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France: pour le futur président, pas de miracle économique en vue

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Une croissance plus robuste mais des conditions financières moins conciliantes: le vainqueur de la présidentielle, quel qu’il soit, devra composer avec un environnement en demi-teinte, qui limitera ses marges de manoeuvre et rendra difficile un « miracle économique » lors du prochain quinquennat.

Finie la croissance atone des premières années du mandat de François Hollande et les déséquilibres nés de la crise financière: l’économie française « a retrouvé un peu de couleurs » et bénéficie de « signaux encourageants », souligne à l’AFP Axelle Lacan, économiste chez COE-Rexecode.

La rentabilité des entreprises, après avoir sombré au début des années 2010, s’est ainsi redressée ces derniers mois. L’investissement privé, par ricochet, s’est amélioré. Quant aux créations d’emplois, elles ont fortement redémarré, laissant présager une décrue progressive du chômage.

Des éléments prometteurs, mais insuffisants pour espérer une accélération brutale de l’activité. Selon l’OFCE, la croissance « à environnement inchangé » devrait ainsi plafonner à 1,5% cette année, puis redescendre à 1,4% l’an prochain, avant de repasser à 1,5% et 1,7% entre 2019 et 2021 – soit une moyenne annuelle de 1,6%.

D’après la Banque de France, la reprise économique serait même plus lente. La hausse du Produit intérieur brut (PIB) culminerait en effet à 1,3% en 2017, en dépit du dynamisme attendu sur le premier trimestre, et se limiterait ensuite à 1,4% en 2018 et 1,5% en 2019.

Quel que soit le chiffre final, « le niveau restera modéré », prévient Axelle Lacan, qui anticipe une « tendance spontanée » comprise entre 1,3% et 1,1% d’ici 2022. En cause: les faiblesses persistantes de l’économie française, notamment sur le plan du commerce extérieur.

« On a encore de gros problèmes de compétitivité-coût », qui entravent le redémarrage économique de la France, explique à l’AFP Patrick Artus, chef économiste chez Natixis. Une difficulté liée, selon lui, à un problème de positionnement: « en France, on a le niveau de gamme de l’Espagne mais avec les coûts de production de l’Allemagne ».

Plusieurs nuages noirs, en outre, se profilent à l’horizon, qui pourraient rajouter des difficultés conjoncturelles à ces problèmes de fond. A commencer par la remontée des prix du pétrole, liée à la décision des pays de l’OPEP de réduire leur production et à la hausse de la demande mondiale.

« Cela va amputer la croissance, en pénalisant le pouvoir d’achat », explique Patrick Artus, qui rappelle que la baisse des cours a fortement soutenu l’activité ces dernières années.

Autre problème potentiel: la remontée des taux d’intérêts, qui entraînera, à moyen terme, un renchérissement du coût de la dette. « Le risque de voir la charge d’intérêts se mettre à progresser est tout sauf négligeable », a ainsi mis en garde récemment le président de la Cour des comptes, Didier Migaud.

Un appel à la prudence relayé par la Banque Centrale Européenne (BCE) elle-même, même si aucun changement de cap n’est pour l’instant prévu. « Les acteurs économiques, notamment les Etats, doivent se préparer à un environnement de taux d’intérêt plus élevés », a prévenu lundi Benoît Coeuré, membre du directoire de la BCE.

Difficile, dans ces conditions, de promettre monts et merveilles. « Le futur président disposera de marges de manoeuvre limitées, à moins qu’il ne décide de s’affranchir des règles européennes et de creuser les déficits », prévient Antoine Bozio, professeur à l’Ecole d’économie de Paris, interrogé par l’AFP.

Une alternative elle aussi compliquée… car tributaire du bon vouloir des prêteurs. « Dépasser les 3% de déficit, c’est possible, mais ça ne peut pas se faire de façon permanente. Au bout d’un moment, il faut trouver quelqu’un pour se financer », ajoute le chercheur.

Le vainqueur de la présidentielle pourra-t-il, grâce à son programme économique, faire fi de ces contraintes ? Plusieurs candidats en font le pari, en annonçant des taux de croissance proches de 2,5%.

Mais « les réformes mettent du temps à se matérialiser, et il n’est pas dit que le vainqueur puisse changer la trajectoire de croissance à l’échelle d’un quinquennat », souligne Antoine Bozio.

Une prudence partagée par Patrick Artus, pour qui le futur président devra « faire des choix ». « Le problème, c’est qu’actuellement il n’y a pas en France de gains de productivité, et donc de marges de manoeuvre réelles. C’est une contrainte absolument terrible que les candidats n’ont pas l’air d’avoir intégrée », conclut l’économiste.

 

Afp

 

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