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Les préalables pour la relance du secteur agricole

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L’agriculture fait partie des cinq secteurs considérés comme l’une des alternatives aptes à drainer des recettes hors hydrocarbures. Elle est même prédestinée à jouer un rôle prépondérant dans le segment de l’exportation. La datte et la pomme de terre sont les produits phares de cette nouvelle stratégie. Et à un degré moindre, l’abricot, l’olive de table la figue sèche et la figue de barbarie.

Mais d’avis d’intervenants de la chaine agricole, cela ne peut se faire efficacement que si deux conditions, soient réunies, à savoir, une production pérenne et source de profits et des moyens logistiques et humains pour que la phase d’exportation se concrétise et devienne opérationnelle.

Car, si on prend seulement l’exemple de la datte, on sera édifié : 70% de la marchandise destinée à l’exportation était infestée. L’information a été communiquée par Ali Bey Nasri, président de l’Anexal, lors de la conférence de presse de la Fondation Filaha Innove, organisée le 25 septembre à ALGEX, dans le cadre de l’annonce de la tenue du Salon Sipsa-Sima de l’élevage et de l’agroéquipement, qui s’est déroulé du 4 au 7 octobre à la Safex.

Autrement dit, le gain aurait été plus conséquent, si un environnement adéquat lié à la culture de cette denrée, ait été mis en place. Des agriculteurs et des experts rencontrés lors du Salon Sipsa-Sima, nous ont affirmé que des quantités de fruits et légumes sont jetés dans la nature faute de chaines de conditionnement et de stockage répondant aux normes en vigueur.

On avance à plusieurs milliers de quintaux qui ont eu ce sort pour le moins inacceptable. Et le chiffre ne refléterait pas, aux yeux de ceux qui l’ont annoncé, la vraie débâcle qui mine le secteur. Le peu de formation des agriculteurs, attachés aux traditions ancestrales fait que l’on continue de cultiver la terre, de façon archaïque et loin des méthodes scientifiques. Ceci n’a fait que nuire au secteur agricole.

A cela s’ajoutent, le manque de contrôle par les services compétents et de sensibilisation dévolu aux Chambres professionnelles et aux organisations et associations à caractère agricole et aussi écologique, dont la mission est aussi de faire en sorte que l’agro-écologie soit à la portée des agriculteurs.

La GlobalGap 5 ou la clé du marché extérieur

Le Forum Siafil interprofessionnel des fruits et des légumes a pris en considération quelques recommandations émises lors du Salon Sipsa-Sima. Dénommée « Stratégies d’amélioration des techniques culturales pour une meilleure performance à l’export », l’une d’elles s’articule sur quelques concepts considérés comme concepts-clés, à savoir les techniques culturales, les itinéraires techniques et les pratiques de gestion des ressources naturelles en relation avec les cultures.

L’objectif est de rehausser la quantité et la qualité de nos produits pour qu’ils soient éligibles à s’introduire dans les supermarchés européens, principal marché extérieur du pays. Dans ce contexte, et dans un souci de minimiser les risques alimentaires, Hanen Dib et Khaled Ayadi, de la société C2A, ont plaidé pour le référentiel GlobalGap dans sa version 5, l’entrée en vigueur en juillet 2016.

L’une des failles du secteur demeure aussi la mutation fréquente des agriculteurs, passant d’une filière à une autre. Cette situation cause la saturation et tend à rendre improductives certaines filières, provoquant un déséquilibre entre l’offre et la demande.

A titre d’exemple, l’aviculture est sans cesse abandonnée par ceux qui ont fait sa réputation. La raison est toute trouvée par quelques-uns à qui nous avons parlé : la filière est encombrée d’intermédiaires véreux et sans scrupules.

La santé et la bourse des ménages sont le dernier de leurs soucis. En d’autres termes, celle-ci est déstructurée, une carence qui ne lui est pas exclusive. Beaucoup parmi les éleveurs ont investi un nouveau domaine, embryonnaire pour le moment : la cuniculture. Recelant la viande la plus riche sur le plan nutritif et thérapeutique après celle du poisson, cet animal qui a quitté l’élevage en garennes pour celui des planchers grillagés, attise la convoitise de tous les représentants de la chaine de commercialisation, de l’éleveur au boucher.

Le phénomène de conversion subite ou programmée est dû, justement, au fait que la plupart des filières sont dans une situation à la limite de l’anarchie. Les éleveurs passent d’une filière à une autre, donnant l’impression d’expérimenter la rentabilité de chacune d’elles.

L’aquaculture, un secteur à exploiter

Alors comment expliquer qu’un investisseur dans la filière lait et dérivés décide de s’investir dans le secteur de l’aquaculture ? Pourtant, le secteur du lait est l’un des plus rentables avec, selon des indicateurs de l’an 2012, un chiffre d’affaires de 165 milliards de DA et 100 000 emplois permanents.

