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M’hamed Hamidouche, économiste à Algérie-Eco : « Certaines mesures dans la LF 2017 sont dangereuses pour l’économie nationale »

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L’expert en économie, M’hamed Hamidouche  analyse dans cet entretien qu’il nous a accordé, les dispositions contenues dans la loi de finances 2017. Il estime que l’Algérie poursuit toujours  la politique d’investissement des années 80, dans la mesure où dés que l’activité pétrolière est avantageuse, on lance des projets, et on les gèle quand les revenus  des hydrocarbures subissent une contraction. Décryptage :

 

Algérie –Eco : Quelle est votre lecture du contenu du projet de loi de finances 2017, selon ce qui a été publié à ce sujet ?

M’hamed Hamidouche : Une loi de finances est à lire en premier lieu en matière de recettes, dans ce sens, le fait d’avoir établi les prévisions pétrolières à 50 dollars est une bonne chose, cela veut dire que la loi de finances est réaliste, et qu’il y’a plus de rigueur. Ceci dit, nous devons aller vers plus de rigueur, cette disposition règle le problème du prix dans la fiscalité pétrolière, mais le volume n’a jamais été réglé avec Sonatrach.

Sur un quota de 1,8 million, nous n’avons vendu que 1,05 millions de baril, donc nous avons perdu 40 millions de dollars par jour. Toujours sur la fiscalité  des hydrocarbures, nous avons le volet de la production de gaz, qui selon Sonatrach passe à une amélioration de l’ordre de 9,7 milliards de m3, les répercutions sur les recettes seront  de  l’ordre de 3 à 6 milliards de dollars, ce qui veut dire que sur l’activité pétrolière nous accusons des pertes alors que sur celle du gaz, nous engrangeons des bénéfices, mais ce n’est pas un équilibre car dans l’un  comme dans l’autre, c’est une perte pour l’économie nationale.

D’un autre coté, sur la fiscalité ordinaire, l’augmentation de la TVA de 2% à toute échelle, c’est dangereux pour l’économie, car on ne connait toujours pas l’incidence de la TVA sur le PIB, et ce en plus que cela va amplifier le volume de l’informel. En matière de dépenses, comme on n’a pas  fait de reforme, cela nous donne, en matière de fonctionnement, prés  de 25 milliards de dollars de salaires, soit le quart du PIB.

En matière d’équipement (investissement), on est resté sur le principe du financement uniquement par le trésor, ce qui est également dangereux pour l’économie nationale. Dans le sens, où si on maintient ce déficit durant 8 ans, on aura plus de PIB, il est dans ce sens, primordial d’avoir un mur budgétaire de l’ordre 5 à 6 milliards de déficit.

Pensez -que le FRR  (fonds de régulation des recettes), a été gelé sur la base d’une LF 2017 établi sur 50dollars le baril ?

Le Fonds de régulation des recettes a un seuil minimum d’utilisation, et comme nous avons atteint ce seuil, le FRR s’auto-gèle, donc il devient inutilisable. Dans ce cas, soit on attend des rentrées des revenus pétroliers, soit on remonte le seuil du FRR. Dans les deux cas, le Trésor ayant besoin de liquidités, il doit soit se diriger vers la bourse, soit vers le marché monétaire, la banque centrale.

Que pensez-vous des taux de réduction des subventions contenues dans la LF 2017 ?

 C’est toujours le flou dans ce volet des transferts sociaux, du fait quand  l’Etat injecte des fonds pour les grandes entreprises étatiques, notamment les grands distributeurs, d’eau, de gaz et d’électricité, sans savoir réellement le coût de l’unité qu’elle subventionne, donc, ce sont des actions sans contrepartie.

Pour y remédier, il faudrait que ces transferts transitent par deux caisse, en l’occurrence une caisse  d’allocation familiale au niveau de la CNAS qui se chargera de distribuer les subventions destinées au ménages (scolaire, panier de ramadhan, etc.) et seront alimentées également pas les collectivités locales. Pour les subventions destinées aux entreprises, il faudrait une caisse  de compensation sur les pertes occasionnées à celles-ci par le biais de la subvention. De ce fait, les plus grands gagnants de ce déséquilibre sont les barons de l’importation

 

Il y’a un gel des projets structurant alors que la politique  des subventions est maintenue ?

Nous revenons toujours à la politique d’investissement des années 80, dés que l’activité pétrolière est avantageuse on lance des projets, et on  les gèle quand les revenus  des hydrocarbures subissent une contraction. Donc on est entrain de relancer et de geler de vieux projets. Sauf que l’importance des projets reconduis n’est plus la même, du fait que les données, les coûts et les besoins changent. Donc, sur ce volet nous accusons un retard également, celui de ne pas actualiser nos projets selon le développement des données démographiques et économiques.

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