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Le PDG d’Alliances assurances, Hassen Khelifati à Algérie ECO « Survivre dans un environnement hostile »   

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Le Président directeur général d’alliances Assurances, Hassen Khlifati, revient dans cet entretien sur des pratiques que l’on croyait révolues. Il s’agit du dumping, le bradage et le cassage des prix dans le secteur des assurances. Khelifati, évoque un environnement hostile ou la véritable compétition n’existe pas. Le patron d’Alliance Assurance revient également sur la bourse d’Alger, la dévaluation du dinar et l’emprunt obligataire lancé par le gouvernement il y’a près de deux mois.

Alliances Assurances, dans un contexte économique difficile, a tenu ses engagements de distribution de son résultat net pour 2016. Cela n’affecte pas votre trésorerie ?

Nous avons fait ce choix pour plusieurs raisons et après une longue concertation au sein du conseil d’administration et de l’assemblée générale et nous avons voulu prioritairement récompensée nos petits actionnaires qui nous ont fait confiance à travers leurs souscription à nos titres il y a de cela presque 7 ans.

C’est vrai que la norme internationale de distribution de dividendes ne dépasse pas les 30 % mais nous avons décidé de maintenir ce taux élevé de plus de 56 % pour maintenir ce lien et aussi les remercier d’une certaine façon de leur confiance.

La conjoncture est très difficile et cela se sent de plus en plus et nous sommes obligés d’y faire face avec beaucoup de lucidité et nous restons vigilants.

La distribution de plus de 200 millions de DA en cash est une opération importante dans la vie financière d’une compagnie mais cela ne déstabilisera pas nos fondamentaux car la compagnie a les moyens financiers d’y faire face avec beaucoup de sérénité.

Et nous continuerons notre effort de développement malgré la défiance du marché.

A l’instar de plusieurs secteurs, le secteur des assurances traverse une crise. Comment faites vous pour faire face au contexte boursier difficile que traverse le secteur des assurances en Algérie ?

Effectivement, le secteur des assurances subi la crise que connaît le pays de plein fouet, nous sommes impacter par la diminution de la commande public, par la dévaluation de la valeur du dinar et aussi par le dumping et bradage des prix pratiqués par les acteurs.

Le dumping est devenu tellement un problème structurel dans notre secteur que la diminution ou l’augmentation des quotas automobiles n’aura aucun impact.

La dévaluation du dinar a un impact direct sur la facture du remboursement des sinistres automobiles et qui représente plus de 70 % de la facture remboursement du secteur.

Entre 2014/2015, les pièces de rechange chez les concessionnaires ont subi une augmentation de plus de 60 % à cause de la dévaluation du dinar. Alors que la prime d’assurances n’ont connu aucune augmentation mais au contraire une diminution a cause de la guerre des tarifs. Cela met dangereusement la solvabilité et la viabilité des compagnies en jeu.

Comment y faire face alors ? 

En attente d’une action collective au sein de l’UAR (Union des Assureurs et Réassureurs Algériens), nous avons décidé de prendre des mesures internes de sauvegarde pour faire face.

Nous avons développé notre système d’information pour mieux maîtriser l’activité de souscription et de règlement de sinistre.

Nous avons installé des back office au niveau de la DG pour maîtriser la gestion des sinistres et optimiser le remboursement en délais et au juste prix et les autres lignes de métiers.

Sur le plan commercial, nous avons lancé un grand projet de formation, de soutien au réseau et aussi de diversification des produits notamment par des offres innovantes tels que OTO KMS et des packs spécialisés lancés à l’occasion du dernier SIA.

Mais malgré tout ca, vous ne pouvez pas être efficace et innovant si tout les jours que Dieu fait, votre seul préoccupation est de survivre dans un environnement hostile,  défiant ou la vrai compétition n’existe pas mais seulement la guerre des tarifs au détriment du coût de reviens du sinistre et de la capacité future de faire à ses engagements de payer ses sinistres.

Nous pensons qu’il est temps que le régulateur intervienne en toute impartialité et mette un terme à cette situation préjudiciable à tout le monde et qui remet en cause la solvabilité de tout le système en Algérie.

Le dumping pratiqué dans le secteur ne peut pas donner la capacité aux acteurs de faire face à leurs engagements futurs et payer facilement leurs sinistres. Cette pratique de bradage de prix, à notre humble avis, est à l’origine de l’accumulation de centaines de milliers de dossiers sinistres non encore payé. Il faut que cela cesse avant de se retrouver en incapacité de payer et de laisser des assurés sans possibilité de recouvrir leur du.

 L’assurance automobile a toujours constitué l’essentiel du chiffre d’affaire des assureurs. Est-ce que la nouvelle réglementation imposée aux concessionnaires automobiles pour ce qui est de l’importation des véhicules neufs, n’a pas affecté Alliance Assurance ?

