AccueilBanques-FinancesTendances financières et monétaires : Les chiffres alarmants de la Banque d’Algérie

Tendances financières et monétaires : Les chiffres alarmants de la Banque d’Algérie

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Déficits de la balance des paiements, baisse des réserves de change, érosion des ressources du fonds de régulation des recettes : l’économie algérienne est fortement impactée par la baisse drastique des prix du pétrole. Au titre des neufs premiers mois de l’année 2015, le prix moyen du pétrole s’est établi à 55,76 dollars le baril contre 106,65 dollars le baril pour la même période de 2004. Cette chute du prix du pétrole, associée à une baisse des quantités d’hydrocarbures exportées de 3,09% au cours des neufs premiers de l’année passée s’est traduite par un niveau d’exportations d’hydrocarbures de seulement de 25,79 milliards de dollars contre 46,86 milliards de dollars une année auparavant.

Une telle contraction de 45% (- 21,06 milliards de dollars) confirme l’ampleur du choc externe qui a pesé en 2015 sur l’économie nationale, très vulnérable à la ressource hydrocarbure. La note de conjoncture sur les tendances financières et monétaires pour les neuf premier mois de l’année 2015, présentée par le gouverneur de la Banque d’Algérie, mercredi, relève que les exportations des hydrocarbures se sont stabilisées à 1,09 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de l’année 2015. Elles demeurent marginales et en deçà du potentiel du pays, en matière de diversification des exportations.

Les importations ont entamé une tendance baissière. Elles se sont établies à 39,70 milliards de dollars au cours des neufs premiers de l’année dernière, contre 45 milliards de dollars de dollars au cours de la même période de l’année 2014. La mise en œuvre récemment de mesures visant à contenir l’emballement des importations a commencé à contribuer à cette baisse des importations. Ces mesures comprennent, notamment, le resserrement des exigences en matière de normes et la mise en œuvre attendue du dispositif d’encadrement des importations.

La Banque d’Algérie a, également, procédé au renforcement des exigences en matière de détermination de la surface financière de l’importateur pour les besoins de domiciliation bancaire. Elle a également réduit le ratio prudentiel des fonds propres des banques par rapport à leurs engagements au titre du commerce extérieur et a intensifié les contrôles des opérations du commerce extérieur directement au niveau des agences bancaires. Il s’agit de contrôle des dispositifs des banques en matière de contrôle interne, notamment en ce qui concerne les vérifications a posteriori de la « bonne foi » des opérations avec le reste du monde. Le recul des importations de biens n’a pu compenser que partiellement celui des exportations des hydrocarbures.

Le solde global de la balance des paiements affiche un déficit record

Sous l’effet du choc externe et du niveau encore élevé des importations, le solde de la balance commerciale est passé d’un excédent de 2,93 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2014 à un déficit de 12,82 milliards de dollars cours de la même période de l’année en cours (8,29 milliards de dollars au premier semestre 2015).

Parallèlement, sous l’effet du recul des importations de services, le déficit du poste services, hors revenus des facteurs, s’est contracté à 5,39 milliards de dollars contre 6,07 milliards de dollars au cours des neufs premiers mois de 2014. L’important transfert de dividendes au cours du premier trimestre de 2015, en situation de baisse des recettes au titre des revenus des facteurs, a été la principale source d’élargissement du déficit du poste revenus des facteurs (revenus primaires) nets qui s’est établi à 3,84 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2015 (-3,79 milliards de dollars au cours de la même période de 2014), en situation de recul sensible de la part en production des associés de l’entreprise nationale des hydrocarbures.

Le poste transferts courants (revenus secondaires) nets continue d’enregistrer des excédents appréciables au cours des neuf premiers mois de 2015 (2 milliards de dollars), quoique en recul par rapport à la même période de 2014 (2,33 milliards de dollars). Ainsi le compte courant de la balance des paiements affiche un important déficit (-20,05 milliards de dollars) au cours des neuf premiers mois de 2015, déficit dû essentiellement à la chute des
prix du pétrole et des quantités exportées, d’une part, et à l’important transfert de dividendes, d’autre part.

Le compte de capital et des opérations financières enregistre également un déficit au cours des neuf premiers mois de l’année en cours (-763 millions de dollars), suite au transfert de 2,34 milliards de dollars au titre d’une cession par des non-résidents à des résidents de leurs parts dans une entreprise, contre un excédent de 1,59 milliard de dollars à la même période de 2014. Au total, le solde global de la balance des paiements affiche un déficit de 20,82 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de 2015 contre un déficit de seulement 3,02 milliards de dollars durant la même période de l’année passée.

Pour mémoire, en dépit de la chute des prix du pétrole au second semestre 2014, le déficit global de la balance des paiements a pu être contenu à 4,56 milliards de dollars au cours de ce semestre. Ce déficit record conjugué à l’effet de valorisation négatif, a fait que les réserves officielles de change (hors or) se sont fortement contractées, s’établissant à 152,70 milliards de dollars à fin septembre 2015 contre 159,03 milliards de dollars à fin juin 2015 et 178,94 milliards de dollars à fin décembre 2014. Cela porte la contraction des réserves officielles de change entre fin septembre 2014 et fin septembre 2015 à 32,57 milliards de dollars.

Les ressources du Trésor ont subi une érosion drastique

La tendance au creusement du déficit global du Trésor et à l’érosion des ressources du FRR s’est accentuée durant les trois premiers trimestres de 2015, en contexte de faiblesse des revenus de la fiscalité pétrolière liée à la faiblesse persistante des prix du pétrole, et de dépenses budgétaires toujours élevées.
Selon les données du Trésor, les recettes de la fiscalité pétrolière ont atteint 1834,14 milliards de dinars à fin septembre 2015 (1243,08 milliards de dinars à fin juin 2015) contre 2603,40 milliards de dinars au cours de la même période de 2014 (1870 milliards de dinars au premier semestre de 2014). Corrélativement, le solde global de ses opérations s’est détérioré davantage, pour atteindre un déficit de 1653,6 milliards de dinars (1157,5 milliards de dinars à fin juin 2015) contre un niveau de seulement 789,6 milliards de dinars au cours des neuf premiers mois de l’année passée.

Le stock d’épargnes financières du Trésor a chuté à 2913,3 milliards de dinars à fin septembre 2015 (3521,0 milliards de dinars à fin juin 2015). Au total, les ressources du Trésor ont subi une érosion drastique de l’ordre de 1972,8 milliards de dinars entre fin septembre 2014 et fin septembre 2015, soit une réduction de 40,4 % en l’espace de douze mois seulement, après plusieurs années d’efforts soutenus d’épargne budgétaire.

K.L

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