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Nouveau gouvernement : quelle lecture économique ?

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La nomination de Abdelmadjid Tebboune à la tête de l’exécutif fut une surprise pour les observateurs qui ont cru que Sellal allait être reconduit d’autant plus qu’il avait entamé les consultations avec les partis à titre officieux pour former une nouvelle équipe gouvernementale.

Il est certain que le premier ministre sortant ne pouvait pas effectuer de telles consultations s’il n’avait pas reçu le feu vert d’en haut. Alors que s’est-il passé ? Mystère !

Mais plus que la surprise du nom du successeur de Sellal, c’est la composition de la nouvelle équipe qui laisse un peu perplexe particulièrement les ministres en charge du secteur économique, en l’occurrence : l’industrie, les finances, l’énergie et le commerce.

Tous les observateurs de la scène économique nationale s’accordent  à dire que l’ancien ministre de l’industrie a échoué dans sa mission : un secteur industriel à l’agonie, un code des investissements vidé de sa substance par le nombre de renvois vers des textes d’application qui pour une bonne partie n’ont pas encore vu le jour d’où la confusion dans la mise en œuvre de la loi, le problème du foncier industriel qui reste un véritable blocage malgré les promesses et les déclarations au sujet de création de nouvelles zones. A cela on peut rajouter les polémiques relatives au secteur de l’automobile : cahier des charges, affaire Tahkout, dossier Peugeot, ect.

En réalité, le cœur du problème réside dans l’absence d’une véritable stratégie industrielle basée sur les avantages comparatifs de notre pays et dans la confusion même de la mission du département de l’industrie qui est souvent assimilé à un  ministère « du secteur public ».

Le nouveau ministre doit impérativement corriger le tir en commençant par doter ce département d’une véritable feuille de route qui s’appuiera pour l’essentiel sur le secteur privé national et qui doit privilégier le rapprochement entre ce dernier et le secteur public. L’ouverture du capital et pourquoi pas le retour à la politique de privatisation de certaines  entreprises serait une piste à explorer en tenant compte de l’exigence de transparence.

Quant au département des finances, et s’il est admis que le nouveau ministre dispose de compétences indéniables dans le domaine fiscal doublée d’une capacité d’écoute très appréciée par les opérateurs, il n’en demeure pas moins que dans cette période de crise, il fallait opter pour un autre profil.

Un ministre des Finances doit disposer d’une expérience pluridisciplinaire en matière de politique économique et financière.

Une bonne connaissance du fonctionnement  des institutions de financement internationales est également nécessaire car il n’est pas exclu de recourir au financement extérieur.

Il aurait peut-être été préférable de charger le nouveau ministre du département du budget et nommer un véritable argentier avec des prérogatives très larges en matière de réforme du système bancaire et financier actuel et surtout en matière de diversification des sources de financement de l’économie.

Le secteur de l’énergie lui aussi a connu un changement qui laisse perplexe. En effet le départ  de Bouterfa était inattendu dans la mesure où ce dernier s’est bien acquitté de sa tâche lors du sommet de l’OPEP à Alger et il commençait à avoir cette connaissance « fine » des arcanes de cette organisation.

D’un autre côté le ministère n’est plus responsable, ou du moins pas le seul responsable de la mise en œuvre du programme des énergies renouvelables. Ce qui peut créer de la confusion voir des blocages d’un programme stratégique pour le devenir d’une transition énergétique de notre pays.

Enfin, le département du commerce resté sans ministre titulaire depuis le décès de feu Bekhti Belaïb sera dirigé par un wali !

Loin de douter des compétences de ce commis de l’état en matière de gestion locale, il est quand même légitime de s’interroger sur ses capacités à réguler le marché intérieur des biens et services et surtout à poursuivre les négociations avec l’OMC ?

En conclusion, l’Algérie est confrontée à de grands défis économiques qui nécessitent en premier lieu une vision claire et partagée. C’est cette vision que doit élaborer le nouveau locataire du palais de gouvernement, s’il ne souhaite pas « naviguer à vue » comme ce fût le cas jusqu’à maintenant.

En somme, il faut sortir de la zone de confort vers une zone d’effort. C’est ce qui est attendu de M.Tebboune et de son équipe.

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