Au risque de vous surprendre, cela n’a aucun impact réel sur le CA du secteur. Comme je l’avais dit précédemment aujourd’hui avec les pratiques des acteurs du marché des assurances en Algérie, la politique des quotas n’aura aucun impact sur l’évolution et la croissance du marché des assurances en Algérie et cela à cause des pratiques de dumping et de cassage des prix.  Aujourd’hui  mettre un quota de 300.000 véhicules ou de 50.000 cela aura aucun impact.

Je m’explique, en 2015 l’Algérie a importé environ 300.000 véhicules, le chiffre d’affaires additionnels possible sur cette seule branche est de 12 Milliards de DA, si on rajoute les autres branches nous devions enregistrés environ 18 Milliard de DA, hors que constatons nous en 2015 et selon les chiffres provisoires communiqués par le CNA (Conseil National des Assurances), le marché dans sa partie dommages n’a progressé que de 200 millions de DA, soit 0,2 % en progression annuelle.

Cela veut dire tout simplement que tout le potentiel additionnel est dilapidée  dans le dumping, le bradage et le cassage des prix.

Cette situation aura des effets pervers à court et moyens termes sur la solvabilité et la solidité financière du secteur, sur la capacité financière des acteurs pour faire face à leurs sinistres et engagements futurs.

Les questions qui se posent dans ce cas là sont.

En ses temps de disette, les intérêts du trésor sont ils sauvegardées et les impôts directes préservés car n’oublions pas qu’il y 20 % d’impôts directes sur ce chiffre manque à gagner.

Peut-on continuer dans cette voie et assurer une solvabilité des compagnies ? Je ne le pense pas. Dans le cas présent, le régulateur et l’UAR doivent prendre leur responsabilité en toute impartialité et intervenir en commun pour mettre un peu d’ordre afin de s’assurer de la bonne pratique des règles, pour s’assurer de la bonne solvabilité du système et de la capacité des compagnies à faire face à leur règlement de sinistre future.

Le régulateur et l’UAR ont la responsabilité morale et politique de prendre leurs responsabilités et de prévenir toute crise systémique future et protéger les centaines de milliers d’assurés en attente d’indemnisation.

Tant que nous n’avons pas pris ce taureau par les cornes et remis le secteur sur les chemins de la vertu, il serait très difficile de voir l’avenir avec sérénité.

Néanmoins avec la concertation et le dialogue nous pourrons nous entendre sur une feuille de route engageante et graduelle pour commencer à redresser la barre dans l’intérêt de tout un chacun.

Comment se porte votre compagnie au niveau de la bourse d’Alger ?

Tout d’abord, nous venons d’apprendre avec regret le retrait de l’introduction en bourse de la cimenterie de Ain Kbira SCAEK après une compagne de 30 jours qui n’a pu recueillir que moins de 5 % de souscripteur.

Cela est la conséquence et le résultat de la non prise en compte de nos alertes et demandes passés afin de régler le problème de l’animation et la liquidité de la place boursière algérienne.

Il y a une rupture grave et profonde de la confiance entre les investisseurs et la place et il serait très difficile de la rétablir.

Nous pouvons trouver d’autres raisons à cet cuisant échec Telque le mauvais timing du lancement, la compagne de communication peu bruyante, le lancement simultané de l’emprunt obligataire etc.

À notre avis, l’absence de réforme profonde  du marché financier et des décisions courageuses, audacieuses et politiques pour relancer la bourse d’Alger sont les raisons principales de cet échec. Nous allons continuer à tourner en rond et trouver des explications à tout cela mais sans régler le problème de fond.

Nous pensons que tant qu’il y a un gramme de risque de pénalisation de l’acte de gestion, cela bloquera les initiatives des managers et les mettra en position statut quo. Le deuxième levier est d’assurer la liquidité du marché actions par la constitution de portefeuilles chez toutes les institutions financières du pays ( trésor, banques, assurances, différent fonds et caisses etc. ) par la force de la loi afin de donner une profondeur au marché et assurer les petits investisseurs sur la récupération de leur épargne à tout moment. C’est ca la confiance qui a été cassée et qu’il faut essayer de récupérer.

Certes il y a une prise de risque de la part du politique mais elle est limitée et ses gains seront à long terme. Cela ne demandera que quelques dizaines de millions de dinars par institution. Nous avons proposés un chiffre de 1 à 3 % du CA des ses institutions a investir obligatoirement dans l’animation boursière faute de quoi il sera payé en taxe et redirigé vers des sociétés a créé qui s’occuperont de l’animation de la place et de la mobilisation de l’épargne.

