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Panama papers, destitutions, l’indignation contre la corruption

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La révélation des Panama Papers puis les destitutions des présidents brésilien et sud-coréen ont rythmé une année 2016 placée sous le signe des scandales de corruption, qui ont suscité l’indignation populaire.

Difficile de savoir si les manifestations massives provoquées par toutes ces affaires sont le signe d’un réveil, d’une plus grande prise de conscience face à ce fléau.

C’est « un nouveau phénomène », assure José Ugaz, avocat péruvien et président du conseil d’administration de Transparency international, organisation dédiée à la surveillance de la corruption. « Ce que nous voyons aujourd’hui est très différent de ce que nous voyions il y a 27 ans », quand Transparency a été créée, car désormais « on voit une mobilisation de la population ».

En fin de compte, « je crois que ça a été une année difficile, mais en même temps, cela donne de l’espoir pour l’avenir », dit-il.

Le scandale des Panama Papers, qui a éclaté en avril, a été un puissant détonateur : près de 11,5 millions de documents issus du bureau d’avocats panaméen Mossack Fonseca ont été rendus publics, mettant au jour un vaste système d’évasion fiscale impliquant de hauts responsables politiques, des sportifs ou des milliardaires.

Parmi les célébrités citées se trouvent le footballeur argentin Lionel Messi, le réalisateur espagnol Pedro Almodovar et la star de cinéma de Hong Kong Jackie Chan… mais aussi plus de 140 hommes politiques et responsables publics.

Les révélations ont notamment contraint le Premier ministre islandais à démissionner, mis dans l’embarras David Cameron, alors chef du gouvernement britannique, et prouvé que des associés du président russe Vladimir Poutine avaient déplacé des milliards de dollars à l’étranger.

Les Panama Papers contenaient aussi des informations croustillantes sur la Chine, notamment sur le beau-frère du président Xi Jinping… mais elles ont été gommées dans la presse locale, malgré la grande purge de la classe politique ordonnée par le président, avec plus d’un million de responsables officiels punis pour corruption. « Il y a un double standard » au profit des descendants de l’élite du Parti communiste, explique Willy Lam, professeur de sciences politiques à l’Université chinoise de Hong Kong.

Mais de manière générale, « la publication des Panama Papers nous rappelle le pouvoir de la transparence », estimait en mai le patron de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, lors d’un sommet anti-corruption à Londres.

Il a rappelé que « la corruption, tout simplement, vole les pauvres ». De récentes estimations ont montré que 1.500 à 2.000 milliards de dollars sont payés chaque année en pots-de-vin dans le monde.

D’où la nécessité d’une réaction populaire comme au Brésil où des millions d’habitants ont déferlé dans les rues pour protester contre le vaste de scandale de corruption autour de l’entreprise pétrolière Petrobras, éclaboussant l’ensemble de la classe politique brésilienne dont le parti de la présidente de gauche Dilma Rousseff.

Ironiquement, même si cette dernière ne faisait l’objet d’aucune accusation de corruption, elle a été la première victime de cette exaspération générale et était destituée fin août.

De par le monde, le scénario se répète : un scandale de corruption touchant les plus hautes sphères du pouvoir puis, dans les rues, des millions d’habitants manifestant leur dégoût face à la classe politique.

La Corée du Sud a ainsi été emportée par une fièvre de protestation liée, là encore, à un vaste scandale de malversations, qui a mené à la destitution de la présidente Park Geun-hye, accusée de complicité dans une affaire d’extorsion et d’abus de pouvoir auprès de groupes industriels comme Samsung.

Et en Malaisie, le Premier ministre Najib Razak a bloqué les enquêtes contre lui mais n’a pas pu empêcher des dizaines de milliers de citoyens de défiler pour réclamer sa démission. Le seul qui semble bien résister à ce vent mondial de colère est le Sud-Africain Jacob Zuma, justement surnommé « président Teflon » pour sa capacité à traverser les adversités.

Malgré la menace de la réouverture de 783 chefs de corruption dans une vieille affaire de contrat d’armement, il compte bien rester à la tête du pays jusqu’à la fin de son mandat, en 2019.

afp

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