AccueilContributionsLa zone de libre-échange euro-méditerranéenne est elle encore viable pour l’algérie ?

La zone de libre-échange euro-méditerranéenne est elle encore viable pour l’algérie ?

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L’adhésion de l’Algérie à la zone de libre échange euro-méditerranéenne avait, on s’en souvient, suscité beaucoup d’espoir chez une grande majorité de nos compatriotes qui avaient naïvement compté sur deux promesses fondamentales : celle d’aider le pays à se démocratiser comme prévu par le traité de Barcelone et celle d’ouvrir, sans arrières pensées, ses marchés aux exportateurs algériens.

Ni l’une ni l’autre de ces promesses n’ont en réalité été tenues au bout d’une décennie d’un prétendu partenariat qui a, en définitive, tourné au seul et avantage de l’Union Européenne.

Des aides à la démocratisation, sacrifiées sur l’autel des intérêts géopolitiques ou bassement matériels, il n’y en a, en effet, jamais eu et il n’y en aura, sans doute, jamais. Alors que le traité de Barcelone recommandait clairement d’assister les pays membres de la zone de libre échange dans leurs efforts de démocratisation politique, l’Union Européenne n’a jamais contesté avec suffisamment d’énergie et détermination les malversations récurrentes qui ont souvent entaché les compétitions électorales organisées durant ces dix années par les autorités algériennes.

Bien au contraire ses dirigeants ont toujours été les premiers à féliciter les « élus » issus d’élections très souvent contestables. Les rapports des commissions de surveillance que l’UE dépêche quelques fois sont publiés avec beaucoup de retard, tout en ayant la particularité d’être complaisants envers les organisateurs des élections.

Au plan politique on peut donc affirmer que l’Union Européenne a totalement échoué dans sa mission, sans doute la plus noble, consistant à assister les pays de la zone de libre échange et notamment l’Algérie qui vivait une grave crise politique,  à mettre en œuvre dans les meilleures conditions possibles son processus de démocratisation. Cet objectif central avait pourtant été clairement explicité par le Traité de Barcelone dont plusieurs pages sont précisément réservés à ce volet.

Sur le plan économique les choses n’ont guère été meilleures pour notre pays. Bien au contraire. Les échanges commerciaux ont démesurément tourné à l’avantage des pays de l’Union Européenne et notamment la France, l’Espagne et l’Italie pour qui l’Algérie est devenue un énorme déversoir pour toute une panoplie de marchandises.

Les produits algériens interdits d’entrée dans les territoires européens au moyen de sournoises barrières non tarifaires n’ont pu conquérir au bout de vingt années d’adhésion que de très minces parts de marché. Et les chiffres fournis par la propre administration de l’Union Européenne montrent on ne peut plus clairement que cette zone de libre échange a indiscutablement fonctionné au détriment des intérêts économiques et commerciaux de l’Algérie.

Au cours de ces dix dernières années, les pays membre de l’Union Européenne ont en effet exporté vers notre pays environ 2OO milliards d’euros, alors que les exportations algériennes hors hydrocarbures (des dérivés de produits d’hydrocarbures essentiellement) n’ont guère dépassé les 12 milliards d’euros (soit 1,2 milliards d’euros par an en moyenne) durant cette même période.  En dépit de la concurrence des produits asiatiques, les importations algériennes en provenance de l’Union Européenne seront en constante augmentation prévoit Bruxelles qui estime que les algériens importeront durant les toutes prochaines années encore davantage d’inputs industriels, d’équipements de production, d’articles manufacturés et de produits agroalimentaires.

De cette association à sens unique, les algériens ont également à déplorer le manque d’engouement des pays d’Europe pour la promotion d’investissements productifs dans leur pays. La promotion d’IDE constituait pourtant une des raisons principales ayant motivée leur décision d’adhérer à la ZLE. Démotivés, il est vrai, par le mauvais climat des affaires qui prévaut en Algérie, les entreprises européennes ont été très peu nombreuses à risquer leur argent dans notre pays, lui préférant des cieux plus cléments.

Autre déception et non des moindres : l’insuffisance d’accompagnement de l’Union Européenne en faveur de nos petites et moyennes entreprises. Les mises à niveau promises n’ont, au bout du compte profité qu’à environ 500 d’entre elles avant que ce processus qui avait suscité beaucoup d’espoirs,  ne s’arrête brusquement en 2012.

L’Algérie tente depuis plusieurs années de ramener la balance des intérêts réciproques à de meilleures proportions à la faveur de réunions de travail avec l’Union Européenne. Les rounds de négociations ont été for nombreux mais les résultats bien maigres pour l’Algérie qui subit chaque année un peu plus les désagréments de l’échange inégal.

La prochaine rencontre (en juillet 2016) verra sans doute planer le spectre du retrait spectaculaire de la Grande Bretagne de l’Union Européenne (Brexit), en grande partie causé par l’aveuglement de Bruxelles face aux légitimes doléances d’une large frange de la population britannique.

Cet événement servira t il de déclic à l’administration de l’Union Européenne qui aurait, sommes nous convaincus,  tout intérêt à satisfaire les réclamations de la partie algérienne, au risque de provoquer son légitime retrait de cette zone devenue au fil des ans, de moins en moins, attrayante pour elle.

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