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L’investissement  otage de l’administration

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Combien de projets sont en instance et qui dépérissent  dans  les tiroirs ? Combien  d’investisseurs galèrent pour une autorisation avant de voir leurs projets rejetés ou ajournés ? Comment amener l’administration à jouer le jeu économique actuel en étant un facilitateur des procédures au lieu d’être un frein à l’orée du nouveau modèle économique prôné par le gouvernement ? Comment établir une relation saine entre l’administration et les opérateurs économiques loin des suspicions et des préjugés? Comment établir la confiance au cœur de l’environnement des affaires afin d’amorcer la dynamique qu’impose le changement ? Comment  en finir avec les pesanteurs de la bureaucratie, qui en depit  de toute la volonté exprimée par ceux qui tiennent le haut du pavé, s’impose comme un indu occupant impossible à déloger ? Comment passer d’une économie dans laquelle l’administration  agit comme une chape de plomb sur l’investissement à une économie dans laquelle, cette dernière n’aura guère de pouvoir que la prérogative de créer un climat favorable apte à appuyer et soutenir ceux qui veulent travailler et créer de la richesse? Comment affranchir l’économie administrée en la libérant de ses vieux réflexes ?

Dans ce tumultueux ressac d’interrogations se profile la sempiternelle trappe de transition économique, de laquelle, l’Algérie a du mal à s’extirper faute de courage pour casser le mythe du socialisme en vogue depuis 1962 et qui s’avère aujourd’hui totalement désuet dans un environnement économique mondialisé qui ne pardonne ni aux réticents et ni aux retardataires qui refusent de jouer le jeu en se tenant loin de l’échiquier.

L’administration, ce bloc monolithique rigide  qui donne des sueurs froides à tous ceux qui s’en approchent a été décrié par les opérateurs économiques qui ont participé au workshop sur l’environnement des affaires  organisé par le FCE, à l’occasion de son Université d’été  à l’Hôtel Marriott de Constantine. Les intervenants ont mis en exergue leurs préoccupations et notamment leurs mésaventures et leurs épreuves dans les méandres de l’administration qui leur donne du fil à retordre. « II faut avoir beaucoup de courage de résister et tenir le coup car on fait tout pour nous décourager » dira une participante dépitée par ses déconvenues avec l’administration.

Le débat était un tantinet passionné et certains ont saisi l’occasion de la tribune pour en faire un exutoire de leurs déboires. La tension  souvent montait d’un cran notamment en présence d’anciens ministres en charge des finances et de l’économie tels Abdelhamid Temmar, Abdelatif Benachenhou et Abderrahmane Benkhalfa qui  selon les propos d’un intervenant n’avaient rien fait durant leur « règne ».

Les interventions étaient nombreuses et chacun y aller de ses tracasseries, ponctuées d’anecdotes avec le mastodonte bureaucratique. Le cénacle présidé par Mohamed Bairi et modéré par Brahim  Benabdeslem, tous deux vice-présidents du FCE a passé en revue la problématique du foncier industriel, les atermoiements bureaucratiques et notamment la question des autorisations qui traînent en longueur, celle du financement  des entreprises aggravé par l’amenuisement  des  ressources financières.

Nacéra Haddad, membre du FCE a été particulièrement acerbe envers l’administration qu’elle a assimilée « à un intermédiaire qui n’est pas concerné par la survie ni par les risques », alors que, a-t-elle soutenu, « pour les entreprises, c’est une question de survie », en s’inquiétant de « l’absence de réactivité de l’administration vu la crise qui frappe de plein fouet le pays ». Elle a suggéré « la mise en place de l’obligation de résultat pour les administrateurs ».

Un chef d’entreprise ayant pris la parole a crié haro sur l’administration qui traite les opérateurs économiques « avec mépris et suspicion ». « Nous faisons des allers-retours pour des autorisations et cela peut durer des mois sans qu’on ait de réponse, on nous ballote comme si nous étions indésirables » s’est exclamé un autre manager qui enchaînera, en conseillant les jeunes entrepreneurs à faire preuve de « ténacité et de résistance ».

Mr Benabdeslem a dû, à maintes reprises  recadrer le débat qui tournait au «pugilat » contre l’administration tant les problèmes évoqués sont innombrables et insolubles dans l’état actuel des choses. Il leur a proposé d’identifier tous les blocages et de les transcrire afin de les intégrer dans le Plaidoyer du FCE pour enrichissement.

A la fin de l’atelier et à entendre toutes ces lamentations et complaintes des chefs d’entreprises confrontés au terrain, on en sort avec une évidence, celle du fossé qui sépare la réalité  économique du discours politique. Pour l’administration, dont les rouages sont  complexes  et enchevêtrés, elle demeure épargnée par une réelle et vraie réforme alors qu’elle est à l’origine de la sclérose qui empêche l’épanouissement de la sphère économique.

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