est pas à nous de décider où les gens doivent vivre », observait Patrice Fonlladosa, en se montrant très sceptique sur la construction de grandes villes nouvelles – fussent-elles labellisées « vertes » et « dévelopement durable » – prônée par certains. Car selon lui, « ce que l’on demande aux opérateurs économiques, c’est d’accompagner et de sociabiliser les habitants des villes » et non de choisir à leur place où ils veulent s’installer pour vivre et travailler.

Pour mieux repenser les villes africaines de demain, des priorités se dégagent et s’imposent comme l’assainissement, qui « est vraiment le parent pauvre en Afrique », selon l’expression de Patrice Fonlladosa, et les infrastructures.

« On ne finance pas assez les infrastructures en Afrique » qui « ont besoin de partenariats public-privé [PPP] », observe encore le Sénégalais Mansour Cama qui avoue « ne pas avoir d’états d’âme ». « Peu importe d’où vient l’argent – qu’il soit chinois, turc ou d’ailleurs –, l’urgence, c’est de réaliser ces infrastructures » et de « réfléchir à leur maintenance, en y associant toujours le secteur privé et les entreprises locales », gage d’un bon développement économique qui profite à tous les acteurs, y compris nationaux. Et de faire remarquer que « l’on aurait pu faire au Sénégal » les traverses de la ligne de TER construite pour relier Dakar à la ville nouvelle de Diamniadio. Car le développement de l’Afrique doit d’abord tenir compte des ressources et du savoir-faire des Africains eux-mêmes.

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