AccueilBanques-FinancesLa croissance externe expliquée par Naouel Touzene du cabinet Bravehill

La croissance externe expliquée par Naouel Touzene du cabinet Bravehill

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A l’heure où le gouvernement évoque à nouveau le concept de privatisation et où certains secteurs vont connaître des effets de concentration après l’explosion d’acteurs, nous avons voulu comprendre avec Naouel Touzene, Manager au sein du cabinet Bravehill, le concept de croissance externe.

 

Naouel Touzene, qu’entend-on par Croissance externe ?

Les entreprises ont deux façons de développer leur activité : la croissance interne qui consiste à développer des projets en interne (une nouvelle usine, un nouveau point de vente…) et la croissance externe qui consiste à acheter une entreprise qui est déjà active sur le secteur cible. En Algérie la croissance interne est privilégiée car notre Economie est en pleine construction. Cependant les acquisitions vont devenir de plus en plus fréquentes. Il y a des secteurs où les acteurs se sont multipliés (je pense aux minoteries ou à des services comme le transport par exemple) et où l’on va surement connaître des phénomènes de concentration. Les acteurs les mieux organisés vont acquérir de plus petits acteurs. Il y a aussi les privatisations qui vont offrir des opportunités d’acquisition aux entreprises et aux fonds.

Comment une entreprise choisi de réaliser une acquisition ?

Le concept clé est la synergie. Une entreprise peut soit acquérir une entité dans son propre domaine d’activité (intégration verticale) afin d’augmenter ses parts de marché et d’atteindre une taille critique (afin de mutualiser les coûts), soit acquérir une entreprise dans l’amont ou l’aval de son activité (acheter un fournisseur ou un client). Dans les deux cas la synergie est la valeur qui va naitre du rapprochement (la valeur des deux entités fusionnées devant être supérieur à la somme des valeurs des deux entités prises individuellement).

Comment valorise-t-on une entreprise que l’on souhaite acquérir ?

Vous mettez le doigt sur un concept central de ce que l’on appelle les fusions-acquisitions : la valorisation. Dans une transaction il y a un vendeur et un acheteur et seule une valorisation correctement justifiée pourra permettre de concrétiser l’opération. Lorsqu’une entreprise est cotée on peut utiliser la capitalisation boursière comme la valeur attribuée par le marché à l’entreprise. Cependant même dans ce cas et dans les cas d’entreprises non cotées, il convient de réaliser une valorisation fondée sur les résultats d’une entreprise : en actualisant les flux de trésorerie futurs que devrait générer l’entreprise. Cette méthode se nomme « Discounted Cash Flow » et elle requiert un business plan suffisamment fin pour prévoir les flux de trésorerie futurs. L’autre point sensible est le taux d’actualisation que l’on appelle Cout Moyen Pondéré du Capital (CMPC ou WACC pour Weighted Average Cost of Capital en anglais). Il y a enfin les méthodes qui consistent à comparer à d’autres sociétés ou opérations, mais nous utilisons plutôt cela à titre de contrôle.

Pouvez-nous en dire plus sur ce WACC ?

Pour simplifier, le WACC correspond aux taux exiger par les pourvoyeurs de fonds (actionnaires et créanciers) pour financer la société.  On pondère selon la structure du capital de la société cible les taux exigés par les actionnaires et les taux de la dette contractée. C’est aussi dans ce WACC que l’on va prendre en compte une éventuelle prime de risque pays.

Quels sont selon vous les facteurs de réussite d’une opération d’acquisition ?

Le 1er est d’identifier une réelle synergie. Il ne faut pas acquérir pour acquérir. On peut acquérir pour accéder à des contrats, à une expertise complémentaire ou encore pour s’assurer d’un correct approvisionnement en matière 1ère. L’autre point essentiel correspond à la culture d’entreprise de l’entité cible. Il faut s’assurer que l’entreprise est bien intégrable dans le groupe. Nous voyons régulièrement des échecs post-acquisitions car l’acquéreur a sous-estimé la résistance des équipes au nouveau management.

Selon vous, les privatisations sont-elles une bonne chose pour notre Economie ? Quelles entreprises devrait-on privatiser ?

Ce n’est pas à moi de dire ce qui est privatisable ou ce qu’il ne l’est pas. Certaines activités doivent rester dans le giron de l’Etat.  Pour d’autres secteurs l’arrivée d’un actionnaire privé peut en effet dynamiser la structure. Le but d’un actionnaire privé et de maximiser ses dividendes et donc le résultat de l’entité et ainsi rationnaliser le fonctionnement de l’entreprise. Mais l’Etat peut aussi adopter cette démarche en étant un actionnaire qui exige des retours sur investissement. Pour les entreprises privées les privatisations peuvent être de réelles opportunités de croissance.

M.EK

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