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Abderrahmane Hadef, Président de la CACI du TITTERI : « L’investissement régional, un moteur de développement local, peine à décoller »

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Abderrahmane Hadef , Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du TITTERI Médéa, Chef d’Entreprise dans le Bâtiment et la Logistique, Ingénieur d’état en Génie électrique de l’INELEC Boumerdes. Titulaire d’une PGS en marketing à l’INPED Boumerdes et d’un MBA exécutif  à MDI Alger- EDHEC Lille et ancien cadre dans l’amont pétrolier à la Sonatrach, souligne dans cet entretien, la nécessité du développement local qui reste, selon lui, «  un important levier pour la relance économique de l’Algérie, à condition de bien connaitre les potentialités des régions et de mettre en place une cartographie des pôles excellence régionaux.

Algérie-Eco : Depuis votre élection à la tête de la chambre de commerce du TITTERI, qu’elle est votre constat concernant les problèmes de l’investissement régional en Algérie ?

Abderrahmane Hadef : Depuis notre élection à la présidence de la Chambre de commerce du Titteri, il nous a été donné de constater que l’investissement régional qui est considéré comme un moteur de développement local, peine à décoller, malgré toutes les mutations qu’a connu l’arsenal juridique national (nouveau code de l’investissement, la nouvelle loi sur les PME les différentes lois de finances…).

Malgré la volonté des pouvoirs publiques au niveau central pour simplifier les procédures et les démarches, l’investisseur ou bien l’entrepreneur dans les différentes régions du pays reste confronter à une multitude de contraintes telles que l’accès au foncier industriel, le financement, la complexité dans la délivrance des autorisations d’exploitation. Aussi il faut noter que le poids de l’administration local, à mon sens, demeure très lourd dans l’acte d’investir, chose qui ralentit énormément la croissance et la cadence des investissements.

A titre d’exemple, si on voit les statistiques relatives aux projets d’investissement à la wilaya de Médéa, sur les 450 dossiers étudiés depuis 2011, seulement 310 ont été acceptés pour qu’à la fin de course on se retrouve avec 05 projets en exploitation.  Ceci est pratiquement le même cas de figure dans toutes les régions.

Qu’elle est l’effet du changement des ministres de commerce et de l’industrie dans une courte période sur la gestion de ces secteurs?

On espère qu’il y est un effet positif. Ce sont deux secteurs clé de notre économie chargés de la relance industrielle et de la régulation du marché. Pour ce qui est de l’impact de ces changements sur le développement local, je dirais qu’il est minime. Les régions sont plus sensibles aux changements à la tête des collectivités locales plus qu’elles ne le sont au niveau des ministères.

Qu’elles sont les obstacles qui empêchent les industriels algériens à aller vers l’exportation de façon plus soutenue?

L’export est un grand chantier qu’on doit gérer avec beaucoup de rigueur et de professionnalisme. C’est toute une dimension dans l’arène économique qui doit être mise en place. En commençant par le cadre juridique pour mieux encadrer notre commerce extérieur. Ensuite vient, l’entreprise qui doit inscrire l’export dans son plan stratégique et s’organiser en conséquence.

L’entreprise doit maitriser toute la chaine du métier de l’export pour pouvoir disposer d’une offre exportable (compétitive et durable). Parallèlement à cela, c’est la logistique à l’export qui doit se développer selon les besoins du terrain afin de faciliter au maximum à nos entreprises leurs activités d’exportation et ainsi leur permettre d’ avoir une meilleure maitrise des couts et des délais. Donc pour résumer un bon cadre juridique (Réglementation des changes, système bancaire et douanier modernes), une meilleure maitrise du métier de l’export et enfin une très bonne logistique.

Il y a aussi le rôle des associations professionnelles telles que l’ANEXAL et l’ACE et bien d’autres qui ont un grand rôle à jouer dans le conseil et l’accompagnement des entreprises voulant s’internationaliser.

A signaler aussi, le rôle important du réseau des chambres de commerce et d’industrie (CCI) en collaboration avec la Chambre Algérienne du Commerce et d’Industrie (CACI), qui se sont lancés dans un vaste programme de formation sur les métiers de l’export afin de permettre aux entreprises locales de former et recycler leurs personnels en la matière.

La production national s’étouffe malgré les mesures prises par le gouvernement afin de diminuer la facture de l’importation,  selon vous, est ce que ces mesures vont combler le manque ?

A mon avis, il faut déjà commencer par identifier la production nationale, par filière, par région et surtout par capacité de production (Formelle et informelle).  A partir de là, on peut parler de la mise en place d’un système de régulation qui comprends une limitation des importations, afin d’encourager les producteurs nationaux à étendre leurs capacités et en même temps diminuer la note de la facture d’importation.

Tout ceci reste conjoncturel, vu que notre économie est appelée à plus d’ouverture vers l’international. Nos entreprises doivent en profiter de cette phase pour mieux se préparer à intégrer la chaine de valeurs mondiale.

Qu’elles sont vos propositions pour booster le développement local ?

Aujourd’hui les pouvoirs publics au niveau central sont plus que jamais décidés à faire du développement local un des leviers sur lesquels s’appuiera la relance de notre économie. Néanmoins, cette volonté a du mal à prendre forme sur le terrain, ce qui impose une démarche plutôt pragmatique et opérationnelle s’articulant sur les axes suivants :

1 – La Mise en place d’une cartographie économique du pays pour identifier les potentialités des régions et donner de la visibilité à tous les acteurs (investisseurs locaux et étrangers, administration, pouvoirs publiques …). Ceci nous permettra la mise en place des pôles de compétitivités par région selon leurs vocations.

2- Moderniser l’administration au niveau des collectivités par l’introduction des TIC et des nouvelles techniques de gestion des projets d’investissement.

3- Inciter le privé à la création et la gestion des zones industrielles.

4- Renforcer le rôle des CCI, association professionnelles  et organisation patronales pour un meilleur accompagnement des entreprises.

5- Encourager la création des clusters par filière pour une meilleure synergie des entreprises.

6- Encourager la création d’entreprises dans des filières à haute valeur ajoutée.

7- Faciliter l’accès aux financements par la mise en place d’une banque dédiée au PME.

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