Mr Mihoub, expert international, préconise, pour plus de résultats, de développer l’agro zootechnie, domaine indispensable, aussi, pour l’essor des viandes. L’Etat a, dans le cadre du Plan quinquennal 2010-2014, boosté cette filière en y introduisant des mesures incitatives, telles la distribution des crédits sans intérêt, les subventions et l’aide à l’installation des jeunes.

Alors que l’aquaculture est encore au stade de l’identification des zones d’eau les moins polluées, avec quelques actions d’ensemencement de barrages assez disparates.

A celles-là s’ajoutent, comme indiqué par Laama.CI et Bachari N, du Laboratoire d’Océanographie, biologie, environnement marin de Chlef, l’exploitation des données multisectorielles pour « l’étude de l’hydrodynamisme côtier et l’élaboration des cartes de la Bathymétrie, la nature du fond marin et de l’occupation du sol ». Le fond marin que l’on cherche à jauger  pour des potentialités aquacoles de l’Algérie.

D’autant que le ratio poisson/habitant/an du pays est l’un des plus bas dans le monde, estimé à 4.6 kg, soit loin des 9.9 kg de 1970, selon la norme fixée par la FAO. En 2014, il a été de l’ordre de 21 kg. Sachant aussi que l’aquaculture fournit la moitié de la consommation mondiale en poisson. L’Algérie se doit d’exploiter ce domaine.

Le recherche et développement en point de mire

Dans un monde en constante mutation où souvent l’invention ne dure que le temps de sa mise en œuvre, le secteur agricole est appelé à suivre le rythme technologique. Chenguel Abdelkrim, chercheur auprès de l’Agence nationale de valorisation des résultats de la recherche et du développement technologique (Anvredet), est le premier à avoir été breveté en Algérie dans le domaine « des nouvelles technologies des cultures hors sol pour la production du fourrage vert hydroponique pour l’alimentation animale ».

Il a mis au point ce qu’on appelle une serre de culture « intelligente ». M.Tlili, responsable de Maghreb Agro Systèmes (MAS), une task force, est un pionnier de l’agriculture saharienne par la géothermie, dans le cadre du « Projet Puga », en collaboration avec des Tunisiens, des Français et des Belges. Il a crée la LCS ou la Cinquième Saison, dont l’objectif est la production, le conditionnement et l’exportation des primeurs « hors-saison », de novembre à mai/juin de chaque année.

On peut citer en plus de ces deux chercheurs, ceux de l’Institut national de la protection des végétaux (INPV), toujours présents via leur recherches mais aussi par la diffusion de bulletins d’alerte agricole et surtout la veille phytosanitaire, celle-ci a pu, de l’avis de Zanoune Sabrina et de Kechout Fatiha, prévenir la dangerosité des bio-agresseurs de nos cultures.

Un Plan d’action 2015-2020 pour le renouveau agricole

Et le circuit institutionnel dans tout ça ? Le nouveau Plan d’action du gouvernement 2015-2020 en est l’une des portés pratiques. Trois grands axes y constituent son ossature. Il s’agit de « prioriser le développement agricole national  par la  valorisation des  productions agricoles, du développement rural et des ressources halieutiques et lancer des programmes de modernisation et d’intégration des filières de large consommation ( céréales, le lait crû, la pomme de terre, l’oléiculture, et les viandes) ; mettre en place d’un système de régulation, afin de sécuriser et stabiliser l’offre de produits de large consommation ; et créer un environnement incitatif et sécurisant, à travers la modernisation et l’adaptation du financement ».

Théoriquement, le nouveau Plan met l’accent sur la sécurité alimentaire, en se basant sur la qualité des produits notamment dans le traitement phytosanitaire et la préservation de la santé animale.

Annuellement, une enveloppe financière de l’ordre de 300 milliards de DA lui est allouée. Le système d’irrigation devra connaitre une amélioration sensible, car devant permettre de revoir à la hausse, d’ici à 2019, le périmètre irrigué pour atteindre les 2 millions de hectares.

C’est aussi l’un des soucis majeurs à mettre en œuvre pour que le problème de sécheresse agricole soit atténué. D’autant que son influence négative sur le rendement agricole n’est plus à relever. La sécheresse frappait, faut-il le rappeler, de plein fouet des régions entières du pays, pénalisant doublement les agriculteurs et les ménages, notamment sur les plans de disponibilité des produits et, par voie de conséquence, ses prix.

« Développer le machinisme agricole, mettre en valeur 10 filières (céréales, lait cru, légumes secs, pomme de terre, oléiculture, tomates industrielles, arboriculture, phoeniciculture,  viandes rouges et aviculture et aquaculture), soutenir le développement des activités industrielles (création d’entreprises, favoriser les rapprochements avec des leaders mondiaux maitrisant la technologie et les marchés, amélioration du climat des affaires…), développer les infrastructures. ».

Tels sont les autres axes sur lesquels les pouvoirs publics misent pour un renouveau agricole.

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