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Arabie Saoudite : un plan à l’horizon 2030 pour une économie moins dépendante du pétrole

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Le roi Salmane a promulgué samedi une série de décrets royaux qui fusionnent plusieurs ministères afin de refléter les priorités de l’ambitieux programme « Vision saoudienne à l’horizon 2030 » présenté le 25 avril par le vice-prince héritier Mohammed ben Salmane.

Le premier exportateur mondial de brut évoque depuis longtemps la nécessité de diversifier l’économie pour sortir de « l’addiction du pétrole ». Mais l’effondrement des revenus pétroliers depuis deux ans a accéléré cet effort, sous l’impulsion du jeune prince Mohammed, qui dirige, à seulement 30 ans, le Conseil pour les Affaires économiques et de développement.

Ce dernier a annoncé l’intention des autorités de vendre moins de 5% de Saudi Aramco, première compagnie pétrolière au monde, ce qui constituerait la plus grosse capitalisation boursière au monde. Le produit de cette vente contribuera à créer le plus gros fonds d’investissement au monde, doté de 2.000 milliards de dollars (1.777 milliards d’euros) et dont les profits pourront offrir une alternative aux revenus pétroliers. « Le rôle d’Aramco est clé », explique une source industrielle pétrolière, en notant que ce n’est pas un hasard si le PDG de cette compagnie, Khaled al-Faleh, a été choisi pour diriger un super-ministère de de l’Energie, de l’Industrie et des Ressources minières.

« Il a eu le job grâce à ses performances » depuis 2009, a ajouté cette source. En mai 2015, M. Faleh avait rejoint le gouvernement au poste de ministre de la Santé, tout en conservant ses fonctions de PDG d’Aramco. M. Faleh a remplacé Ali al-Nouaïmi, l’inamovible ministre du Pétrole pendant plus de deux décennies.

Selon un diplomate européen, l’élargissement des domaines de ce ministère reflète la volonté du pouvoir de développer d’autres sources d’énergie que le pétrole, qui représente encore aujourd’hui plus de 70% des revenus de l’Etat.

L’Arabie saoudite, vaste pays désertique, a du potentiel dans les domaines solaire et éolien. Elle veut aussi dynamiser ses industries, notamment pétrochimique, militaire et minière.

M. Faleh est devenu le mois dernier président de Ma’aden, la compagnie minière saoudienne qui a été partiellement cotée en Bourse. « Je crois que les gens attendent beaucoup de lui », estime le diplomate.

Parmi les autres changements annoncés, le ministère de l’Eau et de l’Electricité est remplacé par celui de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture, alors que des Saoudiens sont de plus en plus nombreux à acheter des terres cultivables à l’étranger, notamment en Afrique de l’est.

« Il y aura certainement davantage de développement agricole à l’étranger », conformément à l’appel formulé par le plan du prince pour nouer « des partenariats stratégiques avec des pays dotés de ressources naturelles », poursuit le diplomate.

Une autre fusion concerne les ministères du Travail et des Affaires sociales. Le royaume, qui emploie des millions de travailleurs étrangers, cherche à améliorer les compétences de ses citoyens et à créer de nouveaux emplois pour eux alors que plus de 35% des Saoudiens ont moins de 19 ans

Le ministère du Commerce et de l’Industrie est rebaptisé ministère du Commerce et de l’Investissement, Ryad cherchant à attirer davantage d’étrangers tout en devenant une force mondiale pour l’investissement.

Parmi les autres décisions prises par le roi figure la nomination d’un nouveau gouverneur de la Banque centrale, Ahmed al-Khulaifi.

« La façon dont il (le plan) a été structuré est très prometteuse », affirme Salah Saleh Sultan, de l’entreprise de services financiers Muscat Capital à Ryad. Mais il faut, selon lui, « plus de précisions » sur la manière dont sera effectivement mise en œuvre la « feuille de route » pour la transformation de l’économie.

Le banquier, qui a requis l’anonymat, souligne que l’intransigeance bureaucratique constituera le principal obstacle pour le gouvernement. Car « il est difficile de manœuvrer un gros paquebot », selon lui.

Le diplomate européen cite d’autres défis, notamment le déficit d’institutions capables de former des Saoudiens pour remplacer des étrangers qualifiés et l’absence d’une culture du travail parmi les Saoudiens.

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