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Un nouveau rôle pour les banques de développement?

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Une réunion organisée par la Banque mondiale et la Banque de développement du Brésil (BNDES), début mai, a été l’occasion pour les banques de développement du monde entier de faire le bilan de leur action et de se demander où leurs efforts auraient le plus d’impact.

Les banques de développement peuvent contribuer à trouver les fonds qui permettront d’atteindre les Objectifs de développement durable que le monde peine à mobiliser. Elles peuvent inciter le secteur privé à participer et nouer des partenariats public-privé, en particulier pour le financement d’infrastructures.

Cependant, si les banques de développement sont utilisées à mauvais escient, cela peut entraîner des risques budgétaires et fausser le marché du crédit. C’est pourquoi ces institutions doivent avoir un mandat bien défini, être à l’abri des influences politiques, s’attacher à pallier les graves défaillances du marché, se concentrer sur les domaines où le secteur privé est absent, suivre et évaluer leurs interventions et s’adapter de sorte que leur action porte ses fruits et, enfin, avoir des pratiques transparentes et rendre des comptes.

La discussion a été axée sur deux thèmes : comment tirer parti des capitaux privés et comment créer de nouveaux marchés. Pour aider les petites et moyennes entreprises (PME) à se financer, les banques de développement recourent à des garanties de crédit partielles et laissent aux prêteurs privés le soin d’émettre, de financer et de recouvrer les prêts. Sur les marchés peu concurrentiels, elles aident à créer un écosystème de prêteurs spécialisés dans les micros, petites et moyennes entreprises (MPME) auxquels elles procurent des sources de financement stables.

Le soutien à l’innovation passe souvent par des investissements conjoints avec des bailleurs de fonds privés, ou par des investissements dans des fonds qui, à leur tour, accordent des prêts à des projets risqués. Les banques de développement ont mis en place des plates-formes d’affacturage pour répondre aux besoins du marché. Par exemple, afin de financer des projets d’infrastructure, la Colombie a créé une nouvelle institution, la Financiera de Desarrollo Nacional (FDN), qu’elle a chargée de piloter le développement du marché et de fournir des liquidités afin d’atténuer un risque que les acteurs du marché n’étaient pas disposés à assumer.

Les banques de développement peuvent s’appuyer sur leur expérience pour inciter le secteur privé à participer au financement des objectifs de développement et lui apporter une assistance technique, des services de consulting, de management et des conseils techniques.

Plus précisément, les banques de développement peuvent :

  • Laisser le financement de projets commercialement viables et « sûrs » au secteur privé.

  • Investir en priorité dans des projets moins commercialement viables mais qui ont un impact important en termes de développement : construction de routes et de systèmes d’adduction d’eau dans des endroits reculés, investissements dans l’énergie propre, aide aux municipalités souhaitant concevoir et financer des projets d’urbanisation essentiels, financement de projets de R&D risqués ou appui à des projets à impact social.

  • Recourir avec discernement à des prêts directs ou à des prises de participation directes et les compléter par des mesures qui encouragent l’entreprenariat et le développement des marchés financiers privés, ce qui peut faciliter l’accès des entreprises privées au crédit.

  • Repenser l’analyse financière en fonction des progrès de la numérisation. Ainsi, KfW, la banque allemande de développement, se distingue par les efforts qu’elle déploie dans ce domaine pour soutenir le développement durable, les exportations, ainsi que les nouveaux défis posés par le vieillissement de la population et par l’Industry 4.0, qui se définit comme la tendance actuelle à l’automatisation et l’échange de données dans les technologies de production. 

  • Lorsqu’elles prêtent directement pour de grands projets d’investissement, les banques de développement devraient opérer dans le cadre d’un consortium avec des banques privées, en finançant moins de 50 % du projet afin d’inciter le secteur privé à participer et en veillant à la viabilité du projet. Par exemple, en Colombie, la FDN ne peut financer que 20 % d’un projet d’infrastructure et la Banque de développement des Caraïbes cofinance des projets avec d’autres banques de développement, en plus du partage d’informations et de programmes de formation. Il en découle une collaboration avec le secteur privé pour obtenir un soutien financier.

  • Trouver des solutions innovantes pour attirer des capitaux privés, notamment au moyen de systèmes de garantie de crédit, de rehaussements du crédit ou des fonds de contrepartie. Par exemple, au Chili, le programme Startup Chile de la CORFO, l’agence de développement économique chilienne, encourage l’expansion des fonds de capital-risque locaux, tandis qu’au Brésil, la BNDES s’emploie à mettre en place un marché des obligations d’entreprise.

  • Soutenir le développement d’un écosystème de sociétés d’affacturage, de crédit-bail et de financement des MPME en proposant des sources de financement stables via des lignes de crédit ou un accès facilité aux marchés financiers, à l’instar de ce que fait la Nacional Financiera (NAFIN), la banque nationale de développement mexicaine.

  • Inciter le secteur privé à assumer une plus large part des responsabilités dans les opérations et à proposer un financement à long terme pour les projets d’infrastructure.

  • Remédier aux problèmes de coordination public-privé dans des projets d’investissement dont le rendement social attendu est supérieur au rendement privé, ce qui dissuade les investisseurs. (Par exemple, le soutien apporté au contrôle de la qualité des exportations et à la mise en place d’installations partagées pour vérifier la qualité des aliments a permis aux producteurs boliviens de noix d’Amazonie de s’approprier 90 % du marché européen entre 2010 et 2015.)

Au début du mois, la Banque mondiale a publié deux rapports portant sur l’infrastructure et les partenariats public-privé en Amérique latine. Pour Martin Raiser, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Brésil, « Il faut renforcer la réserve de projets, la fiabilité du cadre réglementaire, la gouvernance et le contrôle des prestataires et des titulaires des contrats de concession, ainsi que la stabilité de la politique macro-économique » (a).

Pour résumer, nous pensons que les banques nationales de développement doivent jouer un rôle parallèle à celui du Groupe de la Banque mondiale en tant que banque multilatérale de développement : elles doivent inciter le secteur privé à participer au financement des besoins du secteur public, par exemple dans l’infrastructure, et apporter une assistance technique pour rendre l’environnement plus propice.

Nous pourrons dès lors nous concentrer sur le financement d’autres enjeux que nous considérons comme stratégiques pour le développement international, mais auxquels le secteur privé s’intéresse peu.

Source : W.BANK

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