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La Problématique des Importations

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L’analyse détaillée de la balance des paiements d’un pays révèle souvent ses forces et ses faiblesses structurelles. Les grandes orientations du diagnostic de la balance des paiements sont régulièrement analysées et révèlent toujours les mêmes litanies commentées à profusion par nos analystes. Les constats se ressemblent mais les recommandations se font rares et lorsqu’elles existent sont parfois contradictoires. Nous avons besoin plus que jamais de régler le problème de la balance des paiements dans les trois à cinq prochaines années sous peine de voir les problèmes économiques s‘exacerber. Quelles sont les alternatives disponibles ? Quelles sont les conditions de succès des politiques économiques qui pourraient venir à bout du déficit de la balance des paiements  en un laps de temps si court ?

Telles sont les questions de fond que chaque analyste économique ne manquera pas de poser.

   Lorsqu’on est en face d’un problème d’une telle ampleur la tentation est grande de livrer la première idée qui surgit : on serait alors de plein pied dans la méthode intuitive. Cette dernière produit rarement des décisions salutaires. C’est pour cela que les meilleurs centres de décisions macro ou microéconomiques soumettent souvent les idées émises aux tests des contres idées ou des simulations. Pour produire les bonnes alternatives nous devons faire référence aux schémas théoriques validés ou aux expériences réussis. On éliminerait beaucoup d’impasses, chemin faisant. Par exemple, l’alternative qui consiste à convaincre les citoyens de consommer national réussi rarement et dans des contextes particuliers avec des conditions très spécifiques : qui peuvent aller jusqu’à la qualité et le contenu de programmes scolaires. Alors, que peut-on faire pour alléger notre problème de balance des paiements qui va constituer le goulot d’étranglement numéro un ; si on n’agit pas rapidement avec force.

  Quelques Eléments du problème

  On aurait vu rarement une balance des paiements prendre un envol aussi rapide. En l’an 2000 les importations du pays avoisinaient les 10 milliards de dollars et le pays n’était pas mal approvisionné. En 2014 nous avons dépassé les 65 milliards de dollars, une croissance de 15% en moyenne des importations avait accompagné une amélioration de la production nationale de 5% en moyenne. Lorsque la croissance des importations dépasse largement celle du PIB (richesse nationale) une grosse anormalité secoue l’économie. C’est l’équivalent d’une singularité en physique. On en connait les causes profondes. L’acte d’importer était moins risqué et plus rémunérateur de celui de produire. Alors la plupart des investisseurs s’y engouffrent. L’idée répandue à l’époque était que ce sont les équipements qui sont la cause essentielle des importations ; elles concerneraient surtout les fameux plans de relance par les infrastructures. Elles auraient induit des dépenses faramineuses en termes d’importations d’équipements et de matières premières. Mais lorsque les budgets d’équipements commencèrent à diminuer brutalement la facture des importations continuait de grimper ; signe que le problème serait surtout lié à autre chose.

   Nous laissons de coté la problématique de la relance par les infrastructures avec ses aspects positifs et négatifs. L’objectif fixé par le gouvernement de disposer en 2019 de plus de 100 milliards de dollars de réserve est-il tenable ? La variable prix pétrolier n’est que très partiellement entre nos mains. L’accord d’Alger sur une réduction de 750 000 barils jours est bon à prendre. Il a surtout     un impact psychique : l’OPEP commence à agir et les pays non membre commencent à prendre conscience de la nécessité de coopérer. Mais à moyen terme avec le retour de la Libye (3 Millions de barils jours), l’Irak, l’Iran, la Syrie et le reste, la quantité retirée va s’avérer symbolique. Mais c’est un précieux pour l’image du pays et son activisme international. On peut tenir cette promesse dés lors que les prix seront orientés vers une moyenne de 65 à 70$. Le deuxième paramètre consiste à agir sur autre chose. Les exportations hors hydrocarbures vont changer très peu pour des raisons de compétitivité. On peut les améliorer légèrement sans plus. Pour les fouetter plus conséquemment, il faut des politiques structurelles fortes qui prennent du temps pour se dessiner et se matérialiser sur terrain. Autant ne pas y compter sur le court et même le moyen terme. Il reste le dernier paramètre à considérer. Comment limiter les importations ?

  Des Options à Considérer

L’option de contrôle administratif du contenu des importations semble être la plus considérée. Il semble que ce soit l’alternative retenue. Elle aurait certains mérites. On peut identifier tout de suite les produits à limiter et ceux à bannir en fonction des besoins nationaux. Très facile à gérer sur papier elle s’avère toujours un casse tête administratif, vu que les puissants lobbys constitués par la manne des importations vont peser de tout leur poids pour infléchir les décisions en leur faveur. Le résultat sera toujours en fonction du rapport de force entre la puissance administrative et celle des importateurs. Même si l’administration prendrait le pas, l’option administrative n’est pas une solution définitive. Elle est décriée par nos partenaires internationaux, surtout ceux de l’union européenne envers lesquels nous avons eu des engagements. Mais on peut se prévaloir dune situation exceptionnelle et la pratiquer encore quelques années. Le cas de force majeur est un passe partout et on peut l’utiliser même si c’est difficile de le prolonger. Cette option a quelques mérites mais aussi beaucoup de limites. Elle n’est en aucun cas définitive. Il faut alors en parallèle fouetter l’investissement et la productivité dans tous les secteurs. Or, on sait fouetter l’investissement public mais très peu l’investissement privé et la productivité sans lesquels les résultats seraient au mieux peu satisfaisants.

   Il y a une solution qui est de plus en plus préconisée de par le monde pour aider les pays qui ont sombré dans la rente ; au point ou leur compétitivité internationale demeure faible. Le Nigéria est entrain de contempler la possibilité de demander aux instances internationales de l’autoriser à pratiquer deux taux de change durant une période transitoire. Il nous faut nous aussi discuter avec les FMI avant de l’appliquer. On pourrait alors avoir un taux de change libre pour les produits non subventionnés (voitures, produits de luxe etc.). Des bureaux de change publics et privés vendraient des devises étrangères au prix du marché. Cependant, pour les produits de première nécessité, les outils et les inputs de production on aurait un taux de change formel qui serait proche de celui en vigueur actuellement. L’état ne subventionnerait plus les produits non nécessaires à travers le taux de change comme il le fait actuellement. On s’orienterait vers une économie beaucoup plus proche des prix internationaux. On encourage alors la production nationale et l’exportation par d’autres mécanismes également. Cette solution à l’inconvénient de négocier très serré avec les partenaires internationaux qui sont en général hostile à ces pratiques.

   La dernière alternative consiste à aller progressivement vers un taux de change normal (proche de celui du marché libre) et subventionner dans le budget d’état les produits de première nécessité et l’outil de production. Ce serait encore mieux d’aller vers des subventions directement ciblées et éviter de le faire par le taux de change. L’importation va reculer d’elle-même sous la contrainte des prix et une utilisation efficiente des ressources prendra effet petit à petit. On peut par la suite aller à la convertibilité, après une période transitoire. L’option administrative est utile comme un démarrage du processus. Elle ne peut être une solution définitive. L’option de gérer le déficit de la balance des paiements par le taux de change est une bien meilleure alternative. Elle demande beaucoup de préparation. Mais elle délivre de bien meilleurs résultats. Mais quelque soit la solution adoptée, on ne peut faire l’économie d’une modernisation managériale de nos administrations et nos entreprises. Mais ceci est beaucoup plus compliqué à réaliser.

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