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Déclin de la rente d’hydrocarbures: Le prochain gouvernement attendu principalement sur le terrain économique

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C’est sur un terrain économique miné par la désindustrialisation, le recours excessif aux importations et le déclin de la rente d’hydrocarbures, que le nouveau gouvernement est surtout attendu, tant la situation économique du pays est, à bien des égards, inquiétante car très vulnérable aux conjonctures internationales.

Mais que peut-on espérer en toute objectivité d’une équipe gouvernementale condamnée à être au minimum recomposée juste après les élections législatives et sénatoriales qui devraient se tenir une année et demie à peine. évidemment pas grand-chose, d’autant plus que la formation du prochain gouvernement promet de prendre, comme à l’accoutumée, beaucoup de temps dans une ambiance anxiogène exacerbée par les rumeurs alarmistes et les légitimes inquiétudes des algériens quant aux conséquences de l’amenuisement de la rente pétrolière et des hausses de prix de nombreux produits et services instaurées par la loi de finances 2016.

La contestation sociale promet également d’être très forte tant les promesses faîtes à l’occasion de la campagne électorale pour le quatrième mandat de Abdelaziz Bouteflika en période faste ont été nombreuses, mais aujourd’hui impossible à tenir. Toutes les parties ayant soutenu le candidat pour un quatrième mandat, certains grands entrepreneurs privés y compris, avaient commencé à avoir leurs parts du gâteau et tout le problème du prochain gouvernement consistera à trouver les moyens financiers nécessaires pour continuer à les servir, au risque de perdre leurs soutiens.

Il ne lui sera évidemment pas facile de tenir les engagements du président élu envers ses électeurs, notamment les plus riches d’entre eux, tant le déclin de la rente pétrolière a considérablement réduit la manne financière sur laquelle reposait son « extrême générosité ».

Faute de stratégie anti-crise consensuelle sur laquelle baser l’action gouvernementale, le prochain premier ministre et son équipe n’auront pour les moyens de gouvernance économique et sociale que les lois de finances annuelles et complémentaires qui ne leur donneront pas toute la latitude requise pour mener les réformes systémiques qui s’imposent, notamment en période de crise. A l’évidence, le prochain gouvernement n’aura certainement pas les coudées franches pour trancher les vraies questions qui minent depuis plusieurs décennies le développement économique et social du pays, ni même la possibilité de travailler dans la sérénité durant cette période propice aux intrigues politiciennes et aux épreuves des rapports de forces en cette période d’incertitude sur la pérennité du mandat présidentiel et les modalités de succession.

Il ne faudrait de surcroît jamais perdre de vue que bien que fortement handicapé par des problèmes de santé, la nouvelle Constitution concentre pratiquement tous les pouvoirs aux mains du président Bouteflika et que, par conséquence, le prochain premier ministre et son équipe seront, tout comme ceux qui les avaient précédés de simples exécutants d’actions gouvernementales généralement conçues par le président de la république et son entourage immédiat, tout particulièrement, quand il s’agit d’actions à caractère purement politique.

Il restera évidemment aux technocrates du prochain gouvernement, une large possibilité de manœuvre sur le terrain de l’économie où il y a en effet beaucoup à faire, tant le mal qui ronge l’appareil national de production est profond dans un contexte de forte restrictions budgétaires qui ne permet plus de compter sur les importations pour satisfaire une demande sociale en constante augmentation. Dans un pays où la construction d’une économie de marché s’éternise et où les recettes d’hydrocarbures continuent à financer l’essentiel des besoins économiques et sociaux de la population, on ne peut effectivement pas se permettre de perdre encore du temps, notamment lorsque on sait que nos réserves de changes constituées à la faveur des prix forts d’hydrocarbures ne dureront, au train où vont les choses, qu’au maximum trois années.

Le chemin à parcourir pour arrimer l’économie algérienne à l’économie mondiale sera évidemment long et fastidieux, tant les réformes ont accusé du retard. Il faudra pratiquement tout faire et, dans bien des cas, refaire des réformes aujourd’hui dépassées. Il faut en effet se rendre à l’évidence que depuis l’année d’adoption de l’économie de marché par la constitution de 1989, les autorités politiques algériennes qui sont succédé à la tête du pays n’ont mis aucun des outils de l’économie moderne en place. L’Algérie ne dispose pas à ce jour d’un authentique marché du change, ni d’un marché boursier, ni d’un marché immobilier, ni même de moyens de paiement modernes susceptibles de lui permettre d’enclencher, sur de bonnes bases, la dynamique de développement industriel souhaitée.

Dans l’état actuel de son organisation, l’économie algérienne ne peut compter, comme au temps du socialisme, que sur le budget de l’État, la contribution des partenaires privés au développement économique et social étant difficile à concrétiser dans le cadre actuel de la réglementation. A la traîne, du point de vue de la gouvernance économique, une des plus archaïques au monde, l’Algérie a pourtant plus que jamais besoin d’un gouvernement réformateur fort, en mesure de gérer notre économie autrement qu’au moyen de la rente pétrolière.

L’Algérie a effectivement besoin d’un gouvernement judicieusement organisé (création d’un grand ministère de l’Économie épaulé par un très compétent Délégué à la réforme économique) qui aille plus vite et plus résolument dans les réformes systémiques de nature à préparer l’outil national de production à l’innovation et la compétitivité.

Les réformes structurelles à mettre en œuvre pour doter le pays d’un authentique système de marché et restaurer l’industrie, l’agriculture, le BTP et les services sur des bases modernes devraient constituer, de ce fait, le priorités du gouvernement qu’on attend depuis l’adoption de la réforme constitutionnelle.

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