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Quel impact de la carte à puce carburant sur l’économie d’énergie ?

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La quotte part de la consommation interne des carburants représente environ 30% du bilan énergétique national en 2015, dont plus de 70% gasoil, pour un parc roulant de 6 millions.

On estime que la demande énergétique du transport routier en Algérie triplera d’ici 2020, sous l’effet de la croissance économique et démographique, avec la « diésélisation » progressive du parc roulant  qui risquent d’être encore plus difficiles à gérer sur le plan de l’efficacité énergétique et sur le plan environnemental.

Le prix moyen du carburant en Algérie est actuellement près de 10 fois inférieures aux prix pratiqués, non seulement sur les marchés européens, mais également chez les pays voisins (Maroc et Tunisie). Le carburant se vend actuellement en Algérie à 0,22 dollars le litre contre une moyenne mondiale à 1,13 dollars le litre.

Processus du système carte à puce carburants  

Ce modèle de carte à puce élaboré à l’école polytechnique d’Alger définit un quota d’une tonne de carburant par véhicule de tourisme et par an, la consommation de chacun, ce qui correspond à un seuil de consommation de 20 000Km/an (soit 1200litres) pour chaque possesseur de véhicule de tourisme.

Pour la catégorie des chauffeurs de taxi, les transports en commun et routiers, peut avoir un quota de 100 000Km/an.  Par ailleurs, si l’automobiliste consomme plus que le seuil de consommation définie dans ce système, il paye les carburants à un prix plus élevé. Telle est le modèle proposé  au gouvernement.

Le but de ce système (déjà institué en Egypte) qui s’inscrit dans le cadre de la rationalisation de la consommation interne d’énergie et de la réduction des subventions aux carburants, vise la création d’une base de données fournissant des informations exactes concernant l’offre et la consommation carburant. Aussi, ce système facilite la traçabilité du flux produits et également le suivi et la maitrise de la distribution des produits.

Mise en œuvre du système carte à puce

Quel coût économique pour la réalisation de ce système? Et quel retour sur investissement ?

La mise en application du système carte à puce carburant nécessite une réflexion minutieuse pour l’adapter au contexte algérien (administratif, économique et technologique), elle risque de créer un marché parallèle (secondaire) de ces cartes où l’on vend le reliquat non consommé et aussi il risque d’y avoir des passes droits !

Par ailleurs, l’exploitation de ce système va générer des coûts pour l’entité qui sera chargée de son exploitation et de la maintenance des infrastructures. Car, la généralisation du système carte à puce est quasiment impossible sans l’installation des équipements nécessaires au niveau de tous les points de ventes carburants.

En outre, du point de vue rationalisation de la consommation carburants et/ou réduction des subventions, l’impact de cette opération n’est pas significatif !

A cet effet, la seule solution adéquate au contexte algérien, pour rationaliser et réduire les subventions aux carburants, c’est par le processus d’augmentation progressive des prix des carburants : il faut mettre en place une politique des prix progressive pour les carburants, qui s’étalera sur 15ans, c’est-à-dire, à l’horizon 2030), de telle façon à arriver au prix réel.

Comment réussir une réforme des subventions à l’énergie ?

Tous les experts s’accordent à dire que ces subventions constituent un fléau. Elles créent des distorsions sur les marchés, grèvent dangereusement les budgets de l’Etat, poussent à la surconsommation d’énergie, favorisent la contrebande, génèrent des externalités dommageables à l’environnement, renforcent les inégalités sociales qu’elles sont supposées corriger.

L’idée selon laquelle une énergie bon marché n’a que des avantages pour ses utilisateurs est de plus en plus remise en cause : une énergie bon marché n’incite pas aux économies d’énergies, ni à la fabrication de produits peu gourmands en énergie. Il est aussi douteux de dire que l’énergie bon marché soutient le développement économique. Il a été démontré que l’intensité énergétique (soit la consommation d’énergie par unité produite) augmente avec les subventions à l’énergie.

Néanmoins, pour réussir, les réformes de ce type, celles-ci, doivent s’accompagner de politiques micro-économiques et macro-économiques, faute de quoi les hausses de prix de l’énergie peuvent facilement conduire à une inflation élevée ou à d’autres pertes économiques et coûts sociaux.

La promotion de l’efficience énergétique en Algérie, devrait s’imposer comme un but stratégique à atteindre. Le plus grand gisement serait celui de l’économie d’énergie qui impose la définition d’un nouveau modèle économique et énergétique.

Comment  éviter  la pénalisation des citoyens à bas revenus ?

En augmentant progressivement les prix nationaux de l’énergie, notamment ceux des carburants, l’Algérie pourrait rationaliser la consommation interne d’énergie, limiter le gaspillage et augmenter les recettes tirées des exportations lucratives d’hydrocarbures.

Le gouvernement pourrait alors redistribuer la majorité des recettes correspondant à l’augmentation du prix sous forme d’un dividende pétrolier, ce qui ferait accepter cette augmentation par la population.

Certains pays producteurs, ont déjà adopté des mesures visant à réduire et/ou à éliminer les subventions dans leurs pays. Echelonner les augmentations des prix de l’énergie. Il est préférable d’introduire progressivement les augmentations de prix des produits énergétiques et de les échelonner selon leur nature.

Un relèvement trop brutal des prix énergétiques peut donner lieu à une opposition intense aux réformes, surtout en l’absence de communication suffisante et de mesures d’atténuation. Une stratégie progressive de hausse de prix de l’énergie permettra aux ménages et aux entreprises de s’adapter et au gouvernement de mettre en place des filets de sécurité sociale.

Sensibiliser les citoyens à la culture économique

La réforme des subventions à l’énergie peut doper la croissance et réduire la pauvreté et l’inégalité. Réallouer les ressources libérées par les subventions vers des dépenses publiques plus productives pourrait aider à doper la croissance à long terme. En outre, la réduction des subventions à l’énergie accompagnée d’un filet de protection sociale bien conçu et d’un relèvement des dépenses favorables aux citoyens à bas revenu pourrait donner à des améliorations significatives du bien-être des citoyens à faible revenu à moyen et long terme.

La réforme des subventions peut aussi contribuer à la baisse du déficit budgétaire, ce qui stimulerait les investissements productifs et renforcerait la croissance économique. Les subventions à l’énergie coûtent cher au budget de l’Etat. Par conséquent, il y a lieu de revoir à la hausse les tarifs de l’électricité et du gaz en fonction du seuil de consommation d’énergie. Mais, pour les carburants une augmentation progressive des prix du gasoil et des essences, à moyen et long terme est nécessaire.

Il faut rappeler que  notre pays est dépendant de plus de 60% de son budget des hydrocarbures qui représentent plus de 30% du PIB et plus de 98% des recettes d’exportation.

C’est pourquoi les réformes des subventions à l’énergie peuvent-être mises en œuvre de manière proactive plutôt que lorsque les pressions se font sentir

Si l’Algérie se prépare à la mondialisation, l’optimisation des ressources d’énergie et à la rationalisation de la consommation énergétique, c’est le moment où jamais de commencer à rompre avec le gaspillage d’énergie qui a trop duré.

Il n’y a plus de période propice que celles des crises pétrolières pour décider, mais il y a lieu de préparer d’abord les esprits et de sensibiliser les citoyens à la culture économique, car chaque geste éco-citoyens, c’est des économies d’énergies. En clair, des gestes « éco-citoyens » nous permettraient d’économiser l’équivalent de 6 à 8 millions de tonnes équivalent pétrole(Tep).

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