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Exportations hors hydrocarbures : Cap sur l’Afrique

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La 49 éme Foire internationale d’Alger et particulièrement  le Salon Djazair Export, organisés du 28 mai au 02 juin, ont mis au devant de la scène la nécessité de prospecter des marchés à l’international pour placer les produits algériens mais également d’assurer leur positionnement dans une démarche pérenne vu le contexte de crise pétrolière.

 Une politique offensive et soutenue du commerce extérieur reste  la seule alternative  pour rééquilibrer la balance commerciale qui a trop penché du côté des importations et qui risque dans les prochaines années de donner le coup de grâce à l’économie algérienne et aux équilibres macroéconomique sachant que le glas sonnera dans 3 ou 4 ans si rien n’est fait d’ici là.

Pour les plus optimistes, il s’agit de limiter les dégâts vu que certains pays, subsistant grâce à la rente pétrolière et se trouvant dans le même schéma à l’instar du Venezuela ont déjà touché le fond. Aujourd’hui, l’Afrique dont l’Algérie est une partie intégrante offre les opportunités de développement que n’offrent pas d’autres marchés saturés et difficilement accessibles.

La 49ème édition de la Foire internationale d’Alger (FIA) organisée sous le thème « l’investissement et l’entreprise au cœur de l’économie productive », à laquelle  ont pris part  810 exposants, dont 405 entreprises étrangères en provenance de 33 pays dont 28 sous pavillons officiels, a permis aux opérateurs algériens et étrangers d’exposer leurs produits et d’examiner des partenariats et des contrats commerciaux. La nouveauté de cette 49ème édition était la présence de la Banque arabe de développement économique en Afrique (BADEA), ayant  pour objectif d’accompagner les importateurs africains pour financer leurs opérations d’achats de produits algériens.

Les annonces de Sellal

Le premier ministre Abdelamalek Sellal qui a inauguré la FIA en compagnie d’une délégation de ministres et d’officiels a incité  les opérateurs économiques nationaux à s’orienter vers l’Afrique en déclarant que «2017 doit être l’année des exportations. La tendance actuelle doit être inversée à cette échéance pour changer la donne et sortir de la dépendance aux hydrocarbures » en mettant en exergue la diversification de la production avec d’autres créneaux, notamment l’agriculture.

 Il a annoncé en outre l’organisation en novembre prochain, d’un forum économique algéro-africain auquel participeront 2000 hommes d’affaires ».

Concernant l’efficacité énergétique, une priorité du gouvernement vu l’augmentation vertigineuse de la consommation  interne de l’électricité. Le premier ministre a  exhorté les fabricants de l’électroménager à aller vers la production d’appareils à basse consommation d’énergie en déclarant  que « dans le cadre de la loi de finances 2017, il y aura une augmentation des taxes pour les climatiseurs énergivores. Vous êtes avertis, préparez-vous dès maintenant. Nous sommes perdants et nous devons réduire la consommation d’énergie, surtout au Sud du pays», a-t-il asséné.

De son côté le ministre du commerce Ali Bakhti, a affirmé que « la relance des exportations hors hydrocarbures est une nécessité absolue et que l’Algérie dispose d’un potentiel d’exportation énorme » appelant « les opérateurs économiques à se mobiliser davantage pour que l’Algérie puisse dépendre davantage de ses performances économiques que de sa rente pétrolière ».

Les rencontres BtoB pour nouer des partenariats

Le 5ème Salon  Djazair-Export qui a été organisé simultanément  avec la FIA, est une édition fort particulière  car elle  constitue le déclic pour amorcer les nouvelles orientations en matière d’exportation en direction du continent africain. Ce salon  a connu une effervescence exceptionnelle qui augure des perspectives prometteuses pour les entreprises productrices nationales désireuses d’exporter leurs produits. Plus de 1500 rencontres B toB programmées ont eu lieu et 2000 visiteurs  professionnels ont transité par ce salon pour prospecter de nouveaux partenariats.  Au total, 180 entreprises étaient présentes à titre individuel ou regroupées au sein de consortiums.

Des produits de haute qualité ont été exposés à l’instar  de ceux des groupes comme  Condor, Bomare Compagnie représentant de la marque Stream Système, Amimer Energie, Vénus et Biopharm. Des chefs d’entreprises représentant  10 pays africains à savoir, la Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina Fasso, Gabon, Niger, Benin, Tchad, Mali, Cameroun, Guinee Bissao ont pu prendre contact avec leurs homologues algériens.

A cette occasion, des contrats de partenariat ont été signés entre plusieurs entreprises algériennes et leurs homologues africaines d’une valeur de 40 millions de dollars dans différents domaines. À l’instar de celui paraphé avec la société Stream système d’un montant de 12 millions de dollars et celui de la société Amimer énergie et 3A énergie d’un montant de 5 millions de dollars pour la création d’une joint-venture dans le secteur électrique.

Mr Yacine Kerioui, DG de la MAIC : « Notre objectif est de créer 15 comptoirs commerciaux d’ici 2020 »

Mr Kerioui Yacine, General Manager de la  Maison MAIC (Maison algéro-ivoirienne de commerce), 1er comptoir commercial algérien à l’étranger, était présent au Salon  avec 15 entreprises algériennes membres de la structure qu’il représente. Il était très enthousiaste quand à la dynamique qui prend forme s’agissant des échanges avec les pays africains.

 Sa structure installée en Côte d’Ivoire est très dynamique. Il nous a  expliqué que « L’Afrique présente de réelles potentialités pour la production nationale. Les pays africains ont tout intérêt à travailler ensemble  car ils ont beaucoup de choses en commun ». Il a déploré néanmoins, « le coût exorbitant du fret et le déficit en lignes maritimes directes depuis les ports d’Algérie ». « Il faut, a-t-il indiqué, lever les blocages à l’export ». L’une des contraintes majeures selon lui, réside dans  « la réglementation contradictoire et obsolète de la banque d’Algérie, s’agissant du rapatriement d’argent qui met en difficulté l’opérateur algérien ». En dépit de ces difficultés, il a soutenu que « son but avec ses partenaires est d’ouvrir d’ici 2020, 15 comptoirs commerciaux dans l’espace CEDEAO ».

Mr Sanogo Mamadou, DG de Genie Industrie : « L’engagement de l’Algérie envers les pays subsahariens est très fort »

Rencontré au Salon de Djazair Export, Mr Sanogo Mamadou, DG de Genie Industrie, une entreprise spécialisée dans les équipements industriels nous a déclaré que « leur participation au salon est dictée par leur souhait d’acquérir du matériel algérien pour leurs installations en Côte d’Ivoire ». « Nous avons, nous a-t-il révélé, l’habitude d’acheter nos matériaux en Europe mais l’Algérie présente de meilleures offres d’un point de vue  rapport qualité/prix. L’accompagnement de la banque BADEA est également un très bon atout puisque cette banque finance nos achats.

Nous pensons que les pays africains doivent travailler ensemble pour faire émerger nos économies néanmoins le problème réside dans nos dirigeants qui n’arrivent pas à avoir une vision claire. Cependant, c’est à nous opérateurs économiques qui devront leur montrer la voie à suivre.

 La coopération interafricaine  doit aller dans ce sens car les pays africains ont tout à gagner à contracter des partenariats et à œuvrer à l’émergence d’une économie solidaire. C’est difficile mais c’est un défi à relever. Pour cela il faut impérativement se débarrasser des influences de l’Occident. Nous voulons entrer en contact avec des entreprises algériennes pour  nous approvisionner en matériaux afin d’installer nos usines notamment dans l’agroalimentaire. La majorité des usines en Côte d’Ivoire sont détenues par des multinationales ». « Personnellement, nous a-t-il indiqué,  je suis pour la coopération Sud-Sud et pour que les africains se réunissent autour d’une table afin de mettre en place une stratégie commune  de coopération ayant pour objectif de donner à notre continent une visibilité ». « Nous avons été trop négligents » a-t-il déploré. « Il est temps, a-t-il souligné, d’inverser la donne car si rien n’est fait, nous ne pourrons plus nous protéger. Nous devons trouver des leviers de croissance ».

 Et de conclure «  l’engagement de l’Algérie envers les pays subsahariens est très fort, nous l’avons constaté chez les officiels, l’Algex, et  la Maic. De notre côté, nous allons développer nos idées pour que cette coopération prenne forme et puisse aller au terme de son efficacité ».

Mr Salhi Abdelhalim, DG de la Bibliothèque Verte : « Le livre algérien, très prisé à l’Etranger »

Durant notre virée à la Safex où se tenait le salon Algéria Export, nous avons été surpris de remarquer une maison d’édition dans le lot des stands qui exposaient leurs produits. Il s’agit de la Bibliothèque Verte, une entreprise d’édition spécialisée dans les ouvrages pour enfants.

Approché, Mr Salhi Abdelhalim, le DG  de ladite bibliothèque et également membre du bureau exécutif  de  l’Union des éditeurs algériens (UEA). Il nous dira que « nous avons réussi le pari d’exporter le livre pour enfants dans les deux versions arabe et français dans plusieurs pays. Nous exportons vers le Maroc, la France, les pays du Golf, le Sénégal, et des tentatives d’exportations au Burkina Faso. Nous essayons actuellement de décrocher des contrats de distribution en Côté d’Ivoire. Nous faisons un chiffre d’affaires qui se situe entre 6 à 10 millions de Da. Notre objectif est de cibler le marché extérieur notamment africain où le livre algérien est recherché ».

Mr Salhi nous a affirmé que «  d’une manière générale, le livre algérien, très prisé à l’Etranger ». S’agissant des contraintes, Mr Salhi évoquera notamment le foncier qui reste un écueil fondamental pour l’expansion de son activité ainsi que l’interdiction d’importations de machines d’occasion qui devrait, selon lui être revue car  les machines neuves coûtent très chers et vu les coûts de revient, il est difficile de maintenir l’équilibre financier ». En affirmant que « le livre est aussi un pourvoyeur de devises ». A cet effet, il plaide pour la mise en place d’un réseau de distribution pour  rendre l’exportation plus rentable et plus efficace ».

Dossier réalisé par Fatma Haouari

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