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Hadj Tahar Boulenouar, président de l’ANCA : « Les subventions de l’Etat profitent plus aux riches qu’aux nécessiteux »

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Dans cet entretien, le président de l’ANCA (Association nationale des commerçants et artisans) M Hadj Tahar Boulenouar nous livre son avis sur les problèmes que rencontrent les commerçants en général et les boulangers en particulier. Il nous parle également des sujets abordés lors d’une réunion  avec un représentant du ministère du Commerce.

Algérie-Eco : Les boulangers de plusieurs régions du pays, brandissent la menace de grève. A Maghnia, Bouira, Tizi-Ouzou ou à Annaba, la majorité des boulangers avancent la «maigre» subvention de l’Etat qui tourne autour de 2 DA la baguette, les charges qui ne cessent de grimper, les dettes fiscales ainsi que les intrants dont les prix ont été revus à la hausse tels la levure, les produits boulangers, l’eau, le sel, l’électricité et également l’entretien. Qu’en pensez-vous ?

Hadj Tahar Boulenouar : Justement, pour toutes les raisons que vous avez citées, ainsi que pour d’autres, les boulangers sont très inquiets pour l’avenir de leur activité. D’ailleurs, l’ANCA est en contact permanent avec les représentants de boulangers dans différentes wilayas du pays.

Le souci des boulangers est celui de la diminution de la marge bénéficiaire. Ils revendiquent en particulier de libérer les prix qui sont à 10 DA actuellement la baguette.  

Il faut savoir aussi, que plusieurs paramètres font que les boulangers sont perdants financièrement parlant. Il y a les prix des transports qui ont augmenté avec la hausse des prix du carburant, sans oublier le prix de l’électricité et du gaz.

Pour eux, subventionner la farine seulement ne suffit plus à gérer les dépenses. Il est du devoir des tutelles d’assurer une marge bénéficiaire légale au profit des boulangers afin de leur permettre d’exercer leur activité professionnelle loin des mesures coercitives et autres immixtions injustifiées. Le prix de revient d’une baguette de pain leur revient à 12 DA et le pain amélioré à 14 DA soit une perte sèche de 5 DA supporté par le seul boulanger.

Ce sont surtout les coupures et les pannes d’électricité qui sont un véritable cauchemar pour les milliers de boulangers. Les boulangers sont souvent obligés de jeter le pain qui est dans le four ou le pétrin et même parfois la pâte en fermentation.  Un état de fait qui a obligé nombre d’entre eux à fermer boutique. Durant les 5 dernières années, ils sont entre 4000 et 5000 boulangers à avoir arrêté leur activité.

Cela fait trois ans ou plus que  nous n’avons eu de cesse d’interpeller l’Etat à revoir la politique de subventions. Car pour nous, les subventions de l’Etat profitent plus aux riches qu’aux nécessiteux.

Aussi, le gaspillage du pain est un phénomène qui se propage et qui devient inquiétant sachant que 5 millions de baguettes sont gaspillés quotidiennement.

Et concernant la grève est-ce que l’ANCA approuve le mouvement ?

Concernant la grève, rien n’a été décidé pour le moment, tant que les portes du dialogue sont ouvertes. Il faut proposer au Gouvernement de trouver une solution et revoir la politique des subventions.

Vous avez dit que les portes du dialogue sont toujours ouvertes. Avez-vous contacté le ministère du Commerce sur le sujet ?

Justement, il y a eu une rencontre récente avec un représentant du ministère du Commerce où nous avons abordé plusieurs sujets. Il faut savoir que la question des prix ne dépend pas du ministère du Commerce. Elle dépend de la politique globale du Gouvernement.

Ensuite, on a parlé de la constitution d’une commission représentants plusieurs activités commerciales uniquement pour faire des propositions pour la prochaine loi de finances 2018. Nous avons évoqué en outre la question de la compréhension des lois. Sachant que 60% des commerçants ignorent les lois du secteur.

Donc nous avons décidé d’organiser des rencontres et des journées d’études en coordination avec les directions du Commerce pour sensibiliser les commerçants sur le sujet. Il a été question dans nos discussions de réhabiliter les marchés de proximité et de détails et de raviver les marchés hebdomadaires. Nous avons également parlé du renforcement de la collaboration entre les chambres de Commerce et d’Industrie du pays. 

Sur un autre sujet, où en est l’étude de l’ANCA qui devait être remise au Premier Ministre ?

Cela fait quelques jours que j’ai rencontré le conseiller du premier ministre. Nous avons exposé les grandes lignes de nos préoccupations. Il y aura également des rencontres élargies avec les services du premier ministre durant ce mois-ci.

Je rappelle seulement que cette étude concerne différentes propositions de l’ANCA  pour le développement du secteur commercial en Algérie. L’étude est composée de quatre volets. Il s’agit en premier lieu de faire des propositions sur les méthodes et moyens à utiliser pour éradiquer l’informel et le marché parallèle.  

Le deuxième point concerne justement la question de la marge bénéficiaire. La proposition dans ce sens vise à déterminer les marges bénéficiaires pour toute la chaine de distribution. Une solution qui pourrait réduire la spéculation si nous pouvons, avec le gouvernement et les opérateurs économiques  se mettre d’accord sur les marges bénéficiaires, il y aura une stabilité des prix.

Aussi, il y a le sujet de la fiscalité de l’activité commerciale. Des propositions seront soumises dans ce sens et ce ; selon la rentabilité et le chiffre d’affaires de chaque commerçant. L’étude portera également sur les points négatifs et positifs relevés par les commerçants dans la loi de finances 2017, et des propositions pour la loi de finances 2018.

Donc ce sont pour nous, et pour tous les commerçants des points à discuter pour trouver des solutions afin qu’ils puissent préserver leurs activités et exercer leur métier dans la réglementation.

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