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Baisse de la facture d’importation des produits alimentaires: Les fausses bonnes nouvelles

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Le gouvernement semble être né sous une belle étoile puisque la conjoncture internationale vient de le sauver d’une véritable envolée des prix des produits agroalimentaires.

Les prix à l’importation, par l’Algérie, de plusieurs  produits agroalimentaires ont baissé  durant les cinq premiers mois de 2016 par rapport à la même période de 2015.  Dans la catégorie des céréales,  titre d’exemple, les prix ont reculé à 332 dollars/tonne pour le blé dur (-32,5% par rapport à la même période de 2015), à 196  pour le blé tendre (-25%) et à 179 usd/t pour le maïs (-13,1%). Même chose pour bien d’autre produits comme le sucre roux  et les huiles brutes pour l’industrie alimentaire, es produits d’épicerie, le concentré de tomate, les cafés non torréfiés, le riz, les pâtes alimentaires, les viandes et poissons, etc.

Ces baisses importantes, pourtant imprévisibles il y a à peine quelques semaines, viennent infirmer les professions de certains experts financiers. En effet, la dévaluation vertigineuse qu’a enregistrée le dinar ces derniers temps a fait dire à plusieurs financiers que les coûts des produits importés allaient exploser. Car, avait-on expliqué, pour se protéger contre les effets de cette dévaluation du dinar, les entreprises  sont tenues  de répercuter la hausse du coût de leurs approvisionnements  dans leur prix de vente. Cette situation est d’autant plus poignante que, comme l’a rappelé récemment Abdellatif Benachenhou,  «l’industrie algérienne est une industrie de bout de chaîne,  une industrie de montage à faible valeur ajoutée», ce qui veut dire qu’en matière d’inputs, elle dépend largement des produits importés.  Il a été également prévu une compression des coûts par certaines entreprises, notamment à travers la réduction des dépenses de marketing et de publicité et la baisse de leurs marges bénéficiaires. Certains secteurs, pourtant stratégiques ont même été désignés comme étant menaçants pour l’équilibre budgétaire de l’Etat à cause de la dévaluation du dinar. C’est le cas par exemple de la production de lait puisque  le prix du litre est  fixé administrativement  et que, à ce titre, il ne peut pas être revu à la hausse pour compenser l’écart induit par la dévaluation du dinar,  entraînant ainsi une augmentation de la subvention allouée par l’Etat.

Néanmoins, contrairement à toutes les prévisions, un équilibre a été trouvé et l’Algérie a été sauvée de ce qui aurait pu être une catastrophe compte tenu de la conjoncture de crise que traverse le pays depuis quelque temps. Mais, contrairement à ce qui pourrait être dit, cette baisse de la facture d’importation de produits alimentaires et agroalimentaires n’est pas due à une quelconque démarche volontaire du gouvernement algérien.  Bien au contraire. Car, la conséquence directe de la dévaluation du dinar qu’avait entreprise la Banque d’Algérie devait entraîner une augmentation massive des prix des produits importés ainsi que ceux fabriqués à base de matières premières d’importation.  Dans ce sens, les prévisions sombres des experts sont pertinentes. Toutefois, un coup de théâtre sur le marché mondial a inversé la balance en faveur du gouvernement. En effet, la baisse des produits alimentaires et agroalimentaires sur le marché mondial a permis à l’Algérie de compenser les écarts entraînés par la dévaluation du dinar qui sont de plus de 20%. Mais, ce qui est certain, c’est que l’équilibre retrouvé, aussi longtemps qu’il durera, restera toujours fragile.

Par Nadir Allam

 

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