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Le développement du tourisme, c’est aussi cela

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Ces derniers temps, le secteur du tourisme est sous les feux de la rampe. Non pas uniquement du fait du déroulement de la saison estivale mais, beaucoup plus, de certaines annonces le concernant. En l’espace de quelques jours, il a été en effet annoncé, par le ministre du Tourisme lui-même, d’où l’importance de cette annonce, le lancement d’une enquête approfondie sur les zones d’expansion touristique ; les fameuses ZET dont on parle beaucoup depuis des années mais presque jamais en termes de concrétisation des objectifs pour lesquelles elles ont été créées. Il faut dire que, exceptés certains cas fort rares, ces zones, d’une superficie individuelle moyenne d’une centaine d’hectares, n’ont pas reçu les projets pour lesquels elles ont été dégagées ; facteur qui conforte l’annonce précitée du ministre, depuis, pour un grand nombre d’entre elles, presque trente années. Une annonce qui a coïncidé avec celle faite par Mohamed Chérif Slatnia, directeur général de l’ONAT (Office national algérien du tourisme), sur la réalisation prochaine, à travers le pays, d’un certain nombre de villages touristiques. L’une et l’autre visent, à l’évidence, à booster le développement du secteur du tourisme dans l’objectif déclaré d’en faire un des vecteurs essentiels du nouveau modèle économique national que se propose de lancer sous peu les pouvoirs publics. Et dont la finalité, répétée à l’envi par les responsables du pays, est la sortie définitive de la dépendance stérilisante des hydrocarbures qui a toujours caractérisé l’économie nationale.

Une volonté réaffirmée

Une finalité que Abdelwahab Nouri a clairement réaffirmée dans le sillage de son annonce précitée : « Le développement du secteur touristique qui est notre leitmotiv demeure l’un des axes prioritaires des actions du gouvernement », a-t-il, en effet, déclaré. C’est, au demeurant, à l’aune de cette réaffirmation que nombre d’observateurs ont jaugé sa décision de mettre sur pied une commission d’enquête dont la mission est d’examiner la situation des ZET dans les quatorze wilayas du littoral. Surtout que le ministre a, là aussi, clairement reconnu que la plupart d’entre elles ont été détournées à d’autres fins que celles touristiques pour lesquelles elles ont été créées. En dénonçant les préjudices ainsi causés au secteur dont il a la charge depuis quelques mois seulement, Abdelwahab Nouri a, à l’évidence, tenu à signifier à leurs auteurs et, partant, à tous ceux qui seraient tenter de les imiter, que les pouvoirs publics, par leur décision de mettre sur pied une telle commission, sont décidés à aller au bout de leur volonté affichée de faire du secteur du tourisme un des vecteurs privilégiés et essentiels de la sortie tant souhaitée de l’économie nationale de sa dépendance actuelle, et qui a trop duré, des hydrocarbures. Une volonté qui ne peut, toutefois, faire l’impasse sur le nécessaire assainissement de tous les problèmes pendants qui entravent son développement. C’est, à l’évidence, dans cette catégorie que les pouvoirs publics placent la question des ZET. Et ce, d’autant plus que l’ampleur des préjudices causés au secteur du tourisme par le détournement du foncier qui lui était initialement destiné dans leur cadre, transparaît nettement dans leur nombre et leur superficie: 205 totalisant une superficie de plus de 53 000 ha, parmi lesquelles 160 (ZET), d’une superficie totale de 37 000 ha, sont situées dans les quatorze wilayas côtières du pays. Et, de ce fait, directement concernées par l’enquête annoncée par le ministre de tutelle. Le reste (des 205 ZET existantes) se répartissant entre les Hauts-plateaux (22 ZET d’une superficie de presque 6465 ha) et le Sud (23 ZET d’une superficie d’un peu plus de 9700 ha). La volonté des pouvoirs publics de faire du tourisme un secteur-clé de l’économie nationale, transparaît également dans les propos susmentionnés du directeur général de l’ONAT. Qui, ce faisant, a dévoilé la philosophie qui la sous-tend. A savoir que dans leur vision du développement du secteur, les pouvoirs publics ne dédaignent pas le tourisme interne : les villages touristiques projetés étant, comme l’a explicitement déclaré Mohamed Chérif Slatnia, destinés à la promotion de ce type de tourisme. Toutes choses, volonté affichée et philosophie qui la sous-tend, que tout un chacun ne peut que saluer. Et que tout Algérien soucieux de voir son pays rapidement doté d’une économie forte et diversifiée, doit appuyer.

L’environnement, un facteur important dans le développement du tourisme

Sauf que les deux annonces précitées, comme d’ailleurs toutes celles faites par le prédécesseur d’Abdelwahab Nouri dans le poste, sur l’augmentation, à terme, des capacités d’accueil du secteur : Amar Ghoul avait, en effet annoncé peu de temps avant son départ du ministère du Tourisme que celles-ci allaient être portées, « à moyen terme, à 500 000 lits », pèchent par un certain penchant à n’estimer le développement du secteur que par le petit bout de la lorgnette des chiffres. Tout porte à croire, en effet, que pour les responsables, passés et actuels, du secteur du tourisme, son développement est uniquement affaire de construction de nouvelles infrastructures. Et, pour les plus éclairés d’entre eux, de formation des personnels devant y exercer. Une conception, juste en partie, qui a, néanmoins, pour grand travers d’occulter certains problèmes des plus nocifs au développement de l’activité touristique. Elle fait, en effet, l’impasse sur tous ceux qui tiennent à l’environnement dans lequel se déroule cette activité. Nul ne peut nier que, présentement, dans notre pays cet environnement n’est nullement propice au bon déroulement de cette dernière. Particulièrement, dans les villes. Y compris, dans la Capitale. Et là, nous ne parlons ni de la qualité de l’accueil, ni des prestations qui sont fournies dans les sites hôteliers et touristiques du pays. Qui comme tout un chacun le sait, laissent tous deux à désirer. Mais de ce que le touriste, surtout étranger, trouve – ou, plutôt, ne trouve pas – en dehors de ces sites. Ni les infrastructures culturelles ni celles de loisirs, là où elles existent, ne répondent, en effet, à ses besoins. Et ce, que ce soit en termes de qualité ou de régularité de la programmation. Cela sans parler de la lamentable situation, rebutante à plus d’un titre, sur le sensible plan de l’hygiène qui caractérise quasiment toutes les agglomérations, grandes et petites, du pays. Ni d’un autre problème qui peut paraître trivial pour certains mais qui a son importance dans l’appréciation finale que se fait le touriste de notre pays: être humain avant tout, qui, de ce fait, a besoin, de temps à autre, de se soulager, celui-ci a toutes les peines du monde à trouver où le faire quand il est en dehors des sites hôteliers ou touristiques où il est descendu. Si dans l’espace public, il est confronté à la rareté des toilettes publiques, dans nombre de restaurants et cafés où il s’aventure, à leur fermeture chronique. Et quand il en trouve d’ouvertes, à leur déplorable état sur le plan de l’hygiène ; un état qui, faut-il le dire, est également celui des rares toilettes publiques existantes dans nos agglomérations. Pour rester avec les problèmes « triviaux » susceptibles d’entraver le développement du tourisme en Algérie, il nous est difficile de ne pas parler du sucrier qui continue de trôner sur les tables de la grande majorité de nos cafés. Non pas que ce récipient est en lui-même un problème mais du fait du caractère rebutant, pas uniquement pour les touristes étrangers, que sa « présence » (sur les tables) pose. Il ne faut pas être expert « es-tourisme » pour comprendre qu’il est difficilement supportable, pour ne pas dire quasiment insupportable, à des gens habitués à utiliser du sucre présentés, à chaque consommateur, dans des petits sachets, par conséquent, dans des conditions d’hygiène quasiment irréprochables, d’accepter d’utiliser un sucrier dans lequel tout le monde plonge sa cuillère. « Triviaux » ou de fond, tous ces problèmes liés à l’environnement dans lequel se déroule l’activité touristique, méritent une meilleure attention des responsables en charge du secteur du tourisme dans notre pays : leur non résolution pouvant, selon tous les experts avisés des problèmes du secteur, entraver, et sérieusement, tout effort, aussi conséquent, soit-il, des pouvoirs publics visant à en faire une des locomotives d’un développement économique diversifié et non plus basé sur les seuls hydrocarbures.

Mourad Bendris

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