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ECOREP-Piriou : Un partenariat prometteur

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L’Entreprise de construction et de réparation des embarcations de pêche (ECOREP) est remise à flots grâce à un partenariat qui semble lui  réussir avec le constructeur naval français PIRIOU.   

Voulu à sa création, à la fin des années 70, comme le premier jalon d’une future industrie de la construction navale en Algérie, l’ECOREP, après des débuts forts prometteurs, a traversé une longue période de turbulences et d’incertitudes qui a failli l’emporter. Des huit unités, quatre de construction navale et quatre autres de réparation, qu’elle comptait jusqu’à la fin de la décennie écoulée, l’ECOREP n’en compte plus que deux ; implantées, les deux, dans la wilaya de Tipasa : une, à l’arrêt depuis 2009, qui était spécialisée dans la construction de « petits métiers », des embarcations de 4,80 m à 12 m, en fibre de verre, à Khemisti-port ; et l’autre, toujours opérationnelle, au port voisin de Bou Haroun, dont l’activité est plus diversifiée. Outre la construction d’embarcations de pêche, en bois, surtout, pouvant aller jusqu’à 22 m, l’unité de Bou Haroun s’occupe également de la réparation des embarcations de pêche ; une activité, au demeurant, fort rentable qui lui a permis, au plus fort des turbulences que l’entreprise-mère a connue, de rester, sans jeu de mot, à flot. Avant de commencer à remonter la pente. Et ce, en novembre 2014, avec la conclusion, dans le respect de la fameuse règle des 51/49%, d’une joint-venture entre l’ECOREP et le premier chantier naval français privé, l’entreprise Piriou. Une entreprise, familiale, à l’origine, qui comptabilise, selon Eric Christol, directeur général de la coentreprise ECOREP-Piriou (EP) créée, « 50 années d’expérience dans le domaine de la construction et de la réparation navales ». Avec, depuis une quinzaine d’années, une extension à l’international: Piriou est, en effet, présente aujourd’hui, en comptant  l’Algérie, dans quatre pays : La Pologne, le Vietnam où elle possède deux sites de production, et le Nigeria où Eric Christol était en poste avant de s’installer chez nous.

Un partenaire qui connaît bien l’Algérie

Spécialisée dans « la construction et la réparation de navires de taille moyenne » – en clair, de navires pouvant atteindre les 120 m de long – l’entreprise Piriou n’est pas, à proprement parler, un nouveau venu en Algérie. Ses relations avec notre pays remonte, en effet, à plus d’une trentaine d’années maintenant. Au début des années 80, elle a livré a des armateurs algériens un certain nombre de chalutiers ; dont un, « le Baba Ali, est, a tenu à nous le dire notre interlocuteur, toujours en activité au port d’Alger». Et au début de la décennie en cours, elle a construit pour le compte  du GICEP (Groupement des intérêts communs des entreprise portuaires un lot de quatre remorqueurs de 30 m de long, aujourd’hui, en activité dans les ports d’Arzew, de Skikda et d’Alger. Une connaissance qui a sans doute aucun poussé l’entreprise française à s’implanter en Algérie.

Dotée d’un capital social initial arrêté par les deux parties contractantes à 3 millions d’euros : 1,53 millions d’euros pour l’ECOREP et 1,47 millions d’euros, pour Piriou, la coentreprise ECOREP-Piriou, qui n’est devenue opérationnelle qu’au début du mois de février 2015, a donc repris les deux unités précitées de l’ECOREP. Sauf que l’activité de la nouvelle entité créée se limite, pour le moment, à la seule unité de Bou Haroun. Qui s’articule autour de deux axes essentiels: la rénovation du chantier naval y existant et la création d’un nouveau. « Une tâche tout à fait nouvelle pour moi et ce, dans la mesure où c’est la première fois que je me retrouve à mener de front ces deux activités », nous a déclaré Eric Christol qui n’est pas pourtant à sa première mission d’importance à l’étranger pour le compte de son entreprise d’origine. Et dont, à l’évidence, il s’acquitte plutôt bien. Comme l’attestent, au demeurant, les résultats déjà obtenus. Fonctionnant avec un effectif de 120 employés, administratifs et techniques confondus, EP a vu son chiffre d’affaires passer de 250 millions de DA, en 2014, à 500 millions de DA, en 2015 ; et il est prévu qu’il atteigne « les 600 millions de DA à la fin de l’exercice en cours ». Un résultat qu’explique, entre autres, la montée en cadence enregistrée, dans le même temps, dans la production ; composée, nous a précisé Eric Christol, « à 80% de petits métiers de 10 à 12m faits en fibre de verre». Alors que durant toute l’année 2014, seules 14 embarcations ont été livrées, en clair, vendues, l’année d’après, elles étaient 45 à l’avoir été. Et il est attendu que, d’ici la fin de l’année en cours, 60 autres le seront.

