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Bruno Bich, patriarche discret et dévoué de l’empire Bic

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Obsession de la qualité, vision à long terme et « amour de la bagarre »: à bientôt 70 ans, Bruno Bich joue les prolongations pour transmettre au mieux les valeurs qui ont fait le succès du groupe Bic, fondé par son père.

Fin mai, après l’assemblée générale du groupe qui se tient mercredi, cet homme au visage rond et de haute taille, cultivant la discrétion, doit redevenir PDG du groupe pour deux ans, en raison du départ à la retraite du directeur général Mario Guevara, intervenant plus tôt que prévu.

Le temps selon M. Bich de « finir de bien préparer » l’aîné de ses trois fils à prendre potentiellement la relève: Gonzalve, 37 ans, actuel responsable des marchés émergents au sein du groupe régnant sur les stylos, briquets et rasoirs jetables.

Toutes les quatre secondes, 1.000 produits Bic sont vendus dans le monde. Le groupe a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de quelque 2,2 milliards d’euros. « Chez Bic on a une expression: ‘Honorer le passé pour inventer le futur' » souligne Bruno Bich lors d’un entretien à l’AFP dans les bureaux historiques du groupe à Clichy (Hauts-de-Seine).

« Honorer le passé », c’est garder à l’esprit les valeurs de son propre père, Marcel Bich (1914-1994), le fondateur de la société: l’éthique, le sens du long terme et du « risque mesuré », tout en ferraillant avec de grands concurrents comme l’américain Gillette.

Après avoir démarré dans la finance à New York, Bruno Bich a rejoint à 28 ans l’entreprise familiale, prenant en charge sa filiale américaine. Celle-ci est devenue au fil des ans l’une des plus dynamiques et rentables du groupe. PDG de Bic de 1993 à 2006, période durant laquelle il a encore renforcé l’internationalisation de la marque, Bruno Bich était ensuite devenu président non exécutif.

Mais « sans jamais avoir été loin du métier », glisse-t-il en souriant. Chaque mois, il scrute les chiffres des ventes par rapport aux concurrents, et visite « au moins 20 magasins par mois » partout dans le monde, incognito.

De l’encre Bic dans les veines

Dans les supermarchés ou chez les buralistes, Bruno Bich observe les prix de ses produits, leur disposition dans les rayons. « Je passe aussi du temps pour voir les gens faire leurs courses, surtout pendant la rentrée des classes », période cruciale pour les articles de papeterie de Bic, confie-t-il.

Même si le groupe est coté à la Bourse de Paris depuis 1972, 43% du capital appartient toujours à la famille nombreuse du fondateur.

Les Bich, « ils ont de l’encre Bic dans le sang », décrit à l’AFP Pierre Vareille, PDG de Constellium et administrateur indépendant de Bic. Bruno Bich est un homme « habité » par l’entreprise familiale, « qu’il connaît sur le bout des doigts », ajoute M. Vareille.

« Il présente un bon mélange d’audace et de prudence », complète Frédéric Rostand, directeur général de la coopérative laitière française Sodiaal et autre administrateur indépendant de Bic.

Pour « inventer le futur », Bic garde la même recette: continuer à gagner des parts de marché à travers le monde, avec ses produits de base dans les pays en voie de développement et ses produits à valeur ajoutée, souvent plus personnalisés, dans les marchés matures.

Créer une nouvelle activité remplissant les critères fondamentaux de Bic – une fonction de base, au meilleur rapport qualité/prix – relève pour le moment de la gageure.

Après avoir cherché pendant dix ans à développer une pile à combustible pour recharger des appareils numériques comme les smartphones, le groupe a fini par y renoncer l’an dernier.

« Nous regardons toujours de nouvelles idées, mais nous nous concentrons sur le développement de nos catégories de base, où il y a encore plein de choses à faire, plein d’opportunités », résume M. Bich, soucieux de développer notamment l’activité du groupe en Chine dans les années à venir, après l’Amérique latine et l’Inde.

Obsession de la qualité, vision à long terme et « amour de la bagarre »: à bientôt 70 ans, Bruno Bich joue les prolongations pour transmettre au mieux les valeurs qui ont fait le succès du groupe Bic, fondé par son père

AFP

 

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