Lors de notre virée dans la capitale le jour du vote, nous avons constaté de visu le manque d’engouement des citoyens, notamment les jeunes qui ont par leur indifférence lancé un message fort à la classe politique qui a intérêt à revoir sa copie envers cette frange de la société qui compose la grande majorité de la population.
Nous avons effectué des tournées permanentes au niveau des bureaux de vote de la capitale, hier jusqu’à tard dans la journée où nous avons constaté que les urnes attendaient désespérément les électeurs. Un représentant du parti FFS (Front des Forces Socialistes), rencontré au niveau du centre de vote Lycée Emir Abdel Kader à Bab El Oued, nous a affirmé que l’opération s’est déroulée dans la transparence et qu’il y a des urnes qui n’ont reçu qu’une dizaine de bulletins», ajoutant que « sur les 5775 inscrits entre hommes et femmes, au niveau de ce centre avec ses 25 bureaux de vote, il y a seulement 2500 votants, jusqu’à 18H30».
L’un des curieux qui faisait le tour des bureaux au même Lycée, constatant les urnes presque vides nous a fait savoir «que les jeunes algériens ont lancé un message fort au gouvernement et aux partis politiques par leur abstention », tout en affirmant avec ironie qu’il n’a pas accompli son devoir électoral. « Pourquoi faire, les députés veulent les privilèges, l’intérêt du peuple, c’est leur dernier souci ».
Au niveau du centre de vote de Aissat Idir, à la place du 1er mai, bien qu’un semblant d’affluence règne, les représentants des partis que nous avons interrogés, nous ont confirmé « qu’il n’y a pas une grande participation, le taux est en dessous de la moyenne ».
Par contre au niveau du centre de vote de l’école Dhamia, dépendant de la mairie d’Alger-centre, un représentant du FNA (Front National Algérien), a estimé que « l’opération s’est stagnée à partir de 14H00». Le chef du centre de l’école El Miâradj, à Alger -centre, nous a expliqué que « les citoyens ne s’intéressent pas beaucoup aux élections législatives contrairement aux élections APC/APW ».
Une ambiance de non-événement
L’ambiance était plutôt nonchalante au début de la matinée. Ce sont surtout les personnes âgés et les retraités qui se présentaient pour voter. Des observateurs de l’Union Africaine étaient présents au niveau du collègue Pasteur. Au moins cinq représentants des partis politiques devaient être présents dans chaque bureau de vote. Cependant, nous avons observé la présence d’un seul représentant dans certains bureaux, notamment ceux du RND et du FLN.
« Je vote depuis plus de trente ans à chaque scrutin, car c’est un acte citoyen», nous a confié un retraité, qui a fait le déplacement au collège Pasteur. Toutefois, il a regretté le désintérêt de la jeunesse à l’égard de ces élections.
« Je suis ici en Algérie pour suivre ces élections dans un contexte de crise économique », a déclaré M. Christian Chesnot, journaliste à France-Inter », en ajoutant «on a parfois une image déformée de l’Algérie quand on la voit de l’extérieur ».
Un directeur d’un centre de vote au niveau d’un collège à Alger Centre, réservé aux hommes, nous a confié que « peu de jeunes ont fait le déplacement pour voter, alors que les personnes âgés se sont plus mobilisées ».Il a précisé que « le centre a connu en début de matinée, la visite des observateurs de la Ligue arabe qui ont inspecté deux bureaux de vote ».Toujours au niveau du même centre de vote, un représentant du RND, nous a affirmé que « nous avons dénombré 147 votants vers 10 heures du matin ».
Le responsable du centre de vote au collège de Telemly, nous a confié que « vers 14 heures, le représentant de la Ligue Arabe a inspecté deux bureaux de vote pour constater d’éventuelles irrégularités», en ajoutant « sur 4384 inscrits sur la liste électorale, seulement 313 personnes ont voté ».
Cependant, loin des bureaux de vote, l’activité des citoyens dès la matinée semblait normale comme les journées précédentes, les commerçants ont ouvert leurs magasins, les marchés informels se sont installés comme à l’accoutumée, les citoyens sont sortis faire leurs courses, donnant ainsi, un aspect de non-évènement à ces élections législatives.