Des investissements importants de l’état

Cette amélioration de la situation d’ensemble du chantier naval de Bou Haroun, due en grande partie aux investissements consentis, par l’Etat, pour le renforcement de l’infrastructure existante et par ECOREP-Piriou, sur fonds propres, pour l’acquisition « d’outillages spécifiques », les premiers, d’un montant de 1420 millions de DA et les seconds, d’un montant de 762 millions de DA, est appelée à se poursuivre dans un avenir proche. Plus précisément, nous a déclaré le DG d’ECOREP-Piriou, à l’achèvement, prévu pour le 1er juillet 2017, des travaux de réalisation, actuellement en cours, d’une darse, longue de 40 m et large de 13 m. Surtout que d’ici cette date la coentreprise aura acquis un « roulev » (un élévateur de bateaux), une sorte de grue motorisée, pouvant lever des embarcations de 500 tonnes. A titre de comparaison, celui disponible aujourd’hui sur le chantier naval de Bou Haroun a une capacité de levage de 180 tonnes ; une capacité toute théorique, nous a précisé Eric Christol : « du fait de son ancienneté, il ne peut lever, dans les faits, que des navires de 80 tonnes ».  L’un dans l’autre ces deux « faits » : la réalisation de la darse et l’acquisition d’un nouveau « roulev », permettront à EP de développer son activité « réparation ». Et ce, en l’étendant aux navires de 40 m de long, parmi lesquels des bateaux de plaisance. Ce qui constituera, selon Eric Christol, « le début d’une ouverture, dans ce créneau, du chantier naval de Bou Haroun sur la Méditerranée ».

Une ouverture qui, toutefois, ne se limitera pas à ce seul créneau : EP ayant déjà lancé des études de faisabilité pour la construction d’un bateau de pêche en fibre de verre de 12 m de long, destiné, dans un premier temps, au marché français et, dans le cas d’une réussite, à celui européen, plus large. Une perspective qui nécessite pour sa concrétisation, nous a déclaré le DG d’EP, « le strict respect des normes européennes, des plus sévères, en matière de construction navale». Et qu’il défend par l’autre nécessité de « valoriser le savoir-faire acquis par l’ECOREP dans la construction d’embarcations de pêche en fibre de verre ». Ce matériau, la fibre de verre, ne sera pas le seul à être utilisé à l’avenir par EP dans la construction d’embarcations de pêche. L’acier et l’aluminium, le seront également. Et très prochainement. Le 1er janvier 2018, pour être précis, quand les deux halls de production, actuellement en  cours de réalisation, seront prêts. Des halls qui permettront, nous a précisé Eric Christol, «de mener de pair la construction de quatre embarcations » et qui assureront, ainsi, « une production annuelle de 8 à 10 unités».

Une gamme variée et l’exportation en perspective

Cette faiblesse apparente de la production s’explique par, au moins, deux facteurs : le temps de construction d’une embarcation : plusieurs mois quand ce n’est pas une année entière ; ce qui a fait dire à notre interlocuteur que « l’industrie marine, c’est le très long terme » ; et la diversité de la gamme qui sera fabriquée dans les deux halls de production en cours de construction : outre les embarcations de pêche, y compris des thoniers, y seront également construits, selon le DG d’EP, « des remorqueurs, des bateaux de passagers et des bateaux de servitude portuaire », tels, entre autres, les pilotines (ou bateaux pilotes), et les bateaux de dépollution (des ports). Des produits qui sont destinés, en priorité, au marché intérieur mais dont une partie pourrait être exportée. Sauf que cette perspective, ainsi que l’élévation de leur taux d’intégration, est soumise à l’obligatoire obtention de la certification internationale pour l’ensemble de leurs composants : « Actuellement, aucun composant produit en Algérie ne possède de certification internationale », nous a déclaré Eric Christol. Ce qui empêche, pour le moment, du moins, et l’une, l’exportation, et l’autre, l’élévation du taux d’intégration (des produits de l’EP). Une situation qui, toutefois, pourrait changer dans le cas où les entreprises algériennes produisant ces composants, ou du moins, une partie d’entre eux, venaient à demander, auprès des instances internationales compétentes, les certifications nécessaires. C’est ce que l’EP a, selon DG, officiellement demandé aux entreprises algériennes faisant, comme elle, partie du Groupe Mécanique, qui fabriquent deux composants essentiels entrant dans la production des embarcations : l’acier et le moteur, à savoir. Si cela venait à être concrétisé rapidement, Eric Christol n’écarte pas la possibilité que le taux d’intégration des produits de l’EP atteigne, « d’ici 2020, les 70% ».

Parmi les autres retombées positives de l’entrée en activité des deux halls de production en question, prévue pour début 2018, la création d’un grand nombre d’emplois supplémentaires. Qui portera l’effectif total du chantier naval de Bou Haroun, actuellement de 120 employés, à quelque 400 travailleurs. Un effectif qui aura, entre-temps, connu une augmentation avec l’entrée en activité, dans les deux prochains mois, d’un atelier de révision de radeaux de sauvetage. L’importance de cet atelier, comme source de revenus sûre, réside, selon notre interlocuteur, dans le fait que « la réglementation en vigueur impose, à toute embarcation de plus de 12 m, la double obligation d’être équipée d’un tel radeau et de procéder, chaque année, à sa révision».

Des perspectives et des défis qui ne peuvent être concrétisés et relevés qu’avec des personnels, surtout techniques, disposant de qualifications sérieuses, de qualité. Ce dont est pleinement conscient Eric Christol qui a mis en place un programme, dans ce sens, articulé autour de deux points : un complément de formation in-situ des personnels déjà en activité, et la signature d’une convention avec la direction de la Formation professionnelle de la wilaya de Tipasa visant à une formation pointue, dans tous les métiers demandés par l’EP, de nouveaux personnels dont elle aura besoin à l’avenir. Comme pour souligner l’importance que revêt le volet formation dans la stratégie de développement mise place par l’ECOREP-Piriou, note interlocuteur nous a déclaré que « concomitamment avec le lancement des deux halls de production susmentionnés, il sera procédé à l’ouverture d’une école de formation au sein même de la coentreprise » qui répondra à tous les besoins de celle-ci en personnels qualifiés.

Pour ce qui du personnel, il y a lieu de relever une particularité du partenariat qui lie aujourd’hui l’ECOREP à l’entreprise Piriou. Beaucoup seraient, en effet, surpris d’apprendre que le seul représentant de l’entreprise française présent en Algérie dans ce cadre est…Eric Christol. Aucun autre représentant de Piriou ne se trouve avec lui, en effet. Une situation bien particulière que ce dernier explique par la décision de la direction de son entreprise d’origine de faire, dès le départ, pleinement confiance aux compétences algériennes. A l’évidence, c’est un choix qu’elle ne regrette pas. Et ce, au vu des résultats largement satisfaisants auxquels a déjà donné lieu le partenariat avec l’ECOREP. « Je suis pleinement satisfait des cadres algériens qui travaillent avec moi. En plus de leur compétence, ils sont ouverts et ont une grande disponibilité à s’investir et une grande envie d’éclore. Il fallait seulement leur fournir un cadre propice à l’éclosion de leur savoir-faire », nous a déclaré, plein de tact, le DG de l’ECOREP-Piriou.

C’est avec le même « célérité » qu’Eric Christol nous a parlé de l’environnement économique en Algérie. Pour regretter certaines pesanteurs bureaucratiques et certains comportements quelque peu figés qui, tous deux, nous a-t-il dit, constituent des entraves au développement des entreprises. Mais non sans nous déclarer que ces problèmes ne peuvent aucunement le décourager dans l’accomplissement de sa mission…

Mourad Bendris

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