AccueilContributionsLe blanchiment d’argent prospère en l’absence de moyens de paiements modernes

Le blanchiment d’argent prospère en l’absence de moyens de paiements modernes

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Cent vingt cinq déclarations de soupçons de blanchiment d’argent sale ont été portées à la connaissance de la Cellule de Traitement du Renseignement Financier (CRTF), expressément  chargée par le ministère des finances de faire la lumière sur ce phénomène qui n’est pas exclusif à l’Algérie, mais qui a pris une ampleur considérable dans notre pays à la faveur de l’insécurité qui y avait régné durant de longues années.

Ce chiffre révélé par une source proche du ministère concerné ne donne malheureusement pas la mesure exacte des malversations commises, du fait qu’il se base uniquement sur des informations fournies par les banques et les établissements financiers étatiques.

Les opérateurs susceptibles de renseigner sur ces mouvements de ces fonds qui impliquent toute une panoplie d’opérateurs devraient en effet être plus nombreux et les faits signalés certainement plus importants.  On peut citer entre autres les notaires chez qui transitent des sommes parfois colossales en liquides destinées à régler des transactions commerciales souvent douteuses, certains comptables et commissaires aux comptes que l’appât du gain a transformé en ingénieux blanchisseurs d’argent flux financiers, les agents immobiliers qui captent une partie non négligeable des capitaux d’origines incertaines et les bijoutiers qui offrent aux trafiquants de tous bord de transformer l’argent mal acquis en or.

Toutes ces sources potentielles d’informations n’ont curieusement donné aucun renseignement utile susceptible d’aider à lutter contre le fléau du blanchiment d’argent qui gangrène la société algérienne, notamment depuis que les flux d’importations se sont accrus à la faveur de la reprise économique.

L’étalage sous nos yeux de signes extérieurs (Achat et construction de villas somptueuses, exhibition de véhicules de luxe, création de fonds de commerce par de citoyens surgis du néant etc.), ne trompent pas sur l’origine, pour le moins douteuse, des fortunes accumulées, notamment durant la période trouble du terrorisme.

Un dérapage mafieux peut même être constaté dans les zones de commerce informel où il est loisible d’observer des marchands compter de grosses liasses de billets de banques qui , bien souvent, passent de mains en mains. Et tout semble être fait pour que la situation perdure, à commencer par les autorités financières qui traînent dans la mise en œuvre des réformes, notamment, celles favorisant la bancarisation des recettes commerciales.

La tentative d’imposer le paiement par chèque pour toutes transactions supérieures à 500.000 dinars a tourné court avant même l’entrée en vigueur de la loi faisant obligation de recourir  à la monnaie scripturale pour toutes les transactions dépassant le montant indiqué.

Il faut toutefois reconnaître que les conditions d’application de la mesure n’étaient pas du tout réunies, nos banques n’étant pas organisées en conséquences pour mener à bien la bancarisation souhaitée. Insuffisantes et mal équipées pour la circonstance, les agences bancaires peinent en effet aujourd’hui encore à faire face à leurs clientèles qu’elles ont du mal à satisfaire notamment en période de rush.

Elles n’ont dans de nombreux cas même pas la capacité pas d’honorer dans des délais raisonnables les commandes de chéquiers, les clients étant parfois contraints d’attendre plus de 6 mois pour en disposer.

Beaucoup de conditions restent à réunir pour que la généralisation de l’usage du chèque et, sans doute encore plus celle du paiement électronique, soit possible. Ce pas vers la massification des moyens de paiement modernes, doivent pourtant impérativement être faits dans les meilleurs délais car ils facilitent beaucoup le « traçage » des flux financiers douteux.

Il faudrait pour ce faire que des réformes visant à moderniser les moyens paiements soient entreprises avec courage et détermination. Uns simple virée dans les guichets des banques de la capitale permet de constater à quel point les autorités chargées de la réforme bancaire (Banque d’Algérie et ministère des finances), sont loin de la réalité et combien il sera difficile de mettre en application, dans les conditions de travail qui y prévalent, les paiements au moyen de la monnaie scripturale.

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