Aucune bourse ne s’est créé d’elle même, il y a eu toujours des états et des gouvernements qui ont pris la décision de s’impliquer et de prendre les choses en mains pour lancer la dynamique le temps nécessaires et de laisser le marché après. Les exemples sont connus et documentés la France, le Maroc, la Tunisie et l’Arabie saoudite pour ne citer que ceux là.

Nous ne souhaitons pas un débat stérile, bureaucratique et byzantin des commissions multi sectoriels cela ne servira qu’à diluer les responsabilités, noyer le poisson sans faire avancer d’un iota la problématique. On aura une ambiance de faire du sur place.

L’échec cuisant de l’introduction de SCAEK Ain Kbira et ses retombés néfastes sur la place, la confiance et le processus d’introduction des 7 autres titres publics CPA, MOBILIS, COSIDER, etc…. Est énorme et nous allons passer beaucoup de temps pour le digérer.

Quand au titre alliance, vu l’inertie du marché secondaire, nous essayons de le soutenir en mettant en place une communication financière permanente et aussi nous essayons d’assurer une issue à toutes offres de ventes par des offres d’achat équivalentes. Depuis une année aucune offre de vente n’est restée sans réponses adéquates.

Ce n’est pas notre rôle mais vu l’inertie du marché secondaire et l’absence de l’animation boursière de la part des IOB, nous avons pris nos responsabilités et décidés de faire face avec nos moyens en attendant des jours meilleurs à la bourse d’Alger.

Pour rappel, l’opération d’introduction d’alliance assurances sur la place d’Alger reste la plus grande réussite de ses 10 dernières années avec un taux de demande de plus de 220 % et un taux de souscription de plus de 142 %.

Nous avons réussi à rétablir la confiance avec les petits investisseurs qui ont vraiment cru à cette nouvelle aventure boursière, il y a en a eu plus de 6500 dans 99 % de particuliers dans les 48 wilaya.

Ce succès retentissant a été réalisé à une mobilisation générale et dans une conjoncture post scandale de l’affaire Khalifa qui avait fait beaucoup de dégâts sur la perception du secteur privé mais nous avons relevé le défi et réussi notre opération.

Mais hélas, l’inertie du marché secondaire et le manque de liquidité de la place et le manque d’engagement des IOB et de responsabilité ont tué le projet dans l’œuf et nous avons vu que les autres opérations sont passées de justesse.

Dommage que nous n’avons pas été audacieux et aller le plus loin possible. Ce n’est pas trop tard mais il fait y aller très vite.

Que pensez de l’emprunt obligataire lancé par le gouvernement le 17 avril dernier ?

Pour nous les assureurs, cela constitue une bonne opportunité d’investissement vu le manque de produits attractifs sur le marché financier algérien.

Les assureurs sont des investisseurs institutionnels par excellence et le marché financier constitue une bonne opportunité d’investissement des provisions et réserves financiers.

Aujourd’hui sur le marché, la rémunération de cet emprunt est très attractive et avec la qualité de signature de l’état algérien cela est autant de qualité pour cet emprunt.

Mais vu les besoins immenses du gouvernement en termes d’argent frais, toutes les potentialités doivent être mobilisés notamment l’argent qui s’endort à l’extérieur du circuit bancaire.

Nous allons en tant qu’alliance non seulement souscrire des sommes importantes, un programme a été arrêté et une première tranche de plus de 600 millions de DA sera souscrite dès début juillet et d’autres tranches suivrons jusqu’à la fin de l’opération.

Nous encourageons et nous prêchons la bonne parole auprès des entreprises et des particuliers détenteurs de capitaux pour les encourager à souscrire et soutenir cet emprunt obligataire

De nouvelles perspectives pour Alliances Assurances ?

Étant donné la conjoncture économique difficile, la morosité du marché financier et boursier ainsi que la situation anormale du secteur des assurances.

Nos organes sociaux et notre assemblée générale ont décidé d’ouvrir de nouvelles perspectives d’investissement et de diversification en allant prospecter de nouveaux horizons notamment dans des investissements industriels et commerciales ciblés et aussi en lançant notre premier projet immobilier qui en appellera d’autres certainement.

Sur le plan purement assurances, en attendant que la mise en ordre des choses, nous avons décidés de faire beaucoup de changement en interne notamment l’installation de back office par ligne de métier, le renforcement de notre logiciel et système d’information intégré et aussi innover sur le plan des offres et services à fortes valeurs ajoutés.

Nous continuons avec les collègues au sien de l’UAR et auprès du régulateur notre militantisme pour mettre un peu d’ordre dans le marché, protéger la solvabilité du marché, sa capacité de payer les sinistres futurs et aussi prévenir tout accident de parcours préjudiciable à l’avenir du secteur